Les « écoterroristes » deviennent un boulet pour les Verts

Herbert Reul : il sollicite un audit du mouvement « Dernière génération »

Allemagne- Les actions menées par le mouvement de contestation en faveur du climat « Letzte Generation » (LG) qui jusque là revêtaient un caractère essentiellement médiatique prennent depuis peu un tournant foncièrement politique. Les membres de LG sont dans le collimateur de tous les dirigeants depuis l’accident qui a eu lieu récemment à Berlin dont la victime n’a pas pu être prise en charge à temps par les équipes de secours, ces derniers ayant été retardés par le blocage d’une autoroute. C’est la première fois que les activistes se trouvaient dans une telle situation, celle de se voir accusés d’avoir mis en danger la santé d’autrui. Les organisateurs du blocage se sont naturellement excusés et ont été les premiers à regretter les conséquences de leur initiative mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits et depuis plusieurs semaines les politiques montent au créneau pour qu’il soit un terme à des opérations qu’ils n’hésitent pas à décrire comme une forme « d’écoterrorisme », certains allant même à les comparer aux actions menées dans les années 1970-1980 par la fraction armée rouge. Cet amalgame, le ministre chrétien-démocrate de l’Intérieur du land de Rhénanie du Nord – Westphalie, Herbert Reul l’a fait en déclarant ce week-end au micro de la radio nationale Deutschlandfunk, qu’il se passait chez les activistes « des choses qui peuvent devenir très dangereuses».

Cem Özdemir, ministre fédéral de l’agriculture: il qualifie de « contre-productives » les méthodes des activistes du climat.
Omid Nouripour, secrétaire général des Verts : selon lui, « Dernière génération » met en danger la démocratie.

« Cela n’a plus grand-chose à voir avec la démocratie »

Reul veut à tout pris savoir combien « Letzte Generation » compte d’adhérents et combien parmi eux sont déterminés pour entraver le système politique. « Pas tous, mais certains des protestataires sont connus de l’extrême-gauche » a-t-il poursuivi tout en se réjouissant de l’état des lieux décidé la semaine dernière par tous les ministres régionaux de l’Intérieur. Mais les représentants de l’opposition ne sont pas les seuls à s’inquiéter des dérives de LG, qui deviennent de plus en plus impopulaires et s’avérer électoralement dangereuses. Dans ce cas, le parti de Verts serait le premier à se voir pénalisé. Cette problématique mérite un petit rappel historique. La création du mouvement « Letzte Generation » qui s’est fait connaître par des grèves de la faim a coïncidé à quelques semaines près avec l’arrivée des Verts au gouvernement. En sonnant l’alerte sur la dégradation du climat, LG a contribué à faire des Verts un parti de gouvernement, ce qui l’a incité à s’engager sur des voies beaucoup plus audacieuses. Mais à l’instar de toutes les révolutions, celle des activistes du climat a ses limites, y compris chez ceux qui manifestaient de gré ou de force une centaine empathie à son égard. « Trop, c’est trop ! » s’exclament aujourd’hui tous ceux qui, sans l’écologie, ne seraient jamais arrivés au pouvoir ou n’auraient jamais pu siéger au Bundestag. Face à l’impopularité croissante des activistes du climat, ces personnalités se voient désormais contraintes non seulement de ne plus les soutenir mais de les condamner. Obligées. Il en va ainsi de Cem Özdemir qui qualifie les actions de lG de «contre-productives ». Le ministre vert de l’agriculture a récemment déclaré qu’il n’avait « pas du tout envie que quelques personnes contribuent, par le bruit, à mettre en danger les majorités en faveur de la protection du climat ». Le secrétaire général des Verts, Omid Nouripour, tient des propos similaires lorsqu’il déclare « qu’à partir du moment où l’on s’attaque à des infrastructures critiques, où des personnes sont menacées et où des ultimatums sont lancés, cela n’a plus grand chose à voir avec la démocratie ». kb

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