Soldats homosexuels : la fin apparente d’un tabou

Manifestation à Offenburg (Allemagne) contre l’homophobie

Allemagne –  Un projet de loi censé réhabiliter  et dédommager les soldats dégradés à cause de leur orientation sexuelle est en cours d’adoption au Bundestag. Cette décision fait suite à une étude intitulée « Tabou et tolérance » réalisée par le Centre d’Histoire Militaire et de Sciences Sociales portant sur la période 1955, année de la création de la Bundeswehr,  à  l’an 2000. Jusqu’en 1969, les soldats à l’instar de tous les citoyens étaient soumis au paragraphe 175 du code pénal, rédigé par les nationaux-socialistes qui stipulait que « tout homme forniquant avec un autre homme ou se laissant abuser par un autre homme pour un délit sexuel est puni d’une peine d’emprisonnement. » En 1965 et 1966, quarante cinq soldats ont été chaque année condamnés et tous ceux qui s’imaginaient que les événements de 1968, allaient contribuer à changer les mentalités se sont égarés. A l’instar de ce qui se passe aujourd’hui dans certains milieux sportifs, l’homosexualité est toujours restée une sujet tabou dans l’armée, alors qu’il est évident que tous les facteurs y sont réunis, le promiscuité et l’attirance physique, pour qu’elle s’y épanouisse, notamment chez celles et ceux  qui la refoulent dans la société civile à cause des préjugés dont elle fait toujours l’objet, y compris chez eux qui prétendent la tolérer, y compris chez eux qui  prétendent la tolérer.

Manifestation d’opposants au mariage pour tous à Paris

La ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, membre de la CDU et proche de la Chancelière a qualifié de « honteuse et scandaleuse » la discrimination dont ont été victimes ces soldats. « Je regrette beaucoup cette pratique et m’excuse auprès des personnes concernées. » Parmi les dizaines de soldats réprimés, un certain nombre étaient voués à des carrières d’officiers ou de sous-officiers.  Il sera par conséquent difficile de les dédommager proportionnellement aux préjudices causés. La ministre a déjà prévenu en déclarant à propos du gouvernement fédéral que celui-ci « ne pourra pas rendre justice à  tous ceux qui ont été lésés, il ira à la limite de ce qui légalement possible ».  Quoiqu’il en soit, cette loi destinée à réparer une injustice ne coûtera pas très cher à la première puissance économique de l’Union Européenne et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, il est fort probable que les « personnes concernées », qui sont ou seraient aujourd’hui âgées de plus de 70 voire 80 ans, ne soient plus parmi nous. Deuxièmement, il est possible que les survivants préfèrent renoncer à  un éventuel dédommagement plutôt que de raviver de mauvais souvenirs. Troisièmement, il n’est pas à exclure  que certains d’entre eux soient encore victimes de préjugés tenaces dans la société civile. Qu’on le veuille ou non, les Républiques du centre de l’Europe ne sont pas les seules où les propos et actes homophobes sont répandus. En Occident, ils ne sont pas légion, ce qui ne signifie pour autant qu’ils soient inexistants. A l’instar des blondes ou des Juifs, les pédés sont toujours prétextes à des plaisanteries glauques qui ne disent long sur le travail qu’il reste encore à faire, à commencer dans les cours d’école et sur les stades de foot.  vjp

 

 

 

 

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