L’ancien président roumain est-il rattrapé par son passé ?

Roumanie – Traian Basescu, 3ième président de la République de Roumanie à avoir accédé à la fonction suprême après la chute de Ceaucescu, est suspecté d’avoir collaboré avec la Securitate, organisme de surveillance de la société civile qui, pendant plusieurs décennies, a espionné les moindres gestes et propos de l’ensemble de la population roume. A l’instar de la Stasi dans l’ex République Démocratique d’Allemagne, la Securitate a exercé une répression sans faille et ce, grâce à un maillage du territoire incluant des dizaines de milliers d’indicateurs encadrés par des centaines de fonctionnaires ou plus exactement de prévaricateurs qui ont abusé de leurs pouvoirs pour assouvir leurs désirs de vengeance ou d’ascension sociale.

L’ancien dictateur et son épouse incarnaient cette machine kafkaïenne et c’est à cause d’elle que ce couple de dirigeants démoniaques a été exécuté sans ménagement et sans procès. Cette justice expéditive, approuvée par le peuple, est restée ancrée dans la mémoire collective roumaine et il suffit que le moindre fait de collusion avec la Securitate soit découvert pour que la carrière d’un homme politique ou d’un haut fonctionnaire soit brisée. Ce climat de suspicion dure depuis plus de trente ans et justifie la complexité à laquelle les dirigeants sont confrontés lorsqu’ils accèdent au pouvoir. Traian Basescu (notre photo) a été élu en 2004 à la présidence de la République et réélu cinq ans plus tard dans des conditions rocambolesques c’est-à-dire au prix d’alliances douteuses voire fumeuses qui n’ont cessé de dérouter la population. A preuve du contraire, il n’existe aucune autre République dans l’Union Européenne où la vie politique est aussi difficile à comprendre qu’elle ne l’est dans la République des Carpates. Parce que l’épuration post-dictature aurait nécessité le renouvellement de tout le personnel politique et administratif, elle n’a pas pu avoir lieu. Au cours de ses dix années à la Présidence, Traian Basescu a été contraint de nommer six premiers ministres dont deux par intérim. Trois sont parvenus à se maintenir plus de trois ans au pouvoir mais en formant des gouvernements de coalition qui tous ont du être remaniés car au moins un de leurs membres était impliqué dans une affaire de corruption. Si Traian Basescu a été populaire et réélu, c’est en partie, parce qu’il a eu l’honnêteté lors d’un duel télévisé de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Lorsqu’il a lancé à son adversaire en le tutoyant « cite-moi un seul politique, un seul candidat qui n’ait pas été communiste et qui arrive à vivre uniquement de son salaire, et je me désiste tout de suite pour lui. Oui, j’ai été communiste, oui, j’ai fait du business, mais moi au moins je l’avoue. » Tout est dit dans cette confession, à laquelle pourrait adhérer toute la classe politique. En fouillant dans le passé de l’ancien président, le Comité National de Recherches sur les Archives de la Securitate (CNSAS) risque de mettre le doigt dans une chaîne aux multiples maillons. S’il s’avérait que l’ancien président a réellement collaboré avec le Securitate, on voit mal quelle suite pourrait y être donnée. Depuis le 27 mai dernier, Traian Basescu siège au Parlement Européen où il est membre du PPE, un groupe de 182 députés dont certains ne sont pas réputés pour leur loyauté et leur intégrité. (Source : adz/Traitement en français : pg5i/vjp)

error: Content is protected !!