Macron et la Bulgarie : plus qu’un impair, une honte !

Bulgarie/Ukraine/France/UE – Les autorités bulgares n’auraient-elles pas été choquées par les propos d’Emmanuel Macron, elles n’auraient alors plus leur place dans l’Union Européenne et il est regrettable que la Commission de Bruxelles n’ait pas réagi au point de vue, très (trop !) personnel émis par le chef d’Etat français à l’adresse des citoyens de la République des Balkans. En déclarant « je préfère avoir des gens qui viennent de Guinée ou de Côte d’Ivoire légaux, qui sont là et qui font le travail que des filières bulgares ou ukrainiennes clandestines», Emmanuel Macron trahit, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, son incompétence en matière d’immigration.

Emmanuel Macron avec le 1er ministre bulgare. Les Bulgares, on ne les aime que pour contourner les sanctions exercées contre la Russie

Premièrement, si des Guinéens et des Ivoiriens sont autorisés à travailler légalement, c’est parce que la France, en tant qu’ancienne puissance coloniale a une dette à l’égard de l’Afrique, deuxièmement s’il y a des filières bulgares et clandestines, c’est parce que les structures françaises ne sont pas suffisamment efficaces et leur personnel suffisamment compétents pour y mettre un terme. Ce ne sont pas les travailleurs bulgares et ukrainiens qui sont responsables mais les entreprises françaises qui les emploient. Troisièmement, il est inadmissible de mettre tous les étrangers venus tenter leur chance en France dans le même panier et il est, moralement et politiquement, extrêmement dangereux d’amalgamer les Bulgares et les Ukrainiens avec des Africains car les contextes sont diamétralement opposés. Si les premiers sont aussi nombreux à venir en occident, c’est parce que la France et l’Allemagne ont exercé des sanctions économiques contre la Russie qui a toujours été, est toujours et sera encore longtemps leur premier marché de proximité. Enfin, ce qui est le pire de la part d’un homme dont l’intelligence ne peut être remise en cause, est sa méconnaissance totale de la société bulgare qui est, à l’instar de la roumaine, de plus en plus ingérable au fur et à mesure qu’elle tente de s’intégrer dans la famille européenne (1). Si les Bulgares fuient de plus en plus leur pays, imitant ainsi leurs voisins polonais, tchèques, hongrois, lituaniens, etc. c’est parce que l’Europe, dont la France se prétend un des moteurs, n’a pas su tenir ses engagements. Leur intégration dans l’Union Européenne les a appauvris plutôt qu’enrichis et ce n’est pas parce le PIB de la Bulgarie est plus élevé que le moyenne européenne que ses habitants vivent mieux. Comment peut-on reprocher à un médecin bulgare qui, après 15 ans d’expérience, gagne à peine mille euros nets par mois, de ne pas aller tenter sa chance en occident où, en travaillant sur un chantier, il percevra deux fois plus ?


Centre de détention russe sur l’île bulgare de l’Ebéné : il a été érigé sur ordre de Staline au lendemain de la seconde guerre mondiale et demeuré opérationnel jusqu’en 1991 ! Un pan de l’histoire européenne dont les occidentaux ne veulent plus entendre parler.

