Le gouvernement allemand se prépare à un cataclysme viral

Allemagne/UE – Les deux membres les plus emblématiques du gouvernement de coalition, Ola Scholz, social-démocrate en charge des finances et Peter Altmaier, ministre chrétien-démocrate de l’économie, avaient annoncé dès le déclenchement de la propagation du coronavirus le lancement d’un programme d’aide spécifique « All in » censé indemniser et soutenir le maximum d’entreprises concernées, directement ou indirectement, par ce fléau qui risque de prendre une dimension que personne n’est en mesure d’estimer.

Le leitmotiv est clair : dans une crise de cette ampleur, ce serait une grave erreur que de vouloir « économiser à posteriori » et il est indispensable de débloquer des fonds avant même que le mal empire. L’Allemagne, contrairement à la France, semble avoir été beaucoup mieux dirigée, car ce ne sont pas moins de 460 milliards d’euros, qui pourront être mis à disposition pour pallier aux urgences, « un ballon d’oxygène », pour reprendre l’expression de Scholz, qui pourra, en cas de nécessité être complété par 93 milliards supplémentaires, soit 22 fois plus que ce que sa compatriote, Ursula von der Leyen, a annoncé au titre de la première enveloppe prévue par la Commission Européenne.

Peter Altmaier et Olaf Scholz, deux ministres unis pour se prévenir du pire

Un virus pour reconstruire l’Europe
L’attribution de ces fonds reposera sur quatre piliers qui vont consister, premièrement, à alléger les législations en matière de travail en temps partiel (une loi en urgence a été adoptée en collaboration avec l’agence fédérale du travail), deuxièmement à étaler voire annuler certaines charges patronales et salariales, troisièmement à garantir un minimum de trésorerie aux entreprises et quatrièmement à coordonner les efforts nationaux avec les mesures prises à l’échelon européen. Quitte à se faire accuser de cynisme, il faut reconnaître le Covid-19 aura eu l’avantage de réveiller les consciences politiques et de prouver que les trop-pleins financiers sont plus utiles lorsqu’on les voue aux priorités et non plus aux lourdeurs administratives et à la bureaucratie. Les entreprises vont-elles se réjouir de ces mesures et se laisser impressionner par un volume d’aides en apparence « kolossal » ? Ce n’est pas sûr car, à bien y réfléchir le soutien prévu et les sommes bloquées risquent de ne couvrir que partiellement les besoins des petites et moyennes entreprises dont le gouvernement a pris conscience, qu’elles sont le moteur de l’économie. En 2018, la République Fédérale comptait 3,467 PME du plus de cinquante salariés. Le programme « All in » devrait permettre à chacune d’entre elles de percevoir en moyenne entre 232.679 et 159.365 euros, ce qui correspond au salaire brut annuel du gérant ou d’un cadre dirigeant. Si on venait à faire un calcul identique avec les subventions exceptionnelles prévues par la Commission Européenne, ce ne serait alors que d’une peau de chagrin, dont devraient se contenter les entreprises. Si la paralysie de l’économie se poursuit au-delà de la quarantaine dont il est question, tous les gouvernements, qu’ils le veuillent ou non et quelles soient leurs couleurs politiques, seront bien obligés de trouver une solution commune et solidaire. Qu’un virus ait contraint l’Europe à s’unir et à se remettre en question par des actes et non des paroles, ne manquerait pas de sel. Vjp

 

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