Collage et badigeonnage ou les deux mamelles de l’Allemagne

L’horloge Urania avant d’avoir été vandalisée par les activistes du climat.

Allemagne – Malgré les procédures qui ont été engagées à leur encontre, les activistes allemands du climat, continuent leur combat et sont bien décidés à ne pas baisser les bras. Le 28 octobre dernier, plusieurs centaines d’entre eux avaient pris l’initiative de se coller sur la rue du 17 juin, une artère stratégique traversant le plus grand parc de la capitale, le célèbre Tiergarten, emprunté chaque jour par des milliers d’automobilistes. Une opération de même type sur le même lieu est programmée ce samedi 25 novembre. 

Bloquer la rue du 17 juin, revient à paralyser une grande partie de la ville, ce qui n’est naturellement pas sans conséquence sur le quotidien des Berlinois, lesquels sont de plus en plus partagés quant à l’efficacité de telles actions. Un nombre croissant de ces mêmes Berlinois s’inquiète des coûts qu’engendrent ces actes de rébellion. Parallèlement au collage sur des voies à fort trafic, les membres du mouvement Dernière Génération multiplient en effet les actes de vandalisme, en aspergeant d’un produit de couleur orangée des monuments emblématiques, comme ce fut le cas récemment avec les colonnes de la Porte de Brandebourg, l’édifice le plus emblématique de la ville. Pour que ce dernier, entièrement restauré au lendemain de la Chute du Mur, retrouve son état d’origine, plus de 100.000 euros ont déjà été investis. Les deux nouvelles mamelles de l’Allemagne que sont devenus le collage et le badigeonnage génèrent des dépenses non programmées qui peuvent atteindre des sommets lorsque les activistes s’en prennent à toutes les institutions, telles les universités, les ministères, les sièges de grandes entreprises voire la Chancellerie ou pire encore l’horloge universelle située sur l’Alexanderplatz (*).

Tout le monde dans le même panier

Lorsqu’un mouvement contestataire en arrive à une telle extrémité, il est alors difficile d’en apprécier la réelle finalité. En revanche, on est en droit de s’interroger à savoir si le mouvement Dernière génération est né pour protéger le climat ou pour détruire la société. Les centaines de milliers d’euros que l’Allemagne est obligée de gaspiller et qui risquent de franchir allègrement la barre des millions, ne seraient-elles pas plus utiles à d’autres causes à l’instar de l’aide aux personnes les plus vulnérables dont le nombre et pour cause ne cesse d’augmenter, aux étudiants mal logés, aux jeunes sans formation, aux chômeurs en fin de droit, aux familles monoparentales, etc, etc. ? Ceux qui s’imaginent que des mouvements comme Friday for Future ou Dernière génération ne sont que des phénomènes de mode destinés à disparaître aussi vite qu’ils sont apparus, se trompent. Ils se trompent car la stratégie qu’adoptent leurs leaders ressemble étrangement à celle des mouvements les plus radicaux qui ont jalonné l’histoire 20ième siècle. Cette stratégie qui consiste à poser des jalons un peu partout pour brouiller les pistes et induire les gens en erreur. A force de mettre tout le monde dans le même panier, plus aucune distinction n’est faite entre ceux qui agissent efficacement contre le réchauffement climatique en construisant des parcs photovoltaïques ou éoliens ou en développant des recherches pour réduire les émissions de Co2 et ceux qui refusent de voir la réalité en face.

Un activiste perché en plein jour sur la même horloge en train de la badigeonner sous le regard impuissant d’un policier !

Des scientifiques donneurs de leçon

Les initiatives prises par les activistes du climat, davantage médiatiques qu’efficaces, sont d’autant plus incompréhensibles qu’elles ont déjà porté leurs fruits. Toutes les enquêtes d’opinion réalisées cette année prouvent en effet qu’une très forte majorité de la population allemande est consciente des conséquences néfastes que peut avoir une terre qui se réchauffe trop vite, ce qui signifie que le message est passé. Le moment n’est donc plus de se coller sur les autoroutes mais d’agir ensemble pour limiter les dégâts. Dernière Génération s’honore d’avoir rallié à sa cause les mouvements Parents contre l’énergie fossile et Scientist Rebellion. Le second déclare sur la plateforme X « nous devons sortir de nos bureaux confortables et de nos laboratoires pour exhorter dans la rue le gouvernement à nos revendications » mais à aucun de ses membres il ne vient à l’idée de sortir de son bureau pour aider son voisin à construire une éolienne ou réparer une pompe à chaleur. Quant aux parents qui aspirent à demeurer d’jeuns, il serait intéressant de savoir s’il se rendent à leur travail à bicyclette ou en empruntant les transports communs ou s’ils préfèrent jouir du confort, climatisé et sans odeur, de leur véhicule particulier. Peut-être qu’en 2030, les Allemands pourront-ils se passer de charbon, de gaz et de pétrole, comme le prétendent leurs scientifiques mais à preuve du contraire, ils n’ont jamais pu devenir le centre du monde (leur passé l’a prouvé !) et il serait peut-être temps qu’ils prennent conscience qu’en une décennie, on ne peut révolutionner la planète. vjp

(*) Après la Porte de Brandebourg, l’horloge universelle Urania, située sur l’Alexanderplatz, est considérée comme une des principales attractions touristiques de Berlin. Construite en 1969, soit vingt ans après la création de la RDA, et en même temps que la célèbre tour de télévision, cette horloge détermine l’heure dans 148 villes. Après la Chute du Mur, elle est devenue un lieu de rencontre et un symbole de la réconciliation entre les deux Allemagne. La vandalisme dont elle a été victime a scandalisé la majorité des Berlinois

 

 

 

 

 

 

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