Pas d’alternative immédiate au populisme tchèque

République Tchèque – Qu’une majorité de Tchèques soit consciente qu’Andrej Babis n’est pas le mieux à même d’améliorer l’image de marque de leur République à l’étranger est une évidence. Qu’ils soient adhérents ou sympathisants du Parti Civique Démocrate (ODS), du Parti Chrétien-Démocrate KDU, de la formation libérale pro-européenne TOP 09, du parti régionaliste STAN prônant la décentralisation ou du mouvement Pirate, leurs divergences et programmes sont tellement distincts qu’il est impossible à court terme d’envisager une autre coalition que celle en place actuellement au pouvoir et qui permet, paradoxalement, au parti populiste de Babis de gouverner en toute sérénité avec les nostalgiques du régime soviétique et des libéraux qui sont européens à Bruxelles et anti-européens à Prague. La République Tchèque est l’exemple même de ces Républiques qui ont été privées pendant un demi-siècle de liberté d’expression et qui rattrapent ce temps perdu en interprétant à leur façon et souvent, à l’instar de Babis à des fins personnelles, la démocratie. Les valeurs telles qu’elles sont imposées par Bruxelles et les pays membres fondateurs de l’UE ne sont pas interprétées à Varsovie, Budapest, Prague ou Bratislava comme elles le sont à Paris ou Berlin. Toutes les composantes politiques agissant dans ces pays sont chargées de contradictions et il est impossible, sans ce qu’on appelle par facilité le populisme, d’en tirer la moindre synthèse.

Ursula von der Leyen : les dirigeants d’Europe Centrale, attendent d’elle un minium de compréhension

Un minimum de compréhension requis

Il faut partir de principe qu’on ne pourra reconstruire l’Europe que si on n’accepte pas un minimum de non-valeurs. Avant de porter un jugement souvent arbitraire sur les régimes dits populistes, il est nécessaire de s’interroger, à savoir si les valeurs au sens occidental du terme sont réellement universelles. La voie extrêmement dangereuse que prend le discours européen consiste à censurer tout ce qui est pour un certain nombre de peuples une évidence. Allez dire à un Polonais, un Hongrois, un Slovaque ou un Tchèque que les racines de l’Europe ne sont pas chrétiennes et vous vous retrouverez face à une personne qui vous contredira, qu’elle vote à droite, à gauche ou au centre. Et elle aura raison car sinon, comment pourrait-il venir à l’idée d’un pays foncièrement laïc et fier de l’être d’investir des centaines de millions d’euros dans la reconstruction d’une cathédrale ? Les chefs de gouvernement populistes, à l’instar d’Andrej Babis ou Viktor Orban se maintiennent au pouvoir car ils savent devenir les porte-paroles de tous ceux à qui il avait été interdit de parler et qui ont dû passer du jour au lendemain de la machine à vapeur au train à grande vitesse. Ils sont reconduits dans leur fonction car ils comprennent le sentiment profond de leur Nation. Leurs meilleurs alliés sont les réseaux sociaux qui prouvent qu’aux valeurs dites européennes, il est enfreint tous les jours, à l’ouest comme en centre de l’Europe. Leurs électeurs sont des personnes qui ont dû passer en l’espace d’une décennie d’une économie planifiée à un libéralisme à outrance sans savoir vécu les révolutions industrielles intermédiaires. Que signifient dans ce contexte des valeurs nées dans le années 50 au point culminant de la guerre froide ? Si les citoyens d’Europe Centrale et leurs dirigeants se réjouissent du départ de Jean-Claude Juncker, c’est parce que l’ancien président de la Commission Européenne n’a jamais su répondre à cette question. Pis, il a alimenté les dissensions plutôt qu’encouragé le dialogue. Tous n’attendent qu’une seule chose de la nouvelle présidente, Ursula von der Leyen, qu’elle ne fasse pas preuve de compassion mais de compréhension ! ls & vjp

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