L’extrême-droite s’impose dans l’ouest de l’Allemagne

Allemagne/UE – Alors que la percée du parti d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) était jusqu’à ce jour considéré comme un phénomène propre aux anciens lands de la République Démocratique Allemagne, depuis hier, ce n’est plus le cas.

Les deux élections regionales qui ont eu lieu ce week-end ont en effet permis à cette formation de se hisser au rang de troisième force politique derrière la CSU (Union Sociale Chrétienne) et parti Freie Wähler (FW – Electeurs Libres) en Bavière et à la seconde position derrière la CDU (Union Sociale Chrétienne) dans la Hesse. Les résultats à ces deux scrutins étaient attendus avec impatience par les Allemands et avec une appréhension plus que palpable par les trois partis au pouvoir à Berlin, en l’occurrence le parti social-démocrate (SPD, incarné par le Chancelier Olaf Scholz, les Verts, représentés par les ministres de l’Economie (Robert Habeck) et des Affaires Etrangères (Annalena Baerbock) et le parti liberal (FDP), dont président Christian Lindner détient celui, convoité, des finances. Le fait que ce double scrutin ait eu lieu à mi-mandat de l’équipe actuellement au pouvoir a naturellement apporté sa dose de piment, d’autant que les deux lands en question ne sont pas des « petits » lands. Avec respectivement 9,4 et 4,3 millions d’électeurs, la Bavière et la Hesse représentent à elles-seules 22,70% du corps électoral. Ce qui s’est produit dimanche sur les rives du Main, du Danube et de l’Isar n’est donc pas un événement anodin, il s’agit d’une véritable alerte lancée en direction de l’équipe gouvernementale et plus spécifiquement à celles et ceux qui portent les couleurs de la sociale-démocratie.

Nancy Faeser, coiffée au poteau...
…par Boris Rhein, membre de l’Union Démocrate Chrétienne

Une ministre fédérale laminée

Ce dimanche 8 octobre a été en effet un jour des plus noirs dans la carrière de l’actuelle ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, laquelle se serait bien vue cumuler cette fonction à Berlin avec celle de présidente de la Hesse. La ministre fédérale sociale-démocrate a eu beau multiplier les aller-retour Berlin-Francfort, il n’est pas parvenue à convaincre les Hessois que le cumul des mandats allait leur être profitable. Pire, en tant que tête de liste, elle a fait perdre au SPD 4,7% au profit de la CDU (plus 7,6 points à 34,6%) et de l’AfD qui a vu son score passer de 13,1% en 2018 à 18,4% en l’espace de cinq ans. Pour couronner le tout la ministre de l’Intérieur a entraîné dans sa chute les Verts (moins 5 points à 14,8%) mais aussi et surtout les libéraux qui ne sont parvenus qu’in extremis à franchir la barre des 5% mais qui n’auront désormais plus aucun poids au sein du Parlement Régional. Mais il faut reconnaître, que ce soit en Bavière ou dans la Hesse, que les candidats n’ont pas eu cette année la tâche facile pour promouvoir leurs idées. Tous ont été confrontés à des thématiques qui dépassaient largement le cadre de leurs prérogatives. Les campagnes ont été ponctuées de discours sur l’immigration, le droit d’asile, la lutte contre le réchauffement climatique, la politique énergétique, la pénurie de personnels qualifiés, autant de sujets qui sont, pour la plupart, dépendants de la politique fédérale, et non de l’unique ressort des régions.

Comme à l’accoutumée l’AfD a été la seule à tenir des propos terre à terre en focalisant le débat public sur un thème toujours porteur, celui de l’immigration qui serait la source de tous les malheurs que subissent les Allemands. L’étranger comme bouc-émissaire, la recette n’est pas nouvelle mais parvient toujours à convaincre des électeurs qui ne trouvent plus dans les partis historiques dont celui des Verts de réponses à la hauteur de leurs inquiétudes. Il ne reste plus que deux ans au Chancelier Olaf Scholz pour assainir le climat politique. Jusqu’à présent il a gouverné avec des partis qui perdent, y compris le sien, le moment n’est-il pas venu qu’il en fasse de même avec le seul qui gagne, en l’occurrence la CDU ? kb

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