Allemagne/Russie – Plus de 10.000 membres et sympathisants du mouvement d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) ont manifesté hier à Berlin sur la place de la République, située à proximité du Bundestag. Un autre rassemblement censé contrecarrer les thèses de l’Afd s’est déroulé simultanément dans les rues de la capitale mais n’a mobilisé, selon les indications de la police, que 1.400 participants. Les deux dirigeants de l’Afd Tino Chrupalla et Alice Weidel, respectivement président du mouvement et présidente du groupe parlementaire au Bundestag, n’ont pas manqué de se réjouir du succès de cette initiative, dont les slogans prouvent qu’elle visait directement la coalition au pouvoir. «Non à l’armement et à la guerre», «Non à la tutelle de l’Etat», «Non à cette politique idiote» et «Qui veut la paix, ne fournit pas d’armes !».
« Nous sommes le peuple »
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’extrême-droite allemande ne cache pas ses sympathies à l’égard de Vladimir Poutine et s’oppose aux sanctions qu’elle estime contre-productives. A ce jour, elle va plus loin en tentant d’exploiter la crise énergétique dans laquelle le gouvernement patauge, pour mobiliser encore davantage de mécontents. Ses thèses douteuses, inspirées souvent d’une époque que les Allemands veulent oublier, et ses discours tranchants voire provocateurs, ne lui ont pas permis jusque là d’influer sur la politique fédérale mais il n’en demeure pas moins qu’en jouant un rôle de plus en plus crucial dans la plupart des territoires de l’ex-RDA, les plus touchés par la crise, mais aussi dans certains länder occidentaux, où, à l’instar du Bade-Wurtemberg et la Rhénanie du Nord-Westphalie, où elle a franchi allègrement la barre des 10% aux dernières élections régionales, ses thèses racistes, nationalistes et protectionnistes pourraient très vite devenir légion, si le gouvernement de coalition n’atteint pas ses objectifs. Le fait que l’équipe au pouvoir est constituée de trois couleurs différentes permet au parti AfD d’attaquer sur autant de fronts, de multiplier ses arguments et de s’afficher comme le seul représentant du peuple, ce qu’il ne manque pas de rappeler en hissant à sa manière le drapeau national. kb