Les paysans polonais ne désarment pas

Pologne/Ukraine/Russie/ UE – Alors que le mouvement de protestation des agriculteurs s’est apaisé dans la plupart des pays occidentaux, en revanche il tend à s’exacerber en Pologne où les contours du conflit prennent une toute autre dimension en l’occurrence la rivalité que se livrent paysans polonais et paysans ukrainiens.

Le puissant syndicat agricole polonais Agrounion n’hésite pas à manifester sa colère…
en déversant sur les voies publiques des tonnes de produits alimentaires.

Les premiers accusent les seconds de concurrence déloyale en exportant toujours plus de céréales à prix cassés. La plupart des postes frontaliers séparant les deux pays sont bloqués pour les poids lourds mais singulièrement celui, situé à proximité de la ville de Braniewo, proche de l’oblast de Kaliningrad, enclave russe connue également sous le nom de « Petite Russie », demeure opérationnel, ce qui permet à des marchandises russes de pénétrer sans difficulté sur le marché polonais et par voie de conséquence sur le marché européen. Le parlement polonais a récemment adopté une résolution destinée à imposer des sanctions sur l’importation de produits agricoles russes et biélorusses dans l’Union Européenne car, selon son porte-parole «  il est de notre obligation morale d’arrêter le commerce qui aide directement ou indirectement la Russie et la Biélorussie à poursuivre leur guerre contre l’Ukraine. » Toutefois, il n’est pas interdit de rappeler que les ressources qu’engrange Moscou avec les céréales, sont dérisoires comparativement à celles provenant du gaz naturel liquéfié (GNL) qui transitent par les terminaux de la plus grande entreprise pétrochimique Sibur, qui compte parmi ses actionnaires les oligarques russes Leonid Mikhelson et Guennadi Timtchenko. Malgré les sanctions, les importations de GNL vers l’UE ont augmenté en 2023 de 40%, ce qui permet à la Russie d’encaisser chaque mois plus d’un milliard de dollars. Dans ce contexte, les revendications agricoles apparaissent secondaires et les agriculteurs ne sont toujours pas parvenus à un accord tangible avec le gouvernement. Ils ont annoncé leur détermination et une grande journée de manifestation pour ce mercredi 20 mars, jour du printemps. Ils envisagent par ailleurs de continuer à bloquer la frontière ukrainienne jusqu’à la fin du mois d’avril. Peu de temps après cet ultimatum, auront lieu les élections municipales, un scrutin que l’ancien parti au pouvoir Droit & Justice (PiS) ne manquera de mettre à profit pour confirmer ce qu’il est déjà c’est-à-dire, malgré sa défaite aux dernières législatives, la première et plus puissante formation d’opposition. ak

error: Content is protected !!