Une femme politique allemande soupçonnée de lobbying avec la Russie

Willy Brandt avait fait en 1970 la une de tous les journaux en s’agenouillant aux portes du ghetto de Varsovie
Manuela Schwesig, bientôt contrainte de clarifier ses relations avec Poutine

Allemagne/Russie/Ukraine/UE – Dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Fédération de Russie, l’Allemagne joue un rôle singulier, dans le sens où il lui est extrêmement difficile de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux camps. Historiquement, Berlin a toujours été très proche de Moscou, y compris sous l’ère soviétique lorsque Willy Brandt a souhaité régler la « question allemande » en établissant des relations diplomatiques avec la Pologne, la Tchécoslovaquie et en reconnaissant la République Démocratique Allemande comme un Etat à part entière. Le 4ième Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne, bien qu’alors souvent très contesté pour ses actions hautement symboliques, compte toujours en Allemagne parmi le chefs d’Etat les plus vénérés et oser se comparer à lui, c’est prendre le risque de se ridiculiser. C’est pourtant ce qu’a fait la ministre-présidente sociale-démocrate du Land de Mecklembourg-Poméranie, Manuela Schwesig, laquelle, à l’instar de l’ex-Chancelier Gerhard Schröder, ne cache pas ses accointances avec le Kremlin et plaide pour une nouvelle forme d’ost-politik , un « changement par le rapprochement » qui était la stratégie de Brandt avant d’être lui-même trahi par un espion de l’ex-RDA. En osant se comparer à Willy – la majorité des Allemands l’appellent toujours par son prénom !– Prix Nobel de la Paix, Manuela Schwesig a jeté un pavé dans la marre et provoqué l’ire des ses trois opposants au Parlement Régional, les Verts, la Parti Libéral et l’Union Chrétienne Démocrate, à l’unisson pour réclamer sa démission. Ce renoncement à ses fonctions politiques résonne d’autant plus fort que la ministre-présidente est directement impliquée dans une fondation pour la protection du climat et de l’environnement qui serait en réalité une structure destinée à promouvoir le gazoduc Nord Stream 2, construit par le groupe public russe Gazprom. Cette affaire régionale prend déjà un tournant fédéral car c’est le SPD, qui est directement impliqué. Manuela Schwesig, très connue dans sa région pour y avoir eu la responsabilité de deux ministères, celui des affaires sociales et de la santé entre 2008 et 2011, puis du travail et de l’égalité entre 2011 et 2013, l’est aussi sur l’ensemble du territoire grâce à Angela Merkel, qui l’avait choisie le l7 décembre 2013, pour occuper le poste de ministre fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse lors de la formation de son troisième gouvernement. Bien qu’elle ait dirigé le land avec le parti social-démocrate, lors des négociations concernant le gazoduc, la CDU ne s’estime pas directement impliquée dans cette polémique et surtout un projet qui dépasse largement le cadre régional. Et de revenir sur l’époque Willy qui a été alors pour l’URSS une aubaine car elle lui a permis de tirer profit des technologies de pointe dont disposait alors la République Fédérale en matière d’exploitation énergétique. Le secrétaire général de la CDU, Mario Cazaja,  a demandé au Chancelier Olaf Scholz d’éclaircir le plus rapidement cette affaire de fondation et de gazoduc car « un ministre-présidente ne peut pas être en même temps une lobbyiste de Vladimir Poutine ! » En effet, cela fait un peu tache d’huile ! vjp

error: Content is protected !!