Poutine met un terme au miracle allemand

Robert Habeck : il s’est battu pour obtenir le ministère de l’Economie en croyant pouvoir imposer les énergies vertes et renouvelables mais la guerre en Ukraine l’oblige à trahir les convictions de son propre parti.

Russie/Allemagne – On la croyait à l’abri de tous les aléas, or il s’avère que l’économie allemande peut être aussi fragile que celle de ses voisins lorsque des événements imprévisibles se dressent sur son chemin. Bien qu’il soit difficile voire impossible de savoir avec exactitude de quoi demain sera fait, les principaux instituts de recherches économiques allemands, ont tenté de s’y essayer. Sur certains éléments, les prévisions diffèrent d’un organisme à l’autre mais le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) de Berlin et l’ifo de Munich sont d’accord sur un point : le produit intérieur brut ne connaîtra cette année qu’une faible augmentation, évaluée à  1,4%. En ce qui concerne l’exercice 2023, ce même BIP devrait chuter de 0,4% pour repartir à la hausse (+ 1,9%) en 2024. Mais toutes ces données ne sont que des prévisions à prendre avec une extrême prudence. Les performances économiques de la République Fédérale d’Allemagne dépendent en effet de facteurs qu’il est impossible de mesurer avec précision et sans prendre le risque de s’y brûler les doigts. Personne n’aurait imaginé, il y a un an, lorsque les trois partis actuellement au pouvoir se battaient pour obtenir les postes les plus emblématiques du futur gouvernement, qu’ils allaient se retrouver quelques mois plus tard face à une crise sans précédent. En voulant annexer une partie de l’Ukraine, le président de la Fédération de Russie a mis un terme au miracle allemand. «L’aggravation de la crise sur les marchés du gaz pèse lourdement sur l’économie allemande et si la consommation ne baisse pas suffisamment dans le courant de l’hiver, l’Etat sera contraint de recourir au rationnement ce qui obligera les entreprises à réduire leurs activités » mentionnent les experts des deux instituts.  Le Chancelier, Olaf Scholz et son ministre de l’Economie, Robert Habeck, un membre historique du parti des Verts, contraint de cautionner le maintien en activité des centrales nucléaires et de légitimer la réouverture de centrales au charbon, croisent les doigts et prient Dieu pour que cet hiver ne soit pas comparable à celui des années 62/63 au cours duquel des températures moyennes sur tout le territoire de moins 5,5° avaient été enregistrées.

Double menace

A cette époque, les Allemands n’étaient pas habitués au confort comme ils le sont aujourd’hui et ils n’étaient pas non plus confrontés à une autre menace, en l’occurrence une pandémie que le conflit russo-ukrainien a mis entre parenthèses, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle ait été entièrement éradiquée. Sur ce point là, les statistiques et prévisions n’ont aucune prise, aucune signification et aucun pays n’est à l’abri d’un variant du Covid 19 plus agressif que ceux actuellement en circulation. A l’instar de la crise énergétique qui était prévisible dès 2014, c’est-à-dire dès l’annexion de la Crimée, les dirigeants ferment les yeux sur ce scénario d’ordre sanitaire dont un nombre incalculable de personnes pourraient être victimes. Force est de constater que l’Allemagne n’est plus ce qu’elle était. Son taux de chômage, estimé entre 5,3 et 5,5% de la population active devrait rester stable, en revanche son taux d’inflation risque de se maintenir à un niveau élevé, 8,4% cette année et 8,8% en 2023. A ce propos, il ne s’agit plus de prévision mais d’une réalité dont les classes les plus défavorisées de la société font déjà les frais. Jamais, au cours des trente dernières années, elles n’avaient vu les prix des produits de base, au premier rang desquels, le pain, augmenter de manière aussi vertigineuse. Les premiers à s’en inquiéter sont les membres du Syndicat des Boulangers qui a lancé un appel de détresse au gouvernement pour obtenir des aides en urgence. De toutes les professions, celle de boulanger est la plus touchée car elle est condamnée à une double peine, la hausse des matières premières dont le farine en provenance d’Ukraine et celle de l’électricité et du gaz nécessaires à l’utilisation des fours qui fonctionnent nuit et jour. Le Brötchen (petit-pain) est aux Allemands ce que le baguette est aux Français, le meilleur des étalons pour mesurer l’opinion et la confiance des consommateurs en leurs dirigeants. Y toucher avec trop de zèle, c’est prendre le risque de voir le pouvoir s’échapper. pg5i

 

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