Stratégie vaccinale : un fiasco européen

France/Russie/Europe Orientale/ UE – Dans l’histoire de la médecine, le corona se distinguera des autres virus dans le sens où il a donné naissance en un temps record  non pas à un mais à plusieurs vaccins. Personne n’aurait imaginé, il y  a un an, qu’en l’espace de quelques mois autant de vaccins seraient à la disposition des populations pour se prévenir d’une maladie toujours chargée de mystères et c’est d’ailleurs toutes ces inconnues qui exacerbent le scepticisme. Dans la plupart des cas, on avait jusqu’à ce jour un vaccin avec ses possibles effets secondaires variables ou différents en fonction de l’état de santé du ou de la vacciné(e). Il pouvait être interdit pour les femmes enceintes, déconseillé aux hypertendus,  diabétiques, asthmatiques, insuffisants rénaux,  etc., inefficaces pour les enfants ou inutiles pour les personnes déjà immunisées ou beaucoup trop âgées pour le supporter. On le constate, un vaccin n’est jamais facile à gérer,  alors naturellement lorsque les médecins chargés de le prescrire en ont plusieurs à disposition, comme c’est le cas à l’heure actuelle avec le covid 19, ce ne sont plus seulement des décisions d’ordre sanitaire qui sont prises mais des réflexions d’ordre politique qui entrent en jeu. Que se passera-t-il si j’impose un vaccin qui risque de faire mourir ou d’invalider autant de personnes  que le virus lui-même ? Cette question, tous les dirigeants se la posent, sans vouloir l’avouer. Tous prétendent avoir commandé le nombre de doses nécessaires à  la vaccination d’un nombre suffisant de personnes pour qu’elles puissent  reprendre une vie à peu près normale mais aucun ne s’est réellement concerté avec ses voisins pour mettre en place une stratégie rationnelle d’achat et d’approvisionnement.

Une Chancelière rodée et habile

La Chancelière Angela Merkel, n’est pas à la tête de l’exécutif allemand depuis seize ans pour rien, et à ce titre, très bien placée pour savoir que pour durer en politique, il faut avant tout apprendre à rassurer. Et le meilleur moyen pour y parvenir consiste à invoquer l’Europe pour occulter les dossiers nationaux sensibles. « Je n’ai rien contre l’acquisition de n’importe quel vaccin que ce soit dès l’instant qu’il a été approuvé par l’Agence Européenne du Médicament » a déclaré la cheffe de gouvernement. Que les quelque mille personnes travaillant au sein de ce mastodonte qu’est  l’AEM, dotée d’un budget de plus de 350 millions d’euros, n’aient pas été capables de rationaliser la production et la distribution de vaccins en fonction des pays ou régions les plus ou moins touchés par le Covid 19 , restera dans cette même histoire de la médecine comme le second mystère de cette pandémie. L’Europe à plusieurs vitesses qui a déjà le vent en poupe dans les univers troubles de la finance et de la fiscalité, existe aussi et plus que jamais dans ceux, interconnectés,  de la politique, du social et de la santé. On s’aperçoit ainsi que ceux qui ont le plus de chance d’être vaccinés et d’avoir la possibilité de revivre à peu près normalement, sont ceux qui vont être prochainement appelés aux urnes. Le ministre-président de Hongrie, le bête noire de Bruxelles qui a un point commun avec son homologue allemande, en l’occurrence sa capacité à se maintenir en place, n’est pas le dernier à en avoir conscience et comme il espère que son parti le Fidesz retrouve à l’automne prochain, sa majorité au Parlement, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère  en commandant à Moscou une quantité suffisante de Spoutnik 5, ce vaccin que le magazine The Lancet considère comme l’un des plus fiables actuellement sur le marché. Viktor Orban n’a que faire du tampon de l’AEM car il est très bien placé pour savoir que les scientifiques russes sont, dans certains domaines, aussi compétents que leurs collègues occidentaux. S’ils ne demandent pas, à l’instar des Chinois d’agrément européen, c’est parce qu’ils ne souhaitent pas divulguer leurs secrets de fabrication.

Un Président ouvertement pro-russe

Le Spoutnik est déjà commercialisé dans une quinzaine de pays, dont l’Argentine, la Tunisie et le Pakistan. Le ministre-président de la République Tchèque, actuellement en période pré-électorale, n’exclut plus, lui aussi, la possibilité d’acquérir des vaccins Spoutnik 5. Son pays a actuellement le triste privilège d’être le territoire le plus touché en Europe voire dans le monde, si on s’en réfère aux statistiques de l’Université John Hopkins, il  est victime de sa réussite économique qui l’oblige à recourir à une main d’œuvre étrangère et c’est dans les régions frontalières de l’Autriche, de la Slovaquie et de la Pologne que le nombre de foyers d’infection est le plus élevé. Un nouveau Rideau de Fer sanitaire s’élève dans cette partie du centre de l’Europe et plutôt que de mettre sur pied une stratégie commune de prévention et d’éradication du virus, les gouvernement agissent de manière séparée. Quant à la solidarité entre Etats, elle n’est réelle qu’à partir du jour où la situation devient désespérée. Il a fallu attendre une explosion du nombre de personnes infectées puis hospitalisées à  Cheb, Sokolov et Karlovy Vary pour que les lands voisins allemands de Saxe, Bavière et Thuringe se décident à fournir 15.000 doses du vaccin AstraZeneca à ces trois districts ; lequel vaccin est au demeurant fabriqué en Saxe, ce qui tend à prouver que toute action caritative n’est jamais dénuée d’arrière-pensées commerciales !   Quant à la France, suite aux appels de détresse d’Andrej Babis, elle a promis la fourniture de 100.000 doses de vaccin Pfizer-BioNTech. Les Tchèques ont cru un instant qu’il s’agissait d’un « cadeau » humanitaire mais ils ont très vite déchanté en apprenant que la générosité française n’était en réalité qu’un prêt qu’ils allaient devoir rembourser. On voit mal, dans les semaines qui viennent, comment  la République Tchèque pourra sortir de l’impasse sans avoir recours à un approvisionement de vaccins en provennace de Russie, d’autant que l’ambassadeur russe en fonction à Prague a annoncé publiquement que son pays avait la capacité de production nécessaire. Le Président de la République, Milos Zeman (notre photo), a pour sa part annoncé qu’il n’attendait que le feu vert de l’autorité de santé nationale, la SUKL, pour se faire immuniser  avec un Spoutnik V. Ce fiasco à l’échelon européen de la stratégie vaccinale, le ministre-président de Hongrie, Viktor Orban, a été le premier et le seul à l’avoir vu venir et on saura à l’automne prochain à l’issue des élections au Parlement si l’homme le plus maudit à Bruxelles et à Strasbourg a été ou non celui de la situation. ts,tp et Budapester Zeitung (Adaptation en français : vjp/pg5i)

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