Elections ubuesques en Roumanie

Ludovic Orban, 1er ministre : les résultats décevants de son parti PNL l’ont contraint à la démission

Roumanie/UE – La plupart des observateurs qui pariaient sur une  défaite historique du parti social-démocrate roumain (PSD) sont priés de revoir leur copie car cette formation est arrivée en tête aux élections législatives qui ont eu lieu le week-end dernier. Est-ce la peur de se contaminer en allant voter ? On peut aisément le supposer, compte tenu du taux de participation extrêmement faible qui a été enregistré ; lequel n’atteint même pas le tiers du nombre d’inscrits. Sur le 18 millions de personnes appelées à s’exprimer, seules 5,7 millions ont accompli leur devoir civique, soit un taux d’abstention de 68,16%, du jamais vu depuis 1990, année au cours de laquelle les Roumains ont été autorisés à s’exprimer librement après avoir vécu plus de vingt-deux années de dictatures. On comprend mal, comment il peut être question de démocratie lorsqu’on accepte qu’un scrutin faussé par la crise sanitaire donne vainqueur un parti dont tout le monde sait que la plupart de ses leaders comptent parmi les plus corrompus du pays. En s’arrogeant 29,83% des voix, le PSD ne représente même pas 10% du corps électoral, ce qui devrait normalement suffire pour annuler une élection organisée dans des conditions extrêmement difficiles. La diaspora roumaine dont on sait qu’elle joue un rôle de premier plan dans la vie économique et sociale du pays grâce au rapatriement des devises qu’elle génère, a été comme à l’accoutumée humiliée, car plus 14.000 bulletins ont disparu dans la nature et 1.000 sont arrivés trop tard et n’ont pu être validés. Ce genre de péripéties est courant dans la République des Carpates, il est une entrave flagrante à l’Etat de droit, mais singulièrement personne à Bruxelles ne semble s’en offusque. La Pologne et la Hongrie se permettraient-elles de tels agissements que les 25 dirigeants de l’Union Européenne les jetteraient aussitôt aux gémonies avant de les menacer de sanctions. Avec 24,66% des suffrages exprimés, soit 1,4 million de voix et 7,7% des inscrits, le parti libéral PNL actuellement au pouvoir a subi un camouflet auquel il ne s’attendait pas et qui a incité le 1er ministre Ludovic Orban à remettre immédiatement sa démission au Président de la République, Klaus Iohannis, la bête noire du PSD dont la candidate Viorica Dancila a été laminée au second tour des élections présidentielles de novembre 2019.

Nicolae-Ionel Ciuca : un Général à la tête d’un gouvernement forcément par intérim

Un Général en intérim

Quatorze candidats étaient en lice à ce scrutin national dont  Iohannis n’est sorti vainqueur avec plus 66% des suffrages que grâce à des compromis et des alliances fragiles qui rendent la République difficilement gérable. La crise sanitaire a naturellement contribué à exacerber des difficultés auxquelles le pays est confronté depuis le début de sa libération dans les années 1990. Depuis cette époque,  les Roumains manifestent leur mécontentement en boudant les urnes car ils se rendent compte que les changements de tête au sommet de l’Etat ne parviennent jamais à transformer le pays en profondeur et à lutter efficacement contre ce fléau majeur qu’est la corruption. Ce fatalisme explique les importants taux d’abstention constatés à l’occasion de toutes les consultations, qu’elles soient locales, régionales ou nationales. On constate que les seules élections échappant à cette règle sont les élections européennes qui ont mobilisé en 2019,  51,20% des inscrits, une performance  légèrement plus élevée que la moyenne européenne (50,66%) et que celles de tous ses voisins d’Europe Centrale dont la Pologne (45,68%), la Hongrie (43,38%), la Bulgarie (32,64%), la République Tchèque (28,72%) et la Slovaquie (22,74%). Dans l’expectative, la Roumanie l’est plus que jamais et ce n’est pas un hasard si la gouvernance par intérim a été confiée symboliquement à un Général,  jusque là ministre de la Défense dont la double et dfifficile mission, vraisemblablement temporaire,  va consister à remettre de l’ordre dans la boutique tout en gérant la crise sanitaire. (Source : adz / Synthèse en français : pg5i/vjp)

 

 

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