La pandémie : une chance pour la Russie

Russie/USA/Chine/UE – La Russie observe avec un cynisme et un réalisme certains l’évolution de la crise sanitaire aux Etats-Unis. Le sénateur Alexej Puschkow (notre photo), proche conseiller de Vladimir Poutine dans le domaine des relations internationales, ne s’en cache pas en confiant au journal proche du gouvernement « Rossijska Gaseta », que « les USA ont désormais perdu leur statut de première puissance mondiale » car le coronavirus a provoqué davantage de victimes en quelques semaines que pendant toute la durée de la guerre du Vietnam. La Russie se sent par conséquent autorisée à ne plus reconnaître la suprématie américaine. Plus que jamais, l’avenir va dépendre des blocs que sont la Chine, la Russie et les USA, les deux premiers ayant l’avantage de leur proximité avec la Turquie et l’Iran, deux territoires qui vont être amenés à jouer un rôle prépondérant, ne serait-ce que sur le plan démographique. Alexej Puschkow part du principe, qu’unies la Chine et la Russie peuvent considérablement changer le donne et limiter l’influence nord-américaine. Le directeur de l’institut de sondage « Obschestwennoje Mnemie » tient un langage à peu près similaire mais en y ajoutant une touche historique. Alexander Oslon part en effet du principe que la Russie est mieux armée que les occidentaux pour lutter contre une crise de grande ampleur, car elle a été en 1992 exactement dans la même situation lorsque l’Union Soviétique s’est écroulée.

Un peuple armé face aux crises

A l’époque tous les Russes, sans exception, se sont retrouvés face à un monde nouveau avec toutes les incertitudes, les appréhensions et les questionnements qu’une telle situation génère. Alors que les occidentaux agissent dans l’inconnu car « ils n’ont jamais vu ça », les Russes opèrent de manière plus rationnelle car « ils ont déjà connu ça ». Si Vladimir Poutine demeure discret et intervient peu comparativement à certains dirigeants occidentaux, au premier rang desquels Emmanuel Macron, c’est parce qu’il a conscience de la maturité de son peuple et de sa capacité à relever les défis. La Russie veut se reconstruire en se préparant à d’éventuels autres fléaux. Il serait en effet dangereux de considérer la crise sanitaire actuelle comme un mauvais moment à passer dont il ne reste que les plaies à panser. Selon Sergej Perapetschka, directeur du Boston Consulting Group de Moscou, « la crise sanitaire doit nous apprendre à sauver ce qui mérite de l’être ». Ce nouveau monde tripolaire est-il pour demain ? Witaliij Tretjakow, Professeur à l’Université d’Etat Lomonossow ne le pense pas et remet les pieds sur terre en rappelant que l’Etats-Unis détiennent une force de frappe et de réaction qui s’appelle le dollar, pivot d’un système monétaire international qu’une majorité d’Etats ne souhaite pas remettre en cause. Les élites dirigeantes et intellectuelles s’orientent toujours vers l’ouest ce qui fait que les transformations attendues à l’issue de la crise risquent de n’être que des « futilités ». (Source : MDZ / Birger Schütz/ Traitement en français : pg5i/vjp – Nombre de mots : 495)

A nos lecteurs : www.pg5i.eu consacrera son prochain dossier hebdomadaire à la pandémie et ses conséquences dans les pays d’Europe Orientale, dont les deux plus peuplés, la Russie et l’Ukraine, toujours confrontés à des tensions politiques, ce qui rend la crise plus difficile à gérer.

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