Gel des fonds européens : la Hongrie ne s’inquiète pas outre-mesure

Hongrie/UE- Lors de sa session plénière à Strasbourg, le Parlement européen (PE) a plaidé à une large majorité pour le gel des fonds européens destinés à la Hongrie. Le ministre compétent, Tibor Navracsics, a quant à lui d’autres priorités. Pas moins de 414 eurodéputés ont plaidé en faveur du projet, seuls 124 ont voté contre, tandis que 33 se sont abstenus. Avec cette prise de position politique, le PE veut faire pression sur la Commission européenne qui, avec le Conseil européen, doit résister aux « pressions exercées par la Hongrie« . Ce n’est que lorsque le pays sera en mesure de démontrer « durablement » qu’il met effectivement en œuvre les engagements pris volontairement dans le cadre de la procédure de l’État de droit que les fonds pourront être débloqués.

Csaba Molnár : en tant qu’opposant à Viktor Orban, il n’avait d’autre choix que de voter pour le gel des fonds européens

La responsabilité incombe au gouvernement Orbán

Dans le même temps, le PE rejette sur le gouvernement Orbán la responsabilité du fait que l’argent du fonds de reconstruction n’a pas encore pu être utilisé au profit des citoyens hongrois. Toutefois, tant que le risque d’une utilisation abusive de ces fonds persiste, ceux-ci doivent être retenus. La Commission européenne est invitée à ne pas céder à la pression de la Hongrie, qui tente d’empêcher ces accords, sur des « questions cruciales » telles que le paquet d’aide de 18 milliards d’euros pour l’Ukraine et l’impôt minimum global. Le député européen hongrois d’opposition Csaba Molnár, membre du parti DK, a déclaré lors d’une conférence de presse en ligne qu’il avait voté en faveur du gel « parce que le gouvernement Orbán ne crée l’Etat de droit qu’en apparence « . Sans les transferts de l’UE, le gouvernement aurait glissé au bord du gouffre et ferait désormais tout pour récupérer l’argent. « Mais pour cela, il faut que la corruption au niveau gouvernemental, telle que nous la vivons depuis douze ans cesse au-delà de tout doute raisonnable et que la Hongrie redevienne un Etat de droit« . Seule l’adhésion du pays au Parquet européen offrirait la garantie que les fonds européens parviennent réellement aux citoyens, aux entreprises et aux communes.

Le ministre : l’argent n’est pas en danger

Lors d’un point presse jeudi à Budapest, le ministre du Développement régional en charge des fonds européens, Tibor Navracsics, n’a pas du tout évoqué la nouvelle décision politique du PE. « Il est très probable que la Commission européenne approuve les programmes opérationnels et le plan de reconstruction, ce qui permettra à la Hongrie de signer les accords avec Bruxelles d’ici la fin de l’année« , a-t-il déclaré le ministre en se référant aux rapports des médias occidentaux ( !), à propos desquels il a fait remarquer que même si la Commission suspendait les deux tiers des versements de ces fonds, comme on peut le lire dans les rapports, la Hongrie ne perdrait pas définitivement ces fonds. Le ministre de la Chancellerie, Gergely Gulyás, a rejoint son collègue en affirmant que la Hongrie ne perdrait de l’argent que si l’accord de partenariat avec la Commission européenne n’était pas signé avant la fin de l’année. Il semblerait que la Commission ait changé sa communication sous la pression du Parlement européen. C’est pourquoi elle insiste désormais sur le maintien d’une procédure sous condition. Gulyás a par ailleurs précisé que l’Ukraine avait besoin des 18 milliards d’euros  et qu’il ne restait plus qu’à savoir s’ils seraient financés en commun ou par les États membres individuellement. La Hongrie ne soutiendra certainement pas un emprunt commun à cette fin. Le ministre de la Chancellerie ne voit pas non plus de chances que la Hongrie puisse soutenir le projet d’impôt minimum global. Cela ne vaut surtout pas tant que les Etats-Unis n’acceptent pas les mêmes conditions – sinon, l’Europe s’imposerait un grave désavantage concurrentiel. (Source : Budapester Zeitung)

 

 

 

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