Orban toujours dans le viseur de l’UE

Viktor Orban : il se comporte comme s’il s’était fait un devoir de défier les institutions européennes.

Hongrie/Pologne/UE – Comme si les institutions européennes n’avaient pas suffisamment de chats à fouetter en cette période de crise menacée par la guerre, l’approvisionnement énergétique et l’éventualité d’un réveil du Covid 19, elles n’hésitent pas à relancer un débat sur l’état de droit en Hongrie, comme si ce pays était le seul à l’entraver. Le moment ne serait-il pas venu de passer en revue les méthodes de gestion de tous les dirigeants de l’Union Européenne avant de tirer à boulets rouges sur l’un d’entre eux ? Il est reproché à Viktor Orban d’utiliser les fonds européens pour enrichir sa famille et ses amis mais n’en est-il pas de même dans le plupart des pays européens ? Qui pourrait citer le nom d’un chef d’Etat constituant une équipe gouvernementale sans recourir à des amis de longue date ? L’UE a-t-elle envisagé de sanctionner la France lorsque son président a mis sur écoute des centaines de personnalités et que l’un de ses successeurs a financé de manière pour le moins douteuse sa campagne électorale ? Le fait que la majorité des députés du Parlement européen ne considèrent plus la Hongrie comme une démocratie n’impressionne guère le Premier ministre Viktor Orbán. Lors d’une visite en Serbie, au cours de laquelle il a été décoré par le président Aleksandar Vučić, Orbán a déclaré à l’adresse des députés siégeant à Strasbourg : « C’est la deuxième ou troisième fois que vous faites cela pour condamner la Hongrie au Parlement européen. Nous pensions que cela avait une certaine signification, maintenant nous pensons que c’est une blague« . Comme il fallait s’y attendre la Pologne a été la première à réagir par la voix de son chef de gouvernement. Selon ce dernier, Mateusz Morawiecki, elle «s’opposera de toutes ses forces à toute mesure des institutions européennes visant à retirer illégalement des fonds à un Etat membre – dans ce cas, en particulier à la Hongrie« . Des signaux en provenance de Budapest et de Bruxelles laissent indiquer que dans le deux camps on travaille à une solution au litige. En raison de la corruption et d’autres violations de l’Etat de droit en Hongrie, la Commission européenne avait proposé dimanche de réduire les paiements du pays à hauteur d’environ 7,5 milliards d’euros issus du budget européen. C’est la première fois que la Commission européenne propose cette mesure en raison de lacunes dans l’Etat de droit d’un pays de l’UE. Pour que le pays soit effectivement privé de l’argent du budget de l’UE, il faudrait désormais que 15 pays représentant au moins 65 pour cent de la population de l’UE approuvent la proposition, soit près de 300 millions d’habitants.

Daniel Freund : il semble oublier que c’est grâce aux Hongrois, qui seront les premières victimes des sanctions, que son pays a été réunifié.

Un député oublieux

Les menaces de la Commission Européenne à l’encontre de la Hongrie sont dangereuses à plus d’un titre. D’une part, parce qu’elles sont formulées à un moment où l’Europe doit, plus que jamais, prouver son unité, d’autre part parce qu’elles risquent d’exacerber les tensions à l’intérieur même des pays qui approuveront les sanctions à l’égard de Budapest et plus particulièrement dans ceux où, à l’instar de la Suède et de l’Italie, l’extrême-droite a le vent en poupe. Parmi les détracteurs les plus virulents du régime de Viktor Orban, se trouve le député européen allemand Daniel Freund qui était âgé d’à peine cinq ans lorsque le Mur de Berlin s’est écroulé, un événement qui aurait été impossible sans la courageuse implication du peuple hongrois qui a accueilli les bras ouverts les opposants au régime d’Erich Honecker et contribué ainsi au démantèlement de l’Union Soviétique. Selon Freund, membre du parti des Verts, les députés européens ne sont pas allés assez loin. « Ils auraient dû geler tous les fonds européens. Nous savons désormais que tous les programmes et tous les budgets font partie de la corruption d’Orban, de ses amis et de sa famille. Ce dont nous avons besoin en plus, c’est d’un plan ambitieux pour rétablir le règne de la loi et améliorer la manière dont l’argent est utilisé en Hongrie, sans corruption ». Si de tels faits sont avérés, on est alors en droit de s’interroger à savoir pourquoi la Commission Européenne n’est-elle pas en mesure de mieux contrôler les fonds qu’elle alloue ? Il est difficile voire naïf d’imaginer le moindre instant que Viktor Orban serait le seul, en Europe, à profiter de la générosité bruxelloise. (Source : BZ / Adaptation en français : pg5i/vjp)

 

 

 

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