Un Chancelier très fier de sa mission en Chine

Olaf Scholz et Xi Jinping ou comment éviter à tout prix un dialogue de sourds ?

Allemagne/Chine/Russie – De retour de Chine et suite à l’entretien qu’il a eu avec son homologue chinois, le Chandelier Olaf Scholz a tenu à dresser, lors d’une convention du parti social-démocrate, le bilan de son très bref séjour à Pékin. Le chef de gouvernement allemand a été contraint de prendre une telle initiative car son voyage en Chine non seulement n’avait pas fait l’unanimité mais avait suscité de vives controverses au sein même de la coalition au pouvoir, de nombreux ministres estimant que le calendrier, à cause du conflit persistant en Ukraine n’était pas approprié. Par ailleurs, le fait que le Chancelier ait été accompagné d’une flopée de dirigeants d’entreprises et non des moindres puisqu’il s’agissait, entre autres, des PDG de Siemens, Volkswagen et BioNtech, laissait craindre, aux yeux de nombreux observateurs, une future mainmise de la Chine sur la première économie de l’Europe Occidentale, crainte justifiée par la prise de participation du groupe chinois Cosmo dans l’un des terminaux du port de Hambourg. Cet accord, officialisé quelques jours avant le voyage d’Olaf Scholz, n’avait pas manqué de semer le trouble dans les esprits y compris dans l’entourage du chef de gouvernement allemand. Ce dernier, dès son atterrissage à Berlin, a tenu auprès de ses amis sociaux-démocrates à justifier le bien-fondé de sa démarche. Ce dont il est le plus fier est sa vision commune avec Xi Jinping sur l’éventuel recours par Vladimir Poutine des armes nucléaires. Les deux chefs d’Etat sont à l’unisson et juges « irresponsables et incendiaires » les menaces du prédisent russe. « Il n’est pas permis, il est indéfendable d’utiliser des armes nucléaires dans ce conflit« , a-t-il déclaré. « Nous demandons à la Russie de déclarer clairement qu’elle ne le fera pas« . Quant à la question, posée par un militant, de savoir s’il est sain pour un pays comme l’Allemagne de pactiser avec un régime communiste et autoritaire, Olaf Scholz a répondu qu’il est difficile dans le contexte actuel de faire l’impasse sur un pays aussi puissant que le Chine, lequel a son rôle à jouer dans les luttes contre la famine et le réchauffement climatique mais aussi contre le surendettement d’un nombre croissant de pays de l’hémisphère sud. Quant à la dépendance de la RFA à l’égard de la Chine, le Chancelier estime que son pays a suffisamment d’armes pour la contrer. L’Allemagne doit rester capable d’agir en cas de difficultés avec la Chine, « même dans 20 ou 30 ans » a-t-il déclaré et «c’est pourquoi il faut diversifier le commerce, l’intensifier avec le Japon ou la Corée du Sud, mais aussi avec des pays comme le Vietnam ou l’Indonésie. Tout cela sera intégré dans une stratégie chinoise du gouvernement fédéral, actuellement en cours d’élaboration. »

Dans le cadre des discussions qui ont eu lieu avec les membres de son parti, le Chancelier s »est une nouvelle fois inscrit en faux contre l’idée selon laquelle le monde évoluerait de manière bipolaire laissant la porte ouverte aux deux seules  grandes puissances que sont le Chine et les Etats-Unis. Il s’oppose à tous ceux qui pensent qu’une telle division est inévitable pour le simple et unique raison que la plupart des pays du sud ne l’accepterait pas. Olaf Scholz estime, par ailleurs, qu’il est nécessaire d’être réalistes et qu’il faut savoir dialoguer, y compris avec les pays qui ne sont pas « démocratiques dans le sens occidental du terme« . Tout Etat n’agressant pas un ou plusieurs de ses voisins est un Etat où la négociation est possible. Concernant l’agression continue de la Russie contre l’Ukraine, M. Scholz a déclaré qu’un accord diplomatique était conclu à la fin de chaque guerre. Mais pour l’instant, Poutine doit renoncer à son idée d’une paix dictée, qui rend impossible une véritable paix. « Et ce serait un bon pas s’il retirait ses troupes« , a déclaré Scholz. Sur ce point, il est peu probable qu’il ait convaincu son auditoire car aucun signe tangible ne laisse envisager pour l’instant une forme d’armistice garantissant une indépendance totale de l’Ukraine comme la revendique le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Olaf Scholz a sans aucun doute su rassurer ses amis mais il est peu probable qu’il se soit mis à l’abri de toutes les critiques provoquées par son voyage éclair dans l’Empire du Milieu. kb

 

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