Le droit des fruits et légumes à être handicapés

Carotte, pomme et pomme de terre : les trois cobayes de Kaufland en Allemagne

Allemagne – Ce qui est déconcertant, troublant et souvent affligeant dans notre société actuelle, est la capacité qu’ont certaines personnes à manipuler les populations sans que celles-ci ne s’en rendent compte. La vague écologiste et la numérisation de l’économie contribuent à faire des populations de véritables troupeaux de moutons, prêts à répondre au doigt et à l’œil à des modes leur permettant d’avoir bonne conscience. Jamais on a autant manipulé l’opinion qu’à l’heure actuelle. Un fait divers peut transformer toute une société. On l’a vu avec l’affaire Weinstein grâce à laquelle toute la gente politique se sent obligée désormais de s’intéresser à la parité homme-femme.
Il faut recruter à tout prix des femmes et pour ne pas être accusé de misogynie, voire de ségrégation, il est préférable de recruter une femme incompétente qu’un homme à l’expertise reconnue. La manipulation atteint actuellement des sommets avec le succès retentissant de la Coupe du Monde féminine de football qui prend une dimension telle, qu’on en oublie tous les drames qui se multiplient sur la planète. Ces onze nanas qui tapent de conserve dans un ballon font le une des journaux télévisés, prétendent donner à leur camp sa place dans la société mais ne se rendent pas compte qu’en voulant imiter leurs rivaux masculins , elles ne changent pas le monde, elles en accentuent les failles. Lors de la finale, les Polonaises auront beau manifester pour que la loi sur l’avortement ne soit pas remise en cause dans leur pays, personne n’en fera écho. La solidarité féminine a ses limites. Cette coupe du monde, enfantée par les réseaux sociaux, est une aubaine pour les publicitaires et les « marketeurs » qui ont le génie de savoir veiller au grain. Rien ne leur échappe et avec une célérité inouïe due non pas à leur intelligence mais au génie des quelques développeurs d’algorithmes, ils savent sauter sur l’occasion et, à côté du sport, c’est actuellement la bouffe qui a le vent en poupe.

Cinq fruits et légumes par jour sans préjugé

Comment grâce à Amazon livrer à Berlin ou Paris des myrtilles fraîches cueillies la veille dans les forêts des Carpates ? Comment encourager la consommation sans porter préjudice à l’environnement ? Comment éviter que des tonnes de produits comestibles atterrissent chaque jour dans les poubelles ? Il ne se passe de semaine, sans qu’on apprenne la création de startups censées nous faciliter la vie, nous libérer de taches fastidieuses, le tout, cerise sur le gâteau, en protégeant la nature. Le groupe allemand Schwarz, propriétaire de marques Kaufland et Lidl, semble avoir trouvé les réponses et s’apprête à vendre des produits dont personne ne voulait. A partir de la fin de ce mois de juin, les clients des 670 magasins que compte Kaufland en Allemagne, pourront acheter des pommes à deux têtes, des carottes tricéphale ou des pommes de terre ressemblant à Casimir. Tout ce que la nature a fabriqué d’incongru, sera accessible dans cette chaîne de superettes qui, depuis 1930, sait s’enrichir avec le portefeuille des pauvres et se rachète aujourd’hui en prétendant vouloir protéger leur santé. Après qu’il eut imposé aux consommateurs, à l’instar de ses concurrents, des fruits et légumes beaux, brillants et calibrés, Kaufland joue désormais la carte du « tout écolo » . Le discounter donne le droit aux minorités végétales d’être consommées au même titre que les belles des champs et le premier à s’en réjouir est son directeur des achats, Markus Mutz. Fier comme une abeille sur la fleur d’un pissenlit au printemps, ce cadre supérieur ne tarit pas d’éloges sur la stratégie de son employeur qui s’inscrit parfaitement dans la philosophie de Kaufland, laquelle consiste à ne plus jeter ce qui demeure comestible. Etant donné que les fruits et légumes difformes et non calibrés possèdent autant de protéines, de vitamines, d’antioxydants et d’oméga 3 que ceux qui nous font nous lécher les babines sur les spots télévisés, il n’y a donc aucune raison de les bouder. Pour ces légumes handicapés de la feuille et ces fruits obèses ou anorexiques, il n’existe pas de robots susceptibles de les emballer. Il faut donc les vendre en vrac ce qui permet à l’acheteur de choisir la forme et la quantité qui lui conviennent. Dans un premier temps, ce sont les carottes, les pommes et les patates qui vont servir d’appâts mais il est évident que si beaucoup mordent à l’hameçon, les étals voués à la vente des monstres végétaux s’allongeront. Dans l’interview qu’il a accordée au site « Fresh Plaza », Markus Mutz garde le silence sur l’origine des produits. Les nouveaux écolos vont-ils se nourrir, sans le savoir, de produits qui ont poussé dans la région de Tchernobyl ? Les vrais écolos, ceux d’avant la mode, savent que des carottes à forme bizarre ont toujours existé, ce sont celles qui poussent dans des sols caillouteux, ce qui n’est pas le cas des asperges qui ne s’épanouissent que dans le sable. vjp

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