Vera Jourova, partialement anti populiste

République Tchèque/ Hongrie/Pologne/ Allemagne/Europe Centrale/France/UE – Une majorité de membres de l’Union Européenne vient de lancer une procédure destinée à sanctionner les violations à l’Etat de droit dans certains pays, au premier rang desquels, la Hongrie et la Pologne, deux Etats qui font l’objet depuis plusieurs années d’une cabale savamment orchestrée par une poignée d’élus de tous horizons qui ont trouvé leur porte-parole avec Vera Jourova (notre photo), vice-présidente tchèque de la Commission Européenne en charge de la Justice. Alors que l’urgence est, de partout en Europe, la lutte contre le coronavirus, cette petite équipe de nantis qui, quoiqu’il arrive ne sera jamais au chômage encore moins dépendant des minima sociaux,  ne trouve rien de mieux que de s’atteler aux sujets ultrasensibles que sont l’indépendance des magistrats, la liberté de la presse et de la liberté tout court de tous les citoyens, qu’ils soient hétéros, homos, trans, bi, catholiques, protestants, bouddhistes, musulmans, communistes, socialistes, sociaux-démocrates, populistes, etc, etc. L’Union Européenne a justement été créée pour faire une synthèse de toutes ces diversités qui font sa force et ses faiblesses. Ce qu’on attend d’une commissaire à la justice, surtout originaire d’un pays de l’ex-bloc soviétique, n’est un bras de fer à l’adresse de pays dont les dirigeants ont été élus par leur peuple mais une véritable égalité  qui consisterait à commencer par réformer le fonctionnement des Cours Européenne de la Justice et des Droits de l’Homme. A ces deux institutions, les citoyens européens ne peuvent y avoir recours qu’à l’issue de toutes les procédures engagées dans leur propre pays. En France, par exemple, le moindre des litiges peut s’étaler sur deux, trois, quatre voire cinq ou six années. Ce parcours du combattant qui démarre dans un petit tribunal d’instance pour s’achever à la Cour de Cassation ou au Conseil d’Etat, en passant par les tribunaux administratifs et les Cours d’Appel, autant d’instances qui s’en réfèrent à différents codes pour mieux se contredire,  rend la justice de manière opaque et inégalitaire.

 

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Michael Clauss : il déplore un « débat houleux » risquant de bloquer les négociations budgétaires

Un manque flagrant d’objectivité

Mme Jourova aurait-elle pris le temps de fouiller dans les arcanes de la justice française, elle se serait alors rendue compte que dans ce pays, qui se prétend souvent la patrie des Droits de l’Homme, il est possible de demander  à une personne qui a été gravement malade de rembourser les aides sociales qu’elle a obtenue lorsqu’elle était en convalescence et ne pouvait plus travailler, de saisir l’intégralité de ses minima sociaux avant même que les tribunaux aient rendu leur jugement et pire de lui attribuer une situation maritale dont elle n’a jamais voulue et qui n’a jamais été attestée par un acte civil (mariage, pacs ou certificat de concubinage). Elle serait tombée de haut, Mme Jourova, en découvrant que chaque jour les 100 caisses d’allocations familiales ont la possibilité, au nez et à la barbe de tous les tribunaux, d’appliquer les lois à leur convenance et de laisser les plus fragiles pendant des mois sans un seul centime de revenus. Elle se serait alors aperçue, Madame Jouravo, que dans le pays cofondateur du Marché Commun, si les juges sont payés pour garantir la justice, ce sont  les Présidents de Conseils Départementaux qui l’appliquent avant qu’elle soit rendue. Dans ce contexte, extrême en France, mais courant à plus ou moins  grande échelle dans la plupart des pays qui veulent imposer leurs « valeurs », il est plus facile de mélanger tout et n’importe quoi, la liberté des magistrats avec celle des journalistes, l’instinct maternel avec le droit d’interrompre une grossesse et pour couronner le tout d’assimiler des personnes élues démocratiquement par une majorité à des « dictateurs ». Lorsque Mme Jourova reproche au ministre-président Viktor Orban de construire « une démocratie malade », elle ne s’interroge pas à savoir  pourquoi une majorité de Hongrois le plébiscite depuis plus de dix ans ? Lorsqu’elle déplore un « manque d’indépendance du pouvoir judiciaire en Hongrie et Pologne », connaît-elle tous les systèmes de nominations des magistrats dans les autres pays de l’Union ?  Lorsqu’elle insiste sur « l’intimidation systématique des médias indépendants », songe-t-elle un seul instant à la pression publicitaire qu’exercent  de puissants conglomérats sur les contenus rédactionnels de la plupart des supports écrits et télévisuels occidentaux ? Sait-elle que le quotidien français de référence a été sauvé par un milliardaire tchèque ? Oublie-t-elle qu’elle a démarré et poursuit toujours sa carrière politique dans les coulisses du parti populiste ANO ? Lorsqu’elle fait allusion à des « lacunes dans la lutte contre la corruption », pourquoi ne franchit-elle pas le Danube pour aller voir de l’autre côté en Roumanie ce qui s’y passe ? Madame Jourova ment sans vergogne lorsqu’elle affirme « traiter les Etats membres de la même manière » ce qui est naturellement faux, étant donné qu’elle fait preuve d’une méconnaissance totale du système judiciaire français, dont certains aspects remontent à Napoléon. Quant aux minorités dont elle se fait un devoir de protéger, elle devrait savoir qu’elles sont souvent mieux protégées en Hongrie et en Pologne qu’en France, pays qui expulse sans discernement  des jeunes gens  géorgiens, ukrainiens, biélorusses ou arméniens sous prétexte qu’ils sont originaires de pays « sûrs », ce que l’actualité dément formellement. Enfin, il n’est pas inutile de préciser qu’on dénombre davantage d’actes antisémites en France et en Allemagne qu’en Pologne ou en Hongrie. L’ambassadeur allemand auprès de l’Union Européenne, Michael Clauss, n’a pas tort lorsqu’il regrette « un débat houleux » et met en garde contre une possible « blocage des négociations budgétaires » qui conduirait à détruire l’Europe plutôt qu’à la reconstruire à un moment clef de son histoire. vjp

 

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