Le retour espéré de la diaspora roumaine

Roumanie – Est-ce parce que la ville roumaine de Timisoara est cette année la capitale européenne de la Culture et qu’à ce titre elle attire davantage de visiteurs qu’à l’accoutumée, toujours est-il que le cinquième congrès « Smart Diaspora » qui s’y est récemment déroulé, a battu un record en terme de participation.

L’objectif de ce rassemblement dont la première édition a eu lieu en 2008 à Bucarest consiste à encourager les cerveaux ayant pu fuir le pays après sa libéralisation de revenir au bercail. Quatre cents représentants de la diaspora scientifique en provenance d’Etats membres de l’Union Européenne mais aussi du Royaume-Uni, des Etats-Unis, d’Australie, de Singapour et du Japon ont répondu favorablement à l’invitation pour y rencontres 550 de leurs collègues roumains et quelque trois cents professeurs d’Universités appartenant à l’alliance Timisoara Universitate. Après avoir été chaleureusement accueillis par le président de la République Klaus Johannis, les membres de la diaspora ont eu droit à l’appel du premier ministre Nicolae Viuca qui leur a déclaré : «  Pour beaucoup d’entre vous, la maison physique n’est plus la Roumanie. J’appelle l’ensemble de la classe politique à faire en sorte qu’à partir d’aujourd’hui, votre domicile intellectuel et professionnel soit la Roumanie. J’espère qu’il s’agit d’une première étape pour que notre pays devienne à l’avenir, pour vous, vos familles et, pourquoi pas, vos collaborateurs de l’étranger, également une maison physique, un lieu d’opportunités et de développement personnel et professionnel.».

Sebastian Burduja, 38 ans, ministre roumain de la recherche: il espère voir ses compatriotes retrouver les Carpates.

Une matière grise avec peu de moyens

Le chef du gouvernement a par ailleurs informé son auditoire que 120 subventions de recherche de plus d’un million d’euros seront assez rapidement mises à la disposition de chercheurs roumains ou étrangers. Cette manne devrait contribuer à « constituer une masse critique d’excellence, une masse critique nécessaire à un changement de paradigme, à une transformation de l’économie roumaine d’une simple production basée sur un savoir-faire étranger à une production basée sur la recherche, le développement et l’innovation nationaux. » Il est également prévu qu’un groupe de travail interministériel soit créé « afin de débureaucratiser la gestion des subventions dans le domaine de la recherche». Et c’est au  ministre chargé de la Recherche, de l’Innovation et du Numérique Sebastian Burduja, qu’il incombera la responsabilité d’identifier les cinq domaines scientifiques que l’équipe gouvernementale s’engagera à promouvoir prioritairement. Ce dernier a tenu à préciser que le budget alloué à la recherche avait augmenté cette année de 70%, ce qui prouve l’intérêt que portent les autorités au monde scientifique. « Je pense que ce pays a probablement la matière la plus importante qu’un pays puisse souhaiter : la matière grise. Les Roumains de la diaspora ne sont pas seulement une possibilité d’accès à cette valeur, mais ils représentent également le lien de la Roumanie avec le marché mondial des idées » a-t-il précisé. Les chercheurs membres de la diaspora ont écouté avec la plus grande attention les propos tenus mais il est toutefois peu probable qu’ils consentent au rapatriement. Leur pays d’origine n’a consacré en 2021 que 0,5% de son produit intérieur brut à la recherche et au développement, s’inscrivant ainsi à la dernière place au sein de l’Union Européenne. La progression évoquée par M.Burduja, ne compense qu’une infime partie du retard cumulé au cours des dix dernières années. Par ailleurs, la Roumanie n’est toujours pas parvenue à mettre fin à la corruption et à cause de la guerre en Ukraine, dont elle est la première à subir les conséquences, il est évident qu’à court terme elle devra privilégier les investissements dans la défense et la sécurité, ce qu’elle fait déjà en renouvelant sa flotte aérienne. Compte tenu de tous ces paramètres, les scientifiques et chercheurs,  par définition réalistes, vont réfléchir à deux fois avant de sacrifier leurs rémunérations étrangères au nom du patriotisme. adz & pg5i

 

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