L’opposition hongroise en quête d’un leader

Hongroise – Partie unie lors des élections municipales qui se sont déroulées à l’automne dernier, ce qui lui a permis de prendre le pouvoir dans un nombre conséquent de villes, dont la capitale Budapest, l’opposition s’est sentie poussée des ailes et s’imagine pouvoir réitérer ses performances lors des législatives de 2022. Elle a quelques mois devant elle pour trouver un leader susceptible de faire une synthèse entre les divers courants qui n’ont en commun qu’un seul leitmotiv : battre coûte que coûte le parti au pouvoir depuis dix ans, le FIDESZ, tenu de main de maître par le ministre-président, Viktor Orban, qui semble de plus en plus indétrônable malgré toutes les invectives proférées à son encontre.

Ferenc Gyurcsany, un retour inattendu mais pas forcément désiré

Celui à qui il est reproché de poser les bonnes questions et d’aborder les vrais problèmes sans y apporter les réponses et remèdes adaptés au « politiquement correct » imposé par la Commission Européenne au cours des longues années où elle a été présidée par un homme qui l’accusait abruptement d’être une « petit dictateur », ne sera pas facile à déloger, car au bout du compte tous ceux qui le condamnaient hier  n’ont d’autres choix que de l’imiter aujourd’hui. La crise généré par le corona virus le confirme et, à l’écoute des propos tenus par Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée du 12 mars, on avait vraiment l’impression d’entendre Orban, en 2015, lorsque celui-ci rappelait que l’Europe a été construite pour que les peuples européens se solidarisent en tenant compte de leur passé commun.

Klara Dobrev: ce serait tellement mieux sans un grand-papa communiste !

Des candidats et une candidate
Le problème qu’a toujours eu Viktor Orban avec certains de ses homologues européens, provient du fait qu’il est hors de question pour lui de parler de culture et d’histoire communes en occultant ce qui en fait leur ferment, en l’occurrence les racines chrétiennes de l’Europe. C’est grâce à cette conception de la construction européenne qu’il développe son propre pays. Au nom du christianisme, il met l’accent sur les vertus de la famille et recueille ainsi l’adhésion d’une majorité d’électeurs qui ne sont pas tous pro-Orban mais s’en satisfont car jusqu’à ce jour aucun opposant n’a trouvé le ou les idées lumineuse(s) susceptibles de le contrecarrer. Parmi les adversaires plus ou moins officiels de Viktor Orban, réapparaît depuis quelques semaines l’ancien président du parti socialiste hongrois, MSZP, Ferenc Gyurcsany, ministre-président de 2004 à 2009, lequel n’a pas laissé que des bons souvenirs. Bien qu’accusé d’avoir réprimé brutalement des manifestations et d’être impliqué dans de sordides affaires de corruption, Ferenc Gyurcsany a cru bon de se refaire une santé politique en créant son propre parti le DK (Demokratikus Koalicio) mais peine à s’imposer car il demeure l’un des hommes politiques les plus impopulaires du pays. S’il intervient publiquement en tant que président du DK, il agit aussi en coulisse en envoyant au charbon sa troisième épouse qui tente d’apparaître sous son nom de naissance, Klara Dobrev, comme une possible alternative à Orban. Mais le problème avec cette femme ambitieuse naît de sa filiation avec l’ancien ministre communiste de l’Industrie, Antal Apro, dont elle est la petite fille. Apro demeure dans l’histoire récente de la Hongrie celui qui a été tout à la fois l’œil et l’oreille du Moscou, un fidèle du Kremlin dont l’ombre plane encore dans le landerneau politique. La petite-fille, devenue politiquement adulte a beau avoir pris officiellement ses distances avec son grand-papa, il n’en demeure pas moins que son époux ne cache pas ses amitiés avec Vladimir Poutine qu’il a invité à son domicile personnel. Personne ne croît un seul instant que les deux partis MSZP et DK qui détiennent respectivement vingt et neuf sièges au Parlement puissent d’ici 2022, battre le Fidesz d’Orban représenté par plus de 65% des députés. Pour que le miracle s’opère, il faudrait qu’une troisième et une quatrième forces s’allient aux deux formations historiques qui survivent sur les cendres d’un régime dont une majorité de Hongrois ne veut plus. De candidats potentiels, le pays ne manque pas mais ce qui lui fait défaut, c’est un minimum de cohésion, ce qui semble difficile car il faudrait que les ultraconservateurs du Jobbik trouvent un terrain d’entente avec le mouvement Momentum et le parti nouvellement créé par le maire fraîchement élu de Budapest, Gergely Karacsony, le PM (Parti du Dialogue pour la Hongrie), dont le nombre d’adhérents est encore limité. Karacsony est pour l’instant tout ce que Gyurcsany, n’est pas, populaire, tolérant et intègre, trois qualités qu’attendent les Hongrois dont la majorité est lasse de se voir accusée de populisme, ce qu’elle n’est pas davantage que d’autres populations européennes. Il n’est naturellement pas impossible qu’on assiste à un éparpillement des voix, ce qui aboutirait à une irréversible coalition. Ce serait alors un scénario à l’allemande et non plus à la française comme c’est actuellement le cas. Personne ne s’hasarde à des pronostics, surtout à une époque où tout événement inattendu, à l’instar du coronavirus, peut du jour au lendemain changé la donne. (Source : Budapester Zeitung)

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