Le FMI enfin plus lucide que les gouvernants

UE/Canada – Si le signal d’alarme lancé par le Fonds Monétaire International n’a suscité que peu d’échos en Europe, en revanche il a eu un grand retentissement au Canada et plus particulièrement au Québec  où plus de la moitié des jeunes gens âgés de 15 à 24 ans ont perdu leur emploi ou leur poste en apprentissage. Dans sa dernière publication Finances et Développement, le FMI en appelle à une « prise de conscience » des gouvernements  car « le fait économique fondamental de la pandémie est qu’elle a intensifié les failles sociétales existantes. » On constate déjà que le Covid 19 a « un terrible impact sur les femmes, les jeunes, les travailleurs moins qualifiés et sur les personnes les plus vulnérables. » Chez les plus pauvres qui représentent, hélas, la majorité de la population mondiale, le virus se fait sentir à tous les niveaux, sur les emplois, sur les revenus, sur la qualité de vie mais aussi sur « le simple risque d’être infecté ». Parce que ces personnes habitent des quartiers densément peuplés et occupent des emplois qui les contraignent à être en contact avec le public, le risque est grand que, malgré les campagnes de vaccination, la moitié d’entre elles soient infectées par la maladie dans les deux prochaines années, contre seulement 10% des individus les plus riches, qui ont des emplois, les ressources et les espaces leur permettant de se protéger.

Une génération perdue pour les femmes

Concernant les femmes, le FMI n’exclut pas que « leur combat pour l’égalité recule du jour au lendemain d’une génération »  car elles sont les plus touchées par la disparition des emplois précaires qui leur permettaient de survivre jusque là. Pour ce qui est des jeunes générations, les experts de « Finances et Développement » tiennent un discours qui donne froid dans le dos. En effet, les récessions vécues dans le passé bien qu’infiniment moins dramatiques que celle que nous nous apprêtons à vivre, avaient déjà eu des conséquences catastrophiques sur la santé physique et mentale, la solidité des relations entre couples, la confiance dans la politique et, pire, l’espérance en la vie. Le FMI en proposant un New Deal rejoint les thèses de Laurence Boone (notre photo),  cheffe économiste à l’OCDE, qui évoque de son côté l’urgence à  « combler les lacunes du filet social ».  Education, santé, congés familiaux, congés maladie, assurance-emploi et aides sociales : tout est à revoir, corriger ou inventer pour « inverser durablement la progression de la pauvreté et des inégalités de revenus ». Ce revirement d’ institutions internationales qui n’ont cessé, dans le passé,  de pousser les gouvernements à équilibrer leurs budgets aux dépens des services publics,  surprend d’autant plus que certains de leurs experts dont ceux du FMI ne voient pas d’autre issue pour financer ce « vaste chantier »  que « d’augmenter les impôts progressifs frappant les particuliers les mieux nantis et d’aménager la fiscalité des entreprises pour veiller à ce que celles-ci paient un impôt  en rapport avec leur rentabilité ». Le principal avantage des mesures préconisées par ces organismes provient du fait qu’il est beaucoup plus facile de tracer les personnes concernées. Elles représentent à peine 1% des personnes contaminées. vjp

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