Allemagne – Quelques minutes après le fin du dépouillement, Franziska Giffey, la maire sociale-démocrate (SPD) de Berlin faisait pâle figure. Non seulement son parti se trouvait face à une défaite historique mais elle a été personnellement humiliée dans sa propre circonscription de Rudow rattachée à l’arrondissement de Neukölln où elle n’a obtenu que 29,6% des suffrages contre 45,3% à son rival, Olaf Schenk, porte-drapeau de l’Union Démocrate-Chrétienne (CDU), un homme de terrain en contact permanent avec les électeurs du fait notamment de sa profession de garagiste et de membre actif de l’association des utilisateurs de terrains.
Cette double-casquette a largement contribué à une victoire sans appel qui décrédibilise la maire sortante, dont l’avenir politique ne tient qu’à un fil, celui tendu par les deux ou trois formations qui vont être amenées à gérer la capitale allemande (Cf.notre article du 13 février). Pour Olaf Schenk, le score qu’il obtenu n’a pas été une surprise mais il ne s’attendait toutefois pas à ce qu’il soit aussi éclatant. Près de 16 points d’avance, ce n’est plus une victoire mais une véritable performance. Il reste humble et explique son succès par une réelle volonté de changement qui est perceptible dans tous les quartiers de l’agglomération berlinoise. Il faut préciser par ailleurs que le campagne électorale s’est déroulée de manière extrêmement rapide et ce, à un moment où la première édile avait de nombreux dossiers à gérer dont l’afflux de réfugiés ukrainiens et la hausse vertigineuse des loyers n’étaient pas les moindres. Ne s’imaginant pas que son parti allait subir un tel camouflet, elle a préféré vaquer à ses occupations plutôt que de partir à la chasse aux voix. Pendant les trois mois qui ont précédé le scrutin, Olaf Schenk déclare ne pas avoir rencontré une seule fois sa rivale dans les rues de Rudow et selon les informations qu’il a obtenues, Franziska Giffey ne se serait rendue qu’une seule fois sur le stand du SPD, ce qui semble avoir été interprété par les électeurs comme du mépris. Le quartier du Rudow est confronté depuis toujours à un problème récurrent, celui du niveau très élevé de la nappe phréatique qui entrave la réalisation de projets d’urbanisme. Franziska Giffey avait promis de le résoudre, ce qu’elle n’a pas fait, ce qui a contribué à exacerber la colère des habitants. Ces derniers, en votant massivement pour Schenk, ont plébiscité une homme qui est né à Rudow en 1974, qui n’en est jamais parti depuis, qui considère ce quartier sur sa page Facebook comme « le plus beau village du monde » et qui, grâce à sa profession, a été le mieux placé pour recueillir et analyser les doléances de ses électeurs potentiels. kb.