Allemagne : le parti de gauche Die Linke dans la tourmente

Sarah Wagenknecht : une nostalgique de l’ex-RDA qui ne cache pas ses sentiments pro-russes

Allemagne – A l’instar de la France Insoumise en France, le parti allemand situé à gauche de la gauche, Die Linke, se trouve confronté à une grave crise qui se concrétise par la démission de quelques uns de ses membres les plus emblématiques. Mais qu’on ne s’y méprenne, il ne s’agit pas de ce côté-ci du Rhin d’histoires de harcèlement ou de violence, plus ou moins scabreuses, faites aux femmes mais au contraire d’un discours, tenu justement pas une femme, à la tribune du parlement. Celle qui suscite colère et indignation au sein même de sa propre formation s’appelle Sarah Wagenknecht. Agée de 53 ans, elle avait vingt ans lorsque le Mur de Berlin s’est effondré mais à cet événement elle n’a pas applaudi, elle s’en est plutôt désolée. S’il fallait chercher une figure de proue aux nostalgiques de l’ancien régime soviétique, pour la trouver, il suffirait d’aller frapper à la porte de cette diplômée en sciences économiques et marxistes. Depuis que les médias s’intéressent à elle surtout depuis 2009, année au cours de laquelle elle est parvenue à se faire élire députée au parlement régional de Rhénanie du Nord – Westphalie, le land le plus riche et le plus capitaliste de la République Fédérale, Sarah Wagenknecht ne manque jamais une occasion pour faire parler d’elle, intervenir sur des sujets brûlants et se distinguer pour semer le trouble. Lorsque Angela Merkel a fait le pari d’accueillir plus 1,5 million de migrants, Sarah Wagenknecht s’est opposée plus tard à cette politique de bienvenue, craignant, selon elle, une concurrence et des tensions sur le marché du travail au détriment des salariés allemands. Lors de la pandémie, elle n’a pas hésité à dénigrer la campagne de vaccination et clamer, haut et fort que, personnellement, il ne s’y soumettrait pas, ce qui n’a pas manqué de perturber l’opinion. Sarah Wagenknecht appartient à cette catégorie de femmes et d’hommes politiques qui profitent des réseaux sociaux pour prendre leur revanche sur ceux qui leur font de l’ombre. Dans le cas qui nous intéresse, la cible préféré de Sarah est Robert, en l’occurrence Robert Hadeck, le ministre de l’Economie, auquel elle reproche publiquement de profiter du conflit en Ukraine, pour retourner sa veste. Faisant allusion à la décision du ministre de maintenir en activité les centrales nucléaires et la réouverture de centrales au charbon, Sarah Wagenknecht a profité de l’aubaine pour rappeler aux écologistes la promesse leur ayant permis d’accéder au pouvoir, c’est-à-dire l’arrêt total de l’atome et du charbon. « Hier, la lutte contre le réchauffement climatique était importante pour les Verts mais aujourd’hui c’est une guerre stupide contre la Russie qui leur est prioritaire » a-t-elle tweeté cet été à plusieurs reprises. Lors d’une récente session au Bundestag, elle a été la seule parlementaire à s’élever avec véhémence contre les sanctions se mettant ainsi à dos un nombre croissant de membres de son parti, une formation déjà depuis plusieurs années en perte de vitesse et qui voit ses adhérents passer du populisme de gauche au populisme de droite. pg5i/vjp

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