Autriche : une élection présidentielle apparemment sans surprise

Alexander van der Bellen, président sortante et candidat à sa réélection : il est apprécié pour son sens du dialogue et son impartialité.

Autriche – Les Autrichiens sont appelés ce week-end aux urnes pour élire leur prochain président de la République, une fonction dont on croit à tort qu’elle n’est qu’honorifique alors qu’en réalité elle ne l’est pas véritablement. Il est dangereux de comparer le président de l’Autriche à celui de l’Allemagne, premièrement parce qu’il est élu au suffrage universel direct, deuxièmement parce qu’il est tout à fait libre de nommer la Chancelière ou le Chancelier. Rien ne l’empêche, par exemple, de nommer un personne éligible au Conseil National pour former un gouvernement. De ce point de vue, le président sortant Alexander Van der Bellen, candidat à sa réélection, ne manque pas d’expériences, car il a été amené en l’espace de cinq ans, à collaborer avec six Chanceliers, dont un par interim, et une Chancelière (une première dans l’histoire de la République) qui a occupé cette fonction pendant sept mois en 2019, tout en restant présidente de la Cour Constitutionnelle. Parmi les chefs de gouvernement qui lui ont donné le plus de fil à retordre, il faut naturellement citer le jeune Chancelier Sebastian Kurz, à deux reprises à la tête d’un gouvernement, entre 2017 et 2019 avec le parti d’extrême-droite FP et en 2020-2021 avec les Verts. Ne supportant plus les accusations de détournement de fonds publics portées à son encontre, Sebastian Kurz s’est retiré, l’an dernier de la vie politique. Bien qu’ayant été loués pour leur gestion de la crise sanitaire qui a conduit à une nombre de décès nettement inférieur à la moyenne européenne, aucun des gouvernements qui se sont succédé au cours des six dernières années, durée de la mandature présidentielle, n’est parvenu à faire l’unanimité. C’est la raison pour laquelle l’élection présidentielle est importante car elle est la seule à mesurer la température réelle du pays. Le président sortant ne manque pas d’atouts car il a toujours su prouver sa capacité à arrondir les angles et surtout à tenir compte de la majorité au Parlement et ce, quelles que soient les couleurs qui y étaient représentées.

Dominik Wlany : il mène une campagne comme les Autrichiens n’en avaient jamais vue, avec des slogans-choc synthétisant les maux dont souffre la société autrichienne.

Un « petit » nouveau semeur de trouble

Contrairement à ce que prétendent certains Allemands malveillants en faisant référence à leur propre Président de la République, le président autrichien n’est pas « un nouvel empereur sans pouvoir », un sage de 76 ans qui représente son pays à l’étranger tout en garantissant la cohésion de la société. Les Autrichiens sont toujours attachés à leur présient et c’est la raison pour laquelle, ils se font un devoir de le choisir. Depuis 1998, le taux de participation à ce scrutin est élevé, frisant systématiquement les 75%. En 2016, Alexander van der Bellen avait mené campagne contre le nationaliste Norbert Hofer, battu au second tour avec 46,2%. Cette année, il se retrouve face à six candidats, un fabricant de chaussures, un avocat, un opposant aux vaccinations, un chroniqueur de tabloïd, un candidat d’extrême-droite mais aussi d’un candidat atypique, Dominik Wlazny, qui est devenu la coqueluche des médias. Agé de 36 ans, il s’est lancé dans la politique sous l’étiquette du Parti de la Bière (!) mais il ne faut y voir là que le côté anecdotique. De profession médecin, il est aussi auteur, musicien et entrepreneur. Ce touche-à-tout a mené une campagne originale, sortant des sentiers battus. Les jeunes électeurs, sensibles à ses discours, se mobiliseraient-ils massivement en sa faveur, Alexander van der Bellen, pourrait alors bien se retrouver face à lui au second tour. gs / pg5i

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