Allemagne/Roumanie/Autriche – Il est de bon ton en ce moment de clouer au piloris tous ceux qui mettent en doute les effets réels du confinement sur l’éradication du coronavirus. Ces trouble-fêtes qui considèrent que les conséquences de l’isolement risquent de provoquer infiniment plus de victimes que la pandémie, sont considérés par les dirigeants politiques et leurs valets médiatiques comme des irresponsables, des comploteurs, des négationnistes et des propagateurs de mensonges ou de fausses rumeurs. En réussissant à forger une bonne conscience collective, celle qui consiste à accepter sans broncher et sans émettre le moindre doute ou la simple critique, certains parviennent à nous faire avaler des couleuvres à couper le souffle.
Parmi ces personnes dont l’hypocrisie n’a aucune limite, il faut citer les ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture allemands, Horst Seehofer et Julia Klöckner (nos photos)qui sont parvenus au nez et à la barbe de tous les partisans de la solitude forcée, à déroger à la règle en autorisant « exceptionnellement » 40.000 Roumains à quitter leur République des Carpates pour venir ramasser des asperges en Allemagne. Il faut savoir que chez les teutons, les fêtes de Pâques sont un moment très intense et festif au même titre que Noël et le Jour de l’An. Priver les Allemands d’œufs, de lapins et poussins en chocolat mais aussi d’asperges en cette période où les jardins de la bière ne désemplissent pas, c’est prendre le risque d’une déprime généralisée. Les premiers à le savoir et à profiter de cette faiblesse ont été les producteurs d’asperges qui ont tiré la sonnette d’alarme tellement fort dès l’annonce du confinement que Mme Klöckner a cru bon de proposer une idée qu’elle s’imaginait lumineuse et qui consistait à recourir aux personnels de l’hôtellerie et de la restauration, en chômage forcé, pour se substituer aux saisonniers. Mais à la ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, il n’est pas venu à l’esprit qu’éplucher, cuisiner ou servir des asperges dans un quatre étoiles de Berlin ou de Munich ne signifie pour autant savoir les cueillir.
Pas d’asperges à Pâques sans « petites mains » étrangères
A force de dévaloriser certains métiers, on oublie qu’il nécessite un savoir-faire et une dextérité, c’est le cas de l’asperge qui ne se ramasse pas comme une cerise ou une laitue. Il est le produit saisonnier par excellence imposant temporairement une forte main d’œuvre payée au rabais pour qu’il soit juteux. Grâce au coronavirus, on a la confirmation qu’il y a deux catégories d’Européens, ceux qui sont interdits d’ouvrage coûte que coûte et ceux qui sont contraints de travailler vaille que vaille. Mais le pire dans l’attribution de ces autorisations de travail et de séjours, exceptionnelles, provient du fait qu’elle ne concerne pas seulement les ressortissants roumains mais autant de travailleurs saisonniers venant d’autres territoires, soit 80.000 au total. Ont-ils tous été testés au départ comme à l’arrivée ? Il est permis d’en douter comme il est difficile d’imaginer qu’ils rejoindront tous leurs pénates une fois leur mission achevée. Après l’orage, perce le soleil, après les asperges mûrissent les abricots, les pommes puis les raisins et comme dans tous les secteurs de l’agriculture, l’Allemagne manque de « petites mains », ces 80.000 nouveaux nomades n’auront pas de difficultés à se sédentariser. Les gouvernements des pays d’origine , non seulement cautionnent cette migration intereuropéenne mais l’encouragent, car ils récupèrent une grande partie des royalties perçues à l’étranger par leurs ressortissants. Fin mars, l’Autriche avait fait mieux en passant « commande » à la Roumanie et à la Bulgarie de 231 soignants qui travaillent à Vienne alors que les hôpitaux de Bucarest et de Sofia manquent de personnel. On peut naturellement disserter et se quereller sur la nécessité ou non d’un confinement mais si on l’adopte, il ne doit alors autoriser aucune exception et surtout pas celle qui consiste à privilégier quelques lobbies influents.(Source : adz/ Adaptation en français : pg5i/vjp)