L’incontournable Angela

Angela Merkel, étudiante

Allemagne/France/UE – Angela Merkel a déjà réussi le pari de  voir son nom figurer  longtemps dans l’Histoire de la République Fédérale d’Allemagne et il est fort à parier que dans cent ou deux cents ans, elle occupera non pas une page mais un chapitre tout entier dans les ouvrages destinés aux écoliers, collégiens, lycéens et étudiants. Au cours des 73 premières années d’existence de la RFA, elle aura été la première femme nommée à la tête de la Chancellerie, la première à avoir grandi dans l’ex-République Démocratique d’Allemagne, la première à avoir présidé l’Union des Démocrates Chrétiens (CDU) mais aussi la première à avoir égalé Helmut Kohl, le père de la Réunification, en terme de longévité à la tête du gouvernement. En effet, seul un grave problème de santé que personne ne lui souhaite, pourrait lui empêcher de mener à terme son quatrième  mandat ; lequel va s’achever en 2022, soit plus de seize ans et autant que son illustre prédécesseur. Si elle le souhaitait, une majorité d’Allemands ne serait pas opposée à ce qu’elle s’engage  une cinquième fois, tant sa popularité est restée intacte.

En situation de crise, la Chancelière allemande sait trouver les mots justes

Des pics à plus de 80% !

De tous les chefs de l’exécutif de SA République mais aussi de tous les dirigeants européens, elle est la seule à ne jamais avoir été désavouée par son peuple. En 2005, lorsqu’elle arriva au pouvoir en tant que discrète et habile  fille spirituelle du 6ième Chancelier, elle recueillit 72% d’opinions favorables. Mises à part les années 2010 (52%) et 2018 (54%), jamais sa cote de popularité n’est descendue en dessous des 60%, ce qui est unique dans un pays démocratique où les forces d’opposition ont la possibilité de contrer le pouvoir en place. Mais ce qui est fascinant chez cette femme, cette « Mutti » comme l’appellent ses compatriotes,  est sa capacité à gérer les crises. A la veille et pendant la crise migratoire elle est parvenue à battre des records de 86% en 2014 et 85% en 2015 ,  ce qui aurait été inimaginable dans tous les autres territoires de l’Union Européenne. Avec son « Wir schaffen es ! » (Nous y arriverons !), elle est parvenue à convaincre une forte majorité d’Allemands que « l’étranger » est davantage une force qu’un handicap. Depuis 2015, la CDU demeure le premier parti de la République. Bien que désavouée par un majorité de ses partenaires européens dans le cadre des quotas qu’elle aurait été aimée voir imposer par l’Union Européenne, elle est demeurée fidèle à ses convictions personnelles. Contrairement à ses quatre collègues français Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron qu’elle a pu côtoyer, elle est parvenue à marginaliser l’extrême-droite qui demeure très minoritaire (entre 8 et 11% selon les dix derniers sondages). Mieux que tout autre dirigeant européen, elle a su rehausser le débat politique et  réussir la transition  énergétique qui a permis à son pays en 2019 de couvrir 50% de ses besoins en énergies renouvelables (16,6% en France). Et si les derniers sondages la gratifient de 82% d’opinions positives, c’est parce qu’elle a su trouver les mots justes pour affronter la crise sanitaire. A aucun moment, il ne lui est venu à l’idée de parler de guerre, un mot qu’on utilise avec circonspection dans ce pays qui vit encore dans l’ombre du second conflit mondial et à qui il est parfois reproché de n’avoir pas soldé toutes ses dettes. Plutôt que de  « guerre », elle a parlé de solidarité, de responsabilité et surtout de tolérance. Elle est une femme de pouvoir sans être féministe, elle est pragmatique, elle est toujours égale à elle-même avec ses vêtements qui l’engoncent et lui serrent le thorax. Peu importe les apparences, elle n’a pas été élue pour séduire mais pour gouverner et réfléchir.  vjp

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