Les activistes verts du climat s’enfoncent dans le rouge

Franziska Giffey, maire de Berlin : elle ne peut pas gérer sa ville sans le soutien des écologistes et doit composer avec les plus extrémistes d’entre eux.

Allemagne – Il  ne se passe de semaines voire de jours sans que des membres du mouvement « Letzte Generation » (Derrière génération) ne fassent la une des journaux à cause de leurs actions aussi symboliques que spectaculaires. Après avoir bloqué routes et autoroutes, les activistes du climat se sont infiltrés dans les musées les plus fréquentés pour y badigeonner avec de la purée ou de la sauce tomate les œuvres les plus emblématiques qui y sont exposées. Pour donner force à leur discours, deux militantes se sont collées dimanche dernier dans le musée des sciences naturelles de Berlin à des squelettes de dinosaures. Les deux femmes de 34 et 42 ans ont ainsi tenté de prouver que si rien n’est entrepris pour protéger de manière drastique l’environnement nous connaîtrons le même sort que les reptiles ayant peuplé la planète il y deux cents millions d’années. L’action s’est déroulée à 14 heures c’est-à-dire à une moment de très forte affluence. La police est désormais habituée à ce genre d’événements. Elle est alertée, se rend sur place, procède à quelques contrôles d’identités, dresse généralement quelques procès-verbaux, exceptionnellement quelques amendes mais au final elle demeure impuissante car l’opinion est partagée quant à l’efficacité ou non de telles actions.

Marco Buschmann, ministre fédéral de la justice : il estime que le moment est venu de faire appliquer la loi.

Un accident changeant la donne

Les choses risquent toutefois de changer pour les rebelles de « Dernière génération » car lundi dernier, c’est-à-dire 24 heures près l’affaire des dinosaures, a eu lieu un accident sur une avenue de la capitale qui, à cause d’un blocage organisé par les militants écologistes a failli coûter la vie à une cycliste percutée par un poids lourd. Comme si cet accident ne suffisait pas, le chauffeur du véhicule a été violemment agressé par un homme ayant pris la fuite au moment même où il s’apprêtait à porter secours à la victime. Les sapeurs-pompiers appelés en urgence ont par la suite été bloqués dans l’embouteillage provoqué par les manifestants et n’ont pu qu’après plusieurs minutes de retard transporter les deux blessés, dont l’une dans un état grave, à l’hôpital le plus proche. Cet incident ne va pas rester sans suite car c’est la première fois qu’une action menée par les activistes a mis en danger la vie d’une personne. Il a toutes les chances de prendre le tournant politique qu’attendent de nombreux observateurs, sceptiques quant à la finalité de telles méthodes. Franziska Giffey, maire sociale-démocrate,de Berlin, a été une des premières personnalités à s’exprimer sur cet événement en déclarant que « rien ne justifiait de mettre en danger la vie d’autres personnes. » Elle a été toutefois contrainte de peser ses mots car elle ne peut pas diriger sa ville sans les écologistes qui, avec 32 membres, sont la deuxième force au parlement berlinois derrière le SPD et ses 36 députés. Très prudente, Franziska Giffey estime que c’est « à la police et aux tribunaux de déterminer dans quelle mesure les activistes sont responsables de l’impossibilité d’aider plus rapidement la victime de l’accident. » Le groupe de protestation a fait savoir dans un communiqué qu’il était « consterné » et qu’il ne pouvait pas « exclure que le retard des secours ait été causé par les embouteillages. » Ce mea-culpa est une aubaine pour tous ceux qui commencent à trouver lassantes toutes ces actions qui, plutôt que de protéger l’environnement, divisent la société. Quant au ministre de la justice, Marco Buschmann, membre du parti libéral FDP, il estime que le moment est venu de pénaliser ces actions protestataires en fonction des lois existantes. « Celui qui jette des projectiles sur des œuvres d’art se rend coupable de dommages matériels, ceux qui bloquent des routes peuvent être punis pour contrainte et si les ambulances sont ralenties, une responsabilité pénale pour blessures corporelles par négligence peut également être envisagée. » Buschmann, avocat dans le civil, sait de quoi il parle. pg5i

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