Conflit russo-ukrainien : l’ambiguïté du président biélorusse

Biélorussie/Russie/Europe Orientale – Lors du sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), auquel ont participé les dirigeants ou leurs représentantes des six pays fondateurs, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan, le président biélorusse, Alexander Loukachenko, qui assurera en 2023, la présidence de cet organisme, s’est exprimé sur le conflit opposant la Russie à l’Ukraine et les points de vue diffusés par les médias laissant entendre que si la Russie perd la guerre, ç’en sera fini de l’avenir de l’OTSC. « Dans nos pays aussi de nombreuses têtes brûlées ont commencé à parler de ce problème et je sens que nous sommes arrivés à l’opinion commune que si, Dieu nous en préserve, la Russie s’effondre , notre place sera sous les décombres. » Ces propos ont été tenus au moment même où l’agence de presse biélorusse Belta diffusait des images représentant un Vladimir Poutine qui cache ses yeux et baisse la tête. Ce document visuel, montrant en gros plan un chef d’Etat malchanceux a duré douze longues secondes.

Vassilij Nebensja (ci-dessus), représentant de la Russie aux Nations Unies et Apty Alaudinov, commandant des forces tchétchènes (à droite), sont persuadés qu’ils auront à la longue raison des troupes ukrainiennes. Pour ces deux hommes, ce n’est qu’une question de temps !

La pari sur une guerre d’usure

Mais rusé comme un vieux renard qui est au pouvoir depuis 1994, soit cinq années de plus que le chef du Kremlin, Loukachenko a rectifié le tir en poursuivant que « personne ne s’effondre nulle part lorsqu’on reste unis» , une façon habile pour faire signifier aux membres de l’OTSC qu’ils sont priés de gré ou de force de se plier aux volontés moscovites. La télévision russe a, pour sa part, répliqué en diffusant des images choc montrant les principales ville ukrainiennes dont la capitale Kiev, mais aussi Kharkiv, Dnipro, Lviv et Donetsk, paralysées par les coupures d’eau et d’électricité et censées prouver l’efficacité de «l’opération spéciale» menée par la Russie. Elles ont été commentées par Igor Korotchenko, un soi-disant expert militaire qui n’a pas hésité à déclarer qu’à l’heure actuelle le peuple ukrainien n’avait que deux options , soit il fait céder ses dirigeants en manifestant , soit il fuit vers l’Union Européenne via la Pologne. Le représentant de la Russie aux Nations Unies, Vassilij Nebensja, a tenu en parallèle des propos identiques en considérant comme « aberrants » les appels de Kiev à remporter une victoire militaire sur la Russie. Tant que Kiev n’adoptera pas une « position réaliste » et ne négociera pas, « l’armée ukrainienne sera brisée par des moyens militaires». Nebensja a par ailleurs tenu pour responsables les forces ukrainiennes des dommages causés sur les habitations et les populations civiles, convaincu qu’il est qu’elles n’ont pas la défense antiaérienne adéquate pour riposter. Tous ces propos et points de vue sont destinés à légitimer l’annexion de l’Ukraine auprès de la population russe. Les chaînes de télévision à la solde du gouvernement en place sont complices de cette propagande. Parmi les talk-shows politiques à plus forte audience, se trouve le magazine « 60 minutes » qui a jugé utile après les déclarations de Loukachenko d’inviter sur son plateau le commandant des forces spéciales tchétchènes, Apty Alaudinov qui s’est réjoui devant les caméras des attaques contre l’approvisionnement énergétique qui « démoralise la population ukrainienne et coupe ses soldats de toutes les ressources de la société. » Il est désormais évident que les autorités russes ont fait le pari d’une guerre d’usure dont personne ne sait ou ne veut savoir combien de temps elle va durer. ei & tk

 

error: Content is protected !!