Politique familiale en Hongrie : des allocations aux mamies et papys

Hongrie/UE – Comme il est de coutume en Hongrie, son ministre-président, Viktor Orban, a présenté  le week-end dernier, son programme de développement social et économique, axé cette année sur la politique familiale. Le moins qu’on puisse dire, est que ce 10 février 2019 a de forte chance de s’inscrire comme une date historique dans l’histoire du pays mais peut-être aussi de l’Europe toute entière. Fruit de treize années d’appartenance à l’Union Européenne, ce programme élaboré par un homme jeté, à la moindre occasion,  aux gémonies par les instances bruxelloise et strasbourgeoise, donne des leçons de réalisme et d’intelligence à tous ceux qui ne considèrent plus les racines de leur pays comme un élément essentiel à la construction de l’avenir.

 

Angela Merkel lors du sommet Vizegrad 2019

Fort d’une majorité des deux tiers de la population qui lui a permis d’entamer son troisième mandat à la tête du gouvernement, Viktor Orban, est le seul chef d’Etat européen à pouvoir tirer un bilan en conformité avec ses promesses, de quoi donner des sueurs froides à tous ses homologues d’Europe Occidentale, embourbés dans un climat social devenu délétère. Les antipopulistes primaires se moquaient de lui et le condamnaient lorsqu’il proclamait haut et fort que son objectif premier consistait à redonner aux Hongrois la fierté d’être hongrois. Accusé d’ultranationalisme par les plus modérés  de ses détracteurs, de racisme voire de fascisme par ses ennemis les plus virulents, le chef de l’exécutif hongrois a répondu au coup pas coup, sans failler, quitte à tenir tête aux lobbyistes les plus puissants, dont le milliardaire Georges Soros est la figure la plus emblématique. Son pari, Viktor Orban l’a réussi dimanche denier car, aux ovations d’un public acquis à sa cause, a succédé un sondage prouvant que près des trois quarts de la population applaudissent en résonance à ses propositions. Il a pris de cours les femmes et hommes politiques du centre, de gauche mais aussi de l’extrême-droite à l’égard de laquelle, contrairement à ce que prétend la presse occidentale, il n’a jamais eu d’empathie, car il a orienté sa politique en protégeant celles sans lesquelles aucune politique familiale ne peut être rationnelle, en l’occurrence les mères et grand-mères. A l’instar de tous les pays d’Europe Centrale, mais également, on l’oublie trop,  d’un majorité de territoires du Vieux Continent, la Hongrie doit composer avec une chute inquiétante de la natalité. L’Allemagne compense ce handicap en comblant le déficit démographique avec l’accueil de populations étrangères, la Hongrie et ses voisins polonais, tchèque et slovaque, membres de groupe Vizegrad, s’y opposent. Tous les quatre sont persuadés que le nombre de  naissances peut repartir à la hausse, si on garantit aux mères de famille les moyens d’assurer le bien-être à leur progéniture. Si les femmes ont moins d’enfants, c’est parce qu’elles ont contribué au développement du pays sans en tirer les bénéfices. De partout en Europe, y compris en Allemagne, celles que la presse bien pensante interdit de confiner dans l’appartenance au « sexe faible », sont sous-rémunérées et sous-classées. Elles sont défendues par des mouvements féministes qui ne sont pas socialement objectifs, car ils privilégient la liberté individuelle du corps à la nécessité de survie collective. Ces mouvements ont prospéré en Europe Centrale en encourageant les femmes à lutter pour l’avortement mais ne se sont pas rendus compte que, parmi les manifestantes, beaucoup d’entre elles défilaient pour demander davantage de moyens nécessaires à l’éducation de leurs enfants, ceux qu’elles avaient et ceux qu’elles aimeraient avoir. C’est à cette population que la presse occidentale s’est bien gardée d’interviewer, que s’adresse Viktor Orban  et ce, à un moment qui l’autorise à le faire. En trois décennies consécutives à la Chute du Mur de Berlin, les jeunes républiques d’Europe Centrale ont connu une ascension telle, qu’Angela  Merkel, en personne, est contrainte de le reconnaître.  Lors du dernier sommet du groupe Vizegrad, la Chancelière a non seulement loué les performances de ses voisins mais les a remerciés de s’associer à un programme d’aide au Maroc, destiné à limiter le flux de réfugiés en Europe.  Qui aurait imaginé, en 2016, lorsqu’Orban se battait, isolé, pour la fermeture de la route des Balkans, que trois ans plus tard un accord de ce type allait aboutir pour mettre, en partie,  fin aux malentendus.

