Le Covid 19 et le spectre du sida

Monde/France – Il est des scientifiques et des responsables d’organisations sanitaires qui ne semblent pas être nés pour redonner le moral à des troupes déjà apeurées par des informations souvent contradictoires. Comme le Covid 19 demeure chargé de mystères et suscite autant d’interrogations que de jours pendant lesquels il se développe, il est de fait sujet à des suppositions qu’il serait peut-être préférable de taire plutôt que de les propager.Certains de ces apprentis sorciers sont plus téméraires que d’autres et c’est le cas de Michael Ryan, coordinateur de l’aide d’urgence à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui n’exclut pas que le coronavirus puisse se comporter comme le VIH. Si tel était le cas, tous les efforts destinés à l’élaboration d’un vaccin seraient vains et il n’y aurait alors d’autre choix que de s’orienter vers des traitements de longue durée qui, à l’instar des trithérapies, prolongent la vie des personnes atteintes du sida sans pourtant éradiquer complètement le mal dont elles sont atteintes. Il faut préciser que les virologues se trouvent actuellement dans la même situation que l’étaient leurs prédécesseurs lorsque l’épidémie du sida s’est déclarée, ce qui tend à prouver que le Covid 19 n’a rien d’inédit, si ce n’est qu’il frappe toutes les couches « normales » de la société, alors que le sida touchait prioritairement des populations « dérangeantes » sujettes à davantage d’aversion que d’empathie. Les deux virus n’ont pas les mêmes cibles mais des symptômes identiques lorsqu’ils se manifestent, en l’occurrence la fièvre, la taux et les atteintes aux poumons. Mais ce qui a incité Ryan à s’exprimer, provient du fait que les deux virus provoquent des séquelles similaires sur d’autres organes, dont les reins, le foie et le cerveau, ce qui signifie que si vaccin il y a, il devra être extrêmement sophistiqué pour parer tous les possibles effets secondaires. Le signal émis par le coordinateur de l’OMS ne doit pas être assimilé à un pavé lancé dans la marre mais plutôt comme un avertissement adressé à tous ceux qui vont être amenés à gérer la crise dans la durée. En effet, dans le cas où le covid 19 évoluerait comme le VIH, les politiques devraient alors changer leur fusil d’épaule et prévoir des budgets colossaux en matière de prévention et de traitements médicaments. En 2017, les 121.000 personnes porteuses du VIH ont nécessité, selon la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, une prise en charge globale de 1.489 millions d’euros, soit 11.172 euros par an et par patient. Il faut rappeler que la plupart des patients ne peuvent reprendre une activité professionnelle normale après que la maladie s’est déclarée, que beaucoup plongent dans la précarité et que bon nombre sont abandonnés par les organismes d’aide sociale, dont les Caisses d’Allocations Familiales, qui estiment qu’un patient apparemment guéri n’a plus aucun droit à faire prévaloir. Il ne serait de pire spectre qu’une société constituée de personnes oubliées parce qu’atteintes d’une maladie devenue chronique. vjp

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