La pandémie ou la course à l’or fin

Allemagne/EU/Monde – Effarouchés par le crash boursier de 2008, devenus méfiants à l’égard des milieux financiers et de plus en plus sceptiques face aux stratégies politiques, les épargnants préfèrent s’orienter vers des valeurs sûres, en l’occurrence l’or, un métal de référence rare et qui, de fait, ne se reproduit pas comme les billets de banque ou les petites pièces jaunes. On a beau parler à tout va de fraternité ou de solidarité, ces deux termes deviennent très