Merkel, bientôt en bute au « scientifiquement correct » ?

Allemagne/UE – Ce qui, depuis le début de la pandémie, différenciait l’Allemagne de la plupart des autres pays européens, est l’adhésion de la population aux mesures adoptées par le gouvernement fédéral. Jamais la cote de popularité de la Chancelière n’a été aussi élevée que pendant ces longs mois au cours desquels les Allemands de tout âge et toutes catégories sociales ont été priés de renoncer à leur mode de vie mais aussi à leur us et coutumes qui, de l’autre côté du Rhin, dépassent largement le cadre national. Tout a été sujet à renoncement, le Festival de Bayreuth comme la Fête de la Bière de Munich, deux événements emblématiques dont l’annulation a suffi pour prouver à la face du monde que le Covid 19 n’était pas un virus comme les autres. A quelques exceptions près, les Allemands n’ont pas failli à l’image qui leur est habituellement attribuée, en l’occurrence celle d’un peuple organisé et discipliné.   Mais s’il en a été ainsi, c’est aussi parce que les Allemands ont pris conscience que leurs dirigeants s’étaient mieux préparés au danger d’une crise sanitaire que ne l’avaient fait ceux de pays voisins. Grâce à des structures sanitaires qui investissent davantage dans le personnel soignant que dans l’administration, les établissements hospitaliers ont certes été débordés mais jamais à un niveau aussi élevé qu’au Royaume-Uni ou dans les pays du sud de l’Europe.  A tout moment, l’offre en lits de réanimation a toujours été supérieure à la demande et la pénurie de masques, de gel ou de tout autre matériel de soin ou de prévention n’a été que de courte durée. Si la Chancelière Angela Merkel est parvenue à rallier à sa stratégie de lutte contre la pandémie toutes les composantes politiques du pays y compris dans les lands où son parti, l’Union Démocrate-Chrétienne (CDU) n’est pas majoritaire, c’est parce qu’elle a transcendé les rivalités partisanes en imposant un point de vue scientifique. Du jour au lendemain, le directeur général de l’Institut Robert Koch (RKI), Christian Drosten, qui était déjà une référence dans le domaine de l’épidémiologie, s’est transformé en stratège spécialisé dans la prévention pour devenir en l’espace de quelques mois voire de quelques semaines, le véritable porte-parole du gouvernement en matière de politique sanitaire. Tout aurait pu fonctionner pour le mieux dans le meilleur des mondes, si l’Allemagne avait été épargnée par une troisième vague. Or tel n’a pas été le cas, bien au contraire, et la RFA, considérée hier comme un modèle, se trouve aujourd’hui aussi démunie que ses voisins face au virus. Par souci de transparence, le RKI s’est fait un devoir de publier chaque jour les données statistiques concernant le nombre de personnes testées, contaminées, hospitalisées et décédées, ces statistiques  choc qui sont destinées à discipliner plutôt qu’à informer objectivement et qui permettent à la Chancelière de crédibiliser des faits pour justifier des décisions. Le passé allemand  a prouvé qu’il est possible de mobiliser les foules avec des mots et des invectives mais l’histoire contemporaine démontre qu’il est impossible d’en faire de même avec les chiffres. Depuis quelques jours, s’élèvent en Allemagne des voix remettant en cause les mesures gouvernementales qui n’auraient pas conduit à une nouvelle vague épidémique si elles avaient été réellement efficaces. Tous ceux qui s’élèvent contre ce statistiquement et scientifiquement correct ne sont pas seulement ignorés, ils sont déjà tenus responsables des morts à venir.

 

Ce bilan détaillé publié par l’Institut Robert Koch, en attestant une surmortalité chez les seules personnes très âgées, sème le trouble chez les Allemands mais aussi chez certains épidémiologistes et virologues qui jugent excessives les mesures adoptées par le gouvernement. Si, malgré le confinement,  la privation des fêtes de fin d’année et la fermeture des stations de sports d’hiver, le nombre de contaminations poursuit son ascension, il faudra alors s’attendre à ce que les pouvoirs publics soient contraints de revoir de A à Z  leur stratégie de lutte contre la pandémie. Sur ce graphique: nombre de décès par tranche d’âge (Source:RKI)

Des voix dissidentes et coupables

Dans un message publié récemment sur Twitter, et intitulé « SchwereSchuld » (grave culpabilité), Christian Drosten va même plus loin en estimant qu’une fois la pandémie éradiquée, le moment sera alors venu de condamner ou de sanctionner les auteurs d’attaques à l’encontre de scientifiques « sérieux ». Cette suggestion a fait sortir de ses gongs, Andreas Rosenfelder, chroniqueur au quotidien Die Welt qui écrit de sa plume acérée : « Drosten laisse ouverte la question de savoir qui, exactement, il veut soumettre à son jugement dernier mais on peut imaginer que son attaque vise également ses collègues universitaires qui, depuis des mois, demandent avec de bons arguments que des mesures ciblées soient prises pour protéger les maisons de retraite au lieu d’imposer de nouveaux verrouillages à la société dans son ensemble et que va-t-il advenir des médias qui ont permis à ces dissidents de s’exprimer ? » A.Rosenfelder estime qu’une « pandémie n’est pas une question de blâme mais le prétexte à assumer la responsabilité d’une stratégie même quand elle n’atteint pas son objectif et de le faire  en corrigeant et en se basant sur les faits. » Ces faits, Christian Drosten est le premier à les connaître étant donné que c’est l’organisme qu’il dirige ou plus exactement qu’il gouverne qui les publie. 87% des personnes décédées étaient âgées de plus de 70 ans, dont respectivement 45,2 et 21,1% de plus de 80 et de 90 ans et à peine 4,2%  de moins de 50 ans. A l’instar de l’Allemagne, tous les pays ou presque s’orientent vers des campagnes massives de tests qui révèlent à quelques points près les mêmes proportions chez les personnes déclarées positives. Face à l’explosion prévisible du nombre  de personnes infectées, les dirigeants vont-ils s’orienter vers une totale paralysie de l’économie ? Après avoir été pendant des siècles en bute à la lutte des classes, nos sociétés contemporaines risquent de se voir confrontées à une très malsaine guerre de générations. Depuis le début de la crise sanitaire on nous parle d’aînés qu’il faudrait à n’importe quel prix protéger. Or, dans cette catégorie se trouve une tranche de la population, les 60 – 75 ans, dont le poids croît d’année et année (plus 26% en France entre 2010 et 2020, soit avec 11 millions d’individus et 16% de la population) . Les dernières statistiques de l’INSEE prouvent que ce sont les 60-75 ans  qui sont les plus engagés dans la vie associative et tout devrait être mis en œuvre pour que ces personnes  soient peu ou pas du tout confinées, ce sont elles qui devraient être testées et éventuellement vaccinées en priorité car elles représentent à elles  seules, plus de 36% des adhérents. Non seulement, elles sont le meilleur vecteur de communication mais elles sont aussi un facteur déterminant dans la lutte contre les inégalités. On ne gère pas une pandémie avec un seul comité scientifique mais en associant toutes les composantes de la société pour l’éradiquer. Les personnes qui remettent en cause des mesures qui ne portent pas les fruits qu’on attendait d’elles ne sont pas forcément des complotistes cherchant à déstabiliser des régimes en place mais le plus souvent des bénévoles valides et des retraités actifs, tous lucides face aux aléas de la vie. kb & vjp

 

Ce bilan détaillé publié par l’Institut Robert Koch, en attestant une surmortalité chez les seules personnes très âgées, sème le trouble chez les Allemands mais aussi chez certains épidémiologistes et virologues qui jugent excessives les mesures adoptées par le gouvernement. Si, malgré le confinement,  la privation des fêtes de fin d’année et la fermeture des stations de sports d’hiver, le nombre de contaminations poursuit son ascension, il faudra alors s’attendre à ce que les pouvoirs publics soient contraints revoir leur stratégie de lutte contre la pandémie.

error: Content is protected !!