Allemagne : L’unité et la mobilisation syndicales portent leurs fruits

Allemagne – A l’automne dernier, lorsque l’Allemagne a été, à l’instar de tous ses voisins, frappée par l’inflation, les organisations syndicales de la fonction publique sont immédiatement montées au créneau pour que les pertes de revenus de leurs adhérents soient compensées par des augmentations de salaires.

Et pour la première fois depuis plusieurs décennies, elles sont parties, unifiées, ce qui a permis aux 2,5 millions de fonctionnaires de se voir impliqués dans un combat ponctué de grèves totales ou partielles. Des avions qui ne décollent pas, des trains, des trams, des bus et des métros qui ne circulent plus, du courrier qui n’est plus distribué, des poubelles qui s’amoncellent sur les trottoirs : les Allemands ont dû subir à plusieurs reprises ce que les Français ont l’habitude de vivre. Mais la différence entre ces deux peuples provient du fait que le premier peut compter sur des structures syndicales riches, puissantes et respectées, alors que le second doit composer avec des leaders syndicaux qui ont perdu une partie de leur crédibilité. Pour accélérer les négociations et aboutir au plus vite à un compromis, le syndicat Verdi, très influent dans les services, et le Syndicat des Chemins de Fer et des Transports Aériens avaient pris l’initiative, fin mars , d’enclencher une grève de grande ampleur qui a paralysé le pays et contraint la coalition au pouvoir de lâcher du leste. Ce n’est ni le ministre de l’Economie, l’écologiste Robert Hadeck, ni celui des Finances, le libéral Christian Lindner, mais la ministre sociale-démocrate de l’Intérieur, Nancy Faeser, qui a été chargée d’engager les pourparlers. A l’issue d’une longue nuit de négociation qui s’est déroulée à Potsdam, l’avenir des quelque 134.000 employés de l’Etat Fédéral et de plus de 2,4 millions d’employés communaux a été scellé dans des conditions que les salariés du secteur privé vont envier et les contribuables inquiéter.

Ce montant qui paraît colossal,  mérite toutefois d’être relativisé car, ramené à la population totale du pays (83,2 millions d’habitants), il correspond à un surplus de charges de 0,55 euro par jour et par habitant, et c’est le prix à payer pour jouir de services publics de qualité.

 

Karin Welge : il a su faire preuve de tact et de persuasion pour que soit réformé le monde du travail.

Un compromis « coûteux » mais justifié

Karin Welge, présidente de l’Association des employés communaux, a reconnu que les négociations avaient débouché sur « un compromis coûteux mais au final défendable ». « Onéreux », c’est le moins qu’on puisse dire, étant que chaque fonctionnaire va percevoir 3.000 euros exonérés d’impôts et de charges sociales au titre de « prime de compensation à l’inflation ». Mais la générosité de l’Etat et des collectivités territoriales ne s’arrête pas là, car il est prévu d’augmenter par étapes successives les rémunérations de 17% au cours des 24 prochains mois, ce qui permettra aux personnes concernées de percevoir, en moyenne, 340 euros de plus qu’à l’heure actuelle. Comme l’a reconnu Karin Welge, il s’agit là de « l’accord tarifaire le plus cher de tous les temps » mais il a un double avantage, car il va contribuer à sécuriser la planification tout en renforçant l’attractivité du service public communal et ce, à un moment où les collectivités territoriales peinent à recruter du personnel. Globalement, ce plan qu’on peut qualifier de plan de relance sociale et salariale, s’élèvera à dix-sept milliards d’euros dont 3,45 milliards seront à la charge de l’Etat et plus de 13 milliards des collectivités locales. Ce montant qui paraît colossal mérite toutefois d’être relativisé, car, ramené à la population totale du pays (83,2 millions d’habitants), il correspond à un surplus de charges de 0,55 euro par jour et par habitant, et c’est le prix à payer pour jouir de services publics de qualité. Les signataires de la nouvelle convention collective y ont intégré les étudiants, les apprentis et les stagiaires qui tous, sans exception, percevront la moitié de la « prime inflation » et il est prévu que la rémunération des apprentis soit augmentée de 150 euros. Il faut préciser que l’inflation et la perte de revenus n’ont pas été les seules motivations des mouvements de protestation des salariés, lesquels dénonçaient également le manque flagrant de personnels dans de nombreux secteurs de la fonction publique dont celui de la santé. Tout le monde espère que les accords signés à Potsdam seront suivis d’effets et qu’ils attireront davantage de candidats dans le public. A titre d’exemple un juriste travaillant dans une commune, profession s’inscrivant au sommet de la hiérarchie (échelon 6) percevra désormais une augmentation de 572 euros ce qui correspond à une hausse de salaire de 8,7% et 12,5% si on inclut la compensation inflation. Un infirmière d’échelon 6 employée dans un établissement public percevra 426 euros de plus, soit en incluant la prime inflation une progression de 18%. Pour les signataires de la nouvelle convention il était important que les groupes de rémunération les plus élevés profitent du résultat tarifaire car c’est « le seul moyen d’attirer les spécialistes et les cadres dont nous avons besoin » a estimé Karin Welge.kb (Nombre de mots: 810)

 

 

 

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