Une « vague verte » pour une nouvelle amitié franco-allemande ?

France/Allemagne – Bien qu’ils aient été déçus par la défaite de la République en Marche aux élections municipales les journalistes et commentateurs allemands sont heureux de voir arriver aux commandes des collectivités territoriales françaises, des femmes et des hommes sensibles à l’environnement, la nature mais aussi, du moins l’espèrent-ils, à la cause animale, un sujet qui fait la une des journaux depuis que la crise sanitaire a mis au jour les méthodes de gestion pour le moins douteuses des plus grands abattoirs de leur pays.

Les Allemands n’ont pas toujours été tendres avec leurs voisins français, longtemps accusés de faire prendre des risques à toute la population européenne en maintenant en activité des centrales nucléaires de première génération, devenues de fait coûteuses et dangereuses. Pour être efficace, le combat pour un air plus pur, une eau plus propre, des plages et des océans sans plastique et des villes plus respirables, à défaut de pouvoir être mondial, doit être au moins européen et il a fallu attendre ces élections municipales en France, organisées dans des circonstances particulières, pour voir jaillir une lueur d’espoir. Plus que tout autre secteur, l’écologie doit s’inscrire au cœur des relations franco-allemandes qui, du moins faut-il le croire, retrouveront leur lustre d’antan, cette époque où la construction européenne était inimaginable, sans une entente sans faille entre les deux territoires.

La France de nouveau scindée en deux blocs

Le plus important dans les résultats du scrutin de ce dimanche 28 juin, provient du fait, que la victoire s’est avérée dans les métropoles où l’écologie a un réel sens. Alors que le Spiegel s’attarde sur le « fiasco » de la République en Marche, la  Frankfurter Rundschau évoque une « gifle » infligée à un jeune Président de 42 ans et que la Süddeutsche Zeitung en rajoute une couche en parlant d’un « échec cuisant » à l’adresse d’Emmanuel Macron, tous les médias s’accordent sur un point lorsqu’ils constatent qu’à chaque élection intermédiaire en France, les Français en profitent toujours pour sanctionner le pouvoir central. La « vague verte » de 2020 est une copie quasi conforme de la « vague rose » de 2008 qui avait permis à la gauche de devancer l’UMP incarnée alors par un Président de 53 ans voyant pendant tout son mandat sa popularité zigzaguer de haut en bas et de bas en haut. Toutefois, comme le constate, Stefan Brändle du quotidien autrichien Der Standard, la plus grande défaite d’Emmanuel Macron provient du bilan catastrophique de son parti dans les bastions les plus emblématiques du pays (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux et Strasbourg) où les candidats de la République en Marche ont été laminés. La désaffection des électeurs à l’égard de formations se situant au centre de l’échiquier politique laisse supposer que la France va de nouveau se fracturer en deux blocs droite-gauche avec une extrême droite qui n’a pas récolté les fruits qu’elle attendait, est toutefois parvenue à conquérir Perpignan, la 30ième ville du pays avec plus de 100.000 habitants, et va pouvoir jouer le rôle d’arbitre dans toutes les municipalités à majorité relative. Alors qu’Angela Merkel peut s’appuyer sur une coalition solide qui a recueilli lors de la crise sanitaire une totale adhésion de la population, Emmanuel Macron se retrouve dans une situation proche de celle vécue par ses prédécesseurs qu’il a voulu éviter en créant un mouvement qui ne recueille par l’approbation d’une majorité de Français. La France est toujours partagée en deux avec d’un côté un camp rural et plutôt conservateur et d’un autre un camp urbain et à priori plutôt novateur. Dans ce contexte le pays risque de devenir de plus en plus difficile à gérer, d’autant que l’écologie ne résoudra par tous les problèmes générés par la crise sanitaire. Emmanuel Macron doit déjà croiser les doigts pour qu’elle ne les exacerbe pas. vjp

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