Un président plébiscité par les Autrichiens

On imagine mal le président autrichien sans son « toutou« , ce compagnon dont il ne peut se passer.

Autriche – Le président sortant de la République d’Autriche a été réélu hier dès le premier alors même qu’il était en concurrence avec six autres autres candidats. C’est la première fois que les Autrichiens avaient autant de choix pour élire celui qui est amené à porter la voix de leur pays à l’étranger mais aussi à arrondir les angles et servir de médiateur lors de tensions au sein de l’équipe gouvernementale ou du Parlement. Au cours de son premier mandant, Alexander van der Bellen, connu jusqu’en 2016 en tant que de défenseur des droits de l’homme et de la protection de l’environnement,  est toujours parvenu à apparaître comme l’homme de la situation c’est-à-dire une personne profondément attachée à la démocratie. Dès 19 heures et grâce aux résultats sortis des urnes de la plupart des bureaux de vote, les Autrichiens ont appris que, contrairement au scrutin de 2016, il n’y aurait pas de second tour car le président sortant, en recueillant plus de 50% des suffrages, est d’office reconduit dans ses fonctions.

Le populisme autrichien en perte de vitesse

Depuis l’adoption de la loi votée en 1951, qui impose le suffrage universel pour occuper cette fonction, l’Autriche a connu huit présidents et Alexander van der Bellen est le sixième à se voir réélu, dont quatre sont décédés au cours de leur second mandat, Theodor Körner disparu en 1957 à l’âge de 78 ans, Adolf Schärf en 1965 à 75 ans, Franz Jonas en 1974 également à 75 ans et Thomas Klestil, décédé à l’âge de 72 ans deux jours avant la fin de son second mandat. Parmi les deux présidents ayant pu mener à terme leur deux mandats Rudolf Kirschschläger entre 1974 et 1986 et Heinz Fischer entre 2004 et 2016, le premier occupant une place de choix dans l’histoire du pays et la mémoire collective de ses habitants. Contraint de combattre sur les fronts de l’ouest et de l’est, Rudolf Kirschschläger n’a jamais été soupçonné, contrairement à Kurt Waldheim, de compromissions avec le régime national-socialiste. Devenu juge après des études de droit, il exerça cette profession jusqu’en 1954, année au cours de laquelle il put intégrer le ministère des affaires étrangères. En quelques mois, Rudolf Kirschschläger apprend l’anglais pour pouvoir participer aux négociations du traité de l’Etat Autrichien, dont l’avenir doit être scellé par les quatre forces alliées, Etats-Unis, Royaume-Uni, France et Union Soviétique. Entre 1967 et 1970, il est nommé ambassadeur en Tchécoslovaquie et lors du Printemps de Prague en 1968, il émet de nombreux visas aux citoyens tchèques désireux de fuir leur pays. Mis à part son âge avancé, il est toutefois difficile de comparer Alexander von der Bellen avec l’un de ses prédécesseurs car abstraction faite de Dominik Wlany, 36 ans, (Cf. notre article en date du 9 octobre), il s’est affirmé comme le candidat le plus jeune d’esprit de cette campagne qu’il a su mener intelligemment avec sérénité et humour. Son principal concurrent, Walter Rosenkranz, membre du parti nationaliste FPÖ, est le grand perdant de ce scrutin. Avec seulement 18,9% des suffrages, W.Rosenkranz n’a pas été en mesure de provoquer un second tour. Au niveau présidentiel, l’Autriche se montre respectueuse et de la démocratie, et de l’environnement, ce qui fait souffler un vent frais sur cette Europe trop ombragée et tourmentée. pg5i

 

error: Content is protected !!