L’ex-RDA d’un extrême à l’autre

Allemagne – Huit jours après la victoire du parti d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) dans le district de Sonneberg situé dans le land de Thuringe, c’est un autre candidat membre de cette même formation qui est parvenu ce week-end à ravir la municipalité de Raguhn-Jessniz, une ville de quelque 9.000 habitant située, elle-aussi, dans un autre land de l’ex-RDA, la Saxe-Anhalt.

Cette double-victoire à une semaine d’intervalle a beau avoir eu lieu dans des collectivités à faible démographie, elle suffit néanmoins pour être assimilée à un signal d’alerte. Il ne fait aucun doute qu’elle est due en grande partie à la loi sur le chauffage que s’apprête à adopter le parlement. Avec ce texte législatif, le gouvernement veut atteindre ses objectifs climatiques dans les secteurs du bâtiment et de l’habitat. Il a beau avoir faire l’objet de longues discussions au sein des partis de coalition actuellement au pouvoir (sociaux-démocrates, libéraux et verts), ces dernières n’ont pas dissipé certains malentendus et surtout permis de répondre à la question cruciale que se pose tous les Allemands : combien tout cela va nous coûter ? Il a fallu attendre que la loi arrive à son stade de finalisation pour que les membres du gouvernement s’interrogent à savoir si tous leurs compatriotes pourront se permettre financièrement d’acheter un nouveau chauffage mais aussi s’il y aura suffisamment d’artisans pour effectuer les travaux de rénovation énergétique. Cela s’appelle mettre la charrue avant les bœufs et il ne faut par conséquent pas s’étonner de voir les leaders de l’extrême-droite profiter de la situation pour dénoncer les incompétences des bureaucrates en fonction à Berlin. Mais l’AfD n’a pas été la seule formation à utiliser la loi sur le chauffage pour discréditer l’équipe gouvernementale, l’Union Chrétienne Démocrate (CDU), présidée par Friedrich Merz, la bête noire du Chancelier Olaf Scholz, en a fait de même en s’attaquant frontalement au parti des Verts qui est selon lui l’ennemi numéro un. En agissant de la sorte sans proposer d’alternative à la loi, le chef de la CDU a contribué à droitiser son parti et légitimer le discours de l’AfD. Les victoires de l’extrême-droite à Sonneberg et Raguhn-Jessnitz ne sont pas seulement symboliques. Elles s’inscrivent dans un phénomène de rejet des partis traditionnels et historiques qui, souvent, sans s’en rendre compte s’éloignent des préoccupations quotidiennes des citoyens qui ont de plus en plus le sentiment d’être rééduqués plutôt qu’administrés. kb

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