Roumanie : un élu influent face à la justice

Roumanie – Qu’ils soient de droite, de gauche ou centre, certains élus roumains ont une chose en commun : ils aiment s’enrichir en corrompant. Depuis la libéralisation de pays, on compte par milliers, le nombre de conseillers municipaux, départementaux et régionaux qui ont été ou sont impliqués dans des affaires douteuses. La corruption fait à tel point partie de la culture nationale qu’il arrive fréquemment qu’elle s’infiltre dans les plus hautes institutions de l’Etat.

Voitures de luxe et maisons cossues

Les Roumains en ont actuellement la preuve avec l’inculpation de l’ancien et très ambitieux sénateur Iulian Dumitrescu (notre photo), actuellement président du conseil départemental (judet) de Prahova, une région économiquement prospère située à une soixantaine de kilomètres au nord de Bucarest. Elu à deux reprises au Sénat sous la bannière des libéraux, actuellement membres de la coalition gouvernementale, Iulian Dumitrescu est soupçonné par l’agence anti-corruption DNA d’avoir perçu la coquette somme de 3,2 millions d’euros en pots-de-vin versés par des entreprises en charge de la construction du périphérique de la ville de Mizil, laquelle compte à peine douze mille habitants ! Cette inculpation n’a que moyennement surpris les commentateurs car la personne concernée ne cachait pas son style de vie opulent avec, à l’appui, voitures de luxe, appartements cossus et voyages coûteux à l’étranger dont il arrivait qu’elle s’en vantât. L’homme, aujourd’hui âgé de 51 ans,  n’a pas été incarcéré, ce qui aurait été le cas pour un jeune Rom ayant volé une banane sur un étal, mais seulement placé sous contrôle judiciaire pendant une durée de soixante jours. La DNA a toutefois annoncé avoir procédé à des perquisitions dans une vingtaine de ses propriétés (!), dont dix-neuf pourraient être saisies.

Kövesi, destituée par
… par l’ancien Garde des Sceaux, Tudorel Toader

Bilan DNA : encourageant mais toujours insuffisant

Cette nouvelle affaire de corruption portant sur des sommes colossales prouve que le travail de la DNA, aussi louable soit-il, demeure inachevé et tout laisse supposer qu’il lui faudra encore des années voire des décennies à cet organisme pour mettre un terme aux agissements de politiciens véreux. Lors de son 20ième anniversaire, en 2022, un bilan avait été publié et révélé que plus de 15.000 personnalités de tous bords avaient été convoquées devant la justice, dont quatre cent maires, cent-soixante juges (!), soixante ministres et deux chefs de gouvernement, Victor Ponta et Adrian Nastase, tous deux membres du Parti Social-Démocrate. D’une manière générale les peines infligées ne sont jamais à la hauteur des faits dénoncés. Par ailleurs, on peut s’interroger sur la véracité des enquêtes judiciaires car ce même bilan laissait apparaître que plus d’un millier de policiers avaient été, de près ou loin, impliqués ou complices de malversations. Le gros des affaires a été traité sous l’impulsion de deux dirigeants de la DNA, Daniel Moraru entre 2005 et 2013 puis Laura Kövesi de 2013 à 2018. La destitution de cette dernière par l’ancien ministre de la justice, Tudorel Toader a marqué un tournant dans la lutte contre la corruption mais force est de constater que ce virage a profité davantage aux corrompus qu’à ceux qui en sont les victimes. (Source : adz / Adaptation en français : pg5i)

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