Des mesures révolutionnaires

Si nous avons pu trouver notre place dans le concert international de la crise migratoire, comment pourrions-nous ne pas être en mesure de régler nos problèmes de natalité ? semble s’être interrogé Orban qui répond par des mesures-phares,  réalistes, raisonnées et, osons le terme, révolutionnaires. D’autant plus révolutionnaires que l’une d’entre elles s’inscrit dans la logique tout en contribuant à limiter les dépenses sociales. Ce qui coûte très cher aux finances publiques sont les aides aux personnes âgées  et celles à l’enfant.  Le meilleur moyen et le plus lucide consiste à réduire les premières en garantissant les secondes et ce,  en attribuant des allocations aux grands-parents afin qu’ils puissent s’occuper de leurs petits-enfants.  Une telle mesure que s’apprête à prendre le gouvernement hongrois va permettre de générer des économies considérables tout en contribuant à un meilleur équilibre de la société. Chacun sait, car chacun en fait un jour ou l’autre l’expérience,  que de nombreuses personnes âgées finissent leur vie  dans une maison de retraite, non pas parce qu’elles sont devenues dépendantes, mais parce qu’elles ont perdu leur conjoint ou conjointe. Ce qu’elles ne supportent plus, c’est la solitude et ce n’est pas la visite d’une aide à domicile qui vient faire leur ménage ou leur apporter leur potage qui les rend plus heureuses. En attribuant une allocation familiale à de jeunes retraités, on n’infantilise plus les personnes âgées, on met leur savoir-faire, leur expérience et leur savoir tout court au service de leurs petits-enfants. Naturellement, cette mesure ne sera pas du goût des dirigeants occidentaux qui utilisent la solitude des vieux pour créer des emplois précaires aux jeunes.  Le développement durable ne doit pas concerner que les politiques industrielle et énergétique mais concerner l’ensemble de la société, au premier rang de laquelle ceux qui en ont le plus besoin. Autre sujet, facteur d’inégalité sociale : le logement et l’accès à la propriété. Là encore le gouvernement hongrois frappe fort. Un prêt à taux réduit à hauteur de 31.000 euros sera en effet accordé à tout couple le jour du mariage et  reconductible de manière automatique sur une période de trois ans à la naissance du 1er et 2ième enfant. A la naissance du 3ième enfant, l’Etat s’engagera à prendre en charge le tiers du solde restant. Toute mère de famille ayant donné naissance à quatre enfants se verra exonérer à vie d’impôts sur le revenu. Comme on ne construit pas une famille pour seulement héberger, nourrir et éduquer ses membres, mais aussi pour les distraire et les faire voyager, le gouvernement hongrois envisage d’impliquer les constructeurs en les encourageant à construire des véhicules contenant sept passagers, dont l’acquisition et l’utilisation sous forme de locations vont faire l’objet d’une programme d’aide spécifique. Selon Viktor Orban, la Hongrie est suffisamment mûre pour prendre des initiatives courageuses. Il refuse que « l’économie s’immisce dans la politique car les classes moyennes veulent prioritairement  du travail, de la sécurité et un toit. » Il rappelle que depuis son arrivée au pouvoir plus de 800.000 emplois ont été créés, ce qui a permis de réduire les impôts au profit des enfants, de les nourrir et leur fournir des ouvrages gratuitement dans les écoles. « Le problème le plus urgent à régler concerne désormais  la situation des personnes les plus défavorisées » a-t-il rappelé tout en étant conscient qu’il sera long à régler. Pour l’y aider, le chef de gouvernement compte sur le dynamisme de ses administrés. La Hongrie est le 88ième pays le plus peuplé mais elle occupe déjà la 35ième place sur la liste des plus gros exportateurs. « Nous avons trouvé notre position dans l’économie mondiale et nos centres de recherche sont bien placés pour jouer un rôle de premier plan dans le numérique et la robotique. » Le plan d’action familiale va entrer en application des le 1er juillet prochain. (Source : Budapester Zeitung / Synthèse en français : pg5i/vjp)  

error: Content is protected !!