Berlin plus pauvre que sexy !

Allemagne – Elle aimerait se voir assimilée à la capitale la plus attractive d’Europe mais cette image ne sera crédible que si elle parvient à mettre un terme à la crise du logement dont est victime un nombre croissant de ses habitants. Berlin n’est plus seulement « sexy », elle est aussi la ville, en Allemagne, où le nombre de personnes sans domicile fixe ne cesse d’augmenter. Et chaque année, dès l’arrivée des grands froids, c’est la même ritournelle avec des centaines de SDF partant à la recherche d’un toit et d’un minimum de chaleur.

Les SDF, interdits de séjour la nuit dans le métro berlinois.
Des animaux pour rompre la solitude mais aussi pour de pas mourir de froid !

La capitale allemande ne manque pas de lieux d’hébergement provisoire, loin s’en faut, mais le problème provient du fait qu’ils sont tous de plus en plus surchargés et dans l’incapacité d’accueillir toutes celles et ceux qui viennent frapper à leurs portes. Un des plus grands d’entre eux est situé dans la Lehrter Strasse et il ne dispose que de 125 lits pour 170 nécessiteux. La seule échappatoire pour ces personnes dans le besoin consiste à se rendre dans un restaurant populaire où ils resteront après avoir avalé leur potage. Ils y demeureront assis ou allongés sur le sol en attendant que le jour se lève, le moment où ils seront priés de quitter le lieu pour qu’il soit nettoyé. Selon Ursula Schoen, membre d’une association d’aide aux sans-abri, le nombre minimum de places manquantes s’élève à quatre cents mais ce nombre risque d’augmenter fortement en janvier et février prochains si les grands froids persistent sur cette période. Depuis début novembre des bus appartenant à la ville ou à la Croix Rouge sillonnent les rues pour venir en aide à tous ceux qui n’ont plus ni le courage, ni la force de se rendre dans les foyers. A ces deux catégories s’ajoutent ceux qui ont honte de leur situation et qui préfèrent se cacher plutôt que de chercher de l’aide. Les autorités berlinoises ont lancé un appel aux habitants afin qu’ils signalent la présence des SDF et sur les seules trois premières semaines de novembre plus de six cent appels ont été enregistrés par le central téléphonique. Depuis le 21 novembre dernier, on dénombre chaque nuit une centaine d’appels. Les plus grandes victimes de ce phénomène de paupérisation de la société sont les personnes à mobilité réduite qui, dans la plupart des cas, doivent se contenter d’une tasse de thé chaud et d’un sac de couchage car les foyers d’accueil ne disposent pas des équipements adaptés.  Le plus grand défi pour les personnes qui s’apitoient sur le sort des sans-abri est le mutisme de ces derniers, qui , par honte ou désespoir, préfèrent se taire plutôt que de se confier. Pour éviter les risques de décès et le dégradation de la santé des SDF, le conseiller municipal en charge des affaires sociales du quartier de Friedrichshain-Kreuzberg, Oliver Nöll a demandé à la société de gestion des transports publics (BVG), de laisser ouvertes certains stations de métro mais cette requête, à priori logique, a reçu une fin de non-recevoir. Selon la BVG, la présence de lignes électriques à haute tension empêcherait de garantir la sécurité. Par ailleurs, les stations de métro ne sont pas dotées des équipements sanitaires indispensables dans ce genre de situation et de « clientèle ». Les plus chanceux, si tant est qu’on puisse utiliser ce vocable, sont ceux qui, après avoir mangé dans une cantine populaire, sont autorisés à y rester. Ils dorment alors sur le sol, sous une couverture ou dans un sac de couchage, deux équipements de fortune qui font souvent défaut et dont l’acquisition dépend de dons provenant d’associations caritatives. Aucun pays ne peut lutter efficacement contre le « sans-abrisme » car la rue appartient à tous et parce que la puissance publique ferme les yeux sur la mendicité. Il est difficile de faire la distinction entre le SDF par conviction qui rejette toute forme de contrainte administrative, et le SDF par dépit qui s’est trompé de voie ou a vécu une enfance difficile. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’absence d’hébergements provisoires est inadmissible, surtout dans une ville comme Berlin où des centaines de lieux sont encore vacants. kb


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