Déni de l’Histoire !
Que la France ait toujours eu des problèmes avec les « étrangers » est une évidence, qu’elle en provoque aujourd’hui avec des « étrangers européens » est tout simplement une ineptie. Comment peut-on prétendre construire une Europe juste et égalitaire et en même temps entretenir à des fins de politique intérieure tous les préjugés dont sont encore victimes les citoyens d’Europe Centrale et Orientale ? Pourquoi ces derniers sont-ils, à l’heure actuelle, les premières victimes d’une crise migratoire que l’Europe ne maîtrise plus tout simplement parce qu’elle ne l’a pas vu arriver, encore moins su en mesurer les conséquences? Dans l’indifférence totale, on expulse chaque jour actuellement des territoires français et allemand, des milliers de jeunes Albanais, Géorgiens ou Ukrainiens qui sont les héritiers de la culture européenne et ce, comme s’ils étaient des parias, des parasites et des semeurs de trouble. Plutôt que de les chasser comme des malfrats, il faudrait au contraire les protéger, les former et les inciter à repartir chez eux avec un bagage dont ils ont été privés pendant près d’un demi-siècle à cause d’un régime totalitaire. A quoi cela a-t-il servi de lever le Rideau de Fer , si trente ans après, on encourage, cautionne et légalise une forme nouvelle de « déportation » civile ? A quoi cela a-t-il d’investir chaque année des dizaines de millions d’euros dans des ambassades, des consulats, des instituts culturels, des agents de l’Alliance Française, des « apprenants » de la langue de Molière dans des lycées français à l’étranger, si au bout du compte tous ces efforts, qui ont coûté très cher aux contribuables français,  se soldent par un mépris total à l’égard de tous ceux à qui on a voulu faire croire que la France était le plus beau pays du monde alors qu’elle devient le moins accueillant. Il est grand temps que les Français se réveillent et se rendent compte qu’on est en train de les rendre complices d’une politique incohérente qui pénalise voire criminalise des Européens innocents qui ne portent aucune responsabilité dans le  développement néfaste à tous de notre société. L’occident a toujours eu de l’empathie à l’égard des ressortissants d’Europe Centrale et Orientale lorsqu’ils contribuaient à sa prospérité en descendant au fond de ses mines souvent au péril de leur vie, il les a oubliés pendant près de 50 ans et se flatte de leur avoir redonné la liberté. Pour être logique avec lui-même, ce même occident les a autorisés à voyager, leur a délivré des visas-touristes sans s’interroger un seul instant, à savoir s’ils allaient venir pour photographier la Tour Eiffel ou pour tenter leur chance dans un monde nouveau dont leurs parents et leurs grands-parents ont été privés. Les propos tenus par Emmanuel Macron sont un déni de la réalité historique et une atteinte à la mémoire de tous ceux qui se sont battus dans des camps qu’on leur a imposés. Faut-il rappeler au Président de la République Française que des milliers d’européens du centre et de l’est de l’Europe ont été enrôlés de force dans l’Armée Rouge après la signature du pacte germano-soviétique, puis quelques mois plus tard dans la Wehrmacht. La « paix » revenue, ils ont continué à subir toutes les humiliations en étant annexés. Beaucoup furent déportés en Sibérie car, pour avoir été faits prisonniers, considérés comme des traitres à l’Union Soviétique. Des centaines de Géorgiens se sont retrouvés bloqués en France où ils n’avaient d’autre choix que d’y rester. Certains ont travaillé plus de quarante ans dans les usines de Peugeot à Sochaux, n’ont jamais pu revoir leurs épouses, leurs enfants, leurs familles et leurs amis. Ils sont inhumés en France car, même de leurs dépouilles, les héritiers de Staline ne voulaient pas. Comment peut-on aujourd’hui expulser sans ménagement les descendants de tous ces héros de l’ombre ? C’est la question qu’auraient dû poser les interviewers de « Valeurs Actuelles » à Emmanuel Macron. Ils ne l’ont pas fait et c’est fort dommage ! Vital-Joseph Philibert

(1) A nos lecteurs : au lendemain des élections européennes, nous avions publié un article intitulé « Pour sauver l’Europe : sauvons la Bulgarie ! » sur les résultats qui montraient à quel point ce pays est encore ingérable à cause notamment de son entrée dans l’Union Européenne, laquelle a contribué, au nom d’une démocratie de façade, à exacerber les problèmes plutôt qu’à les résoudre. Nous le republions en accès libre afin que nos lecteurs puissent le relire (Rubrique « Bulgarie » sur notre page d’accueil)  .

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