Les Allemands continuent à déserter les églises

Allemagne – L’église catholique allemande n’est plus la seule à voir fuir ses fidèles et l’église protestante doit elle-aussi faire face à la désertion de ses lieux de cultes. Le bilan publié par l’Eglise Evangélique (EKD / Evangelische Kirche Deutschlands) laisse en effet apparaître que 380.000 membres ont leur démission en 2022, une donnée chiffrée qui a été qualifiée par la présidente du conseil de l’EKD, Mme Annette Kurschus, de « déprimante ».

Un défi de taille pour Annette Kurschus : redorer le blason de l’Eglise protestante allemande.

Ce recul n’est pas nouveau mais il est toutefois sans précédent car il dépasse largement celui enregistré en 2005 et 2021, deux années au cours desquelles respectivement 120.000 et 280.000 personnes avaient décidé de se séparer de leur croyance. Le conseil de l’EKD justifie en partie cette chute au nombre très importants des décès, 365.000 au total, comparativement à celui des baptêmes qui ne s’est élevé qu’à 125.000, soit une différence de 240.000. Actuellement, le nombre d’Allemandes et Allemands se déclarant adeptes du protestantisme s’élève à 19,5 millions, un nombre qui, selon toutes les études, va être amené à diminuer d’année en année. Selon les prévisions nationales, les deux grandes églises catholique et protestante, pourraient perdre la moitié de leurs membres d’ici 2060, ce qui aurait des conséquences dramatiques sur leurs finances. A l’instar de l’église catholique (Cf.notre article en date du 1er juillet 2022), l’église protestante va devoir se confronter « à des changements extrêmement profonds » pour reprendre l’expression d’Annette Kurschus, laquelle va s’efforcer de « créer des offres adaptées à toutes les générations et à toutes les phases de la vie». Il est évident que les scandales qui ont secoué l’église catholique, ont indirectement rejailli sur toutes les autres confessions. A cela, se sont ajoutées les crises économique et énergétique qui obligent les Allemands à économiser le moindre denier et comme il est plus aisé de survivre sans prière plutôt que sans pain ou chauffage, beaucoup ont préféré ne plus s’acquitter de l’impôt alloué aux églises qui représente entre cinq et huit pour cent de leurs revenus imposables. kb

A propos de l’Église évangélique d’Allemagne (EKD)

L’Église évangélique d’Allemagne (EKD) est la communauté de 20 Églises régionales protestantes (luthériennes, évangéliques, réformées et unies) de la République fédérale d’Allemagne, auxquelles adhère près du quart de la population.  Les organes directeurs sont le synode composé de 128 membres, la Conférence des Eglises, regroupant les représentants des Eglises régionales, et le Conseil, qui compte 15 membres.

Les différentes Eglises régionales sont indépendantes, mais l’EKD coordonne une action unifiée. Ses tâches touchent principalement les relations avec les autorités publiques et les Églises partenaires à l’étranger. L’EKD publie régulièrement des mémorandums sur des questions éthiques, sociales, politiques et théologiques. L’EKD est également responsable de la publication de la Bible de Luther et du recueil de cantiques. Son budget en 2022 s’élevait à 246,1 millions d’euros.

Le synode 2021 a été marqué aussi par la progression des femmes aux postes de direction de l’Eglise. Trois femmes se trouvent désormais à la tête de l’EKD. Kristen Fehrs, 60 ans, a été élue comme adjointe d’Annette Kurschus, et Anna-Nicole Heinrich, 25 ans, préside depuis mai le parlement de l’Église. Avec huit femmes et sept hommes, le Conseil de l’EKD a dépassé le seuil de la parité des sexes. Ce qui correspond au fait que, depuis longtemps, les femmes sont plus nombreuses à s’engager dans les Eglises protestantes. (Nombre de mots: 542)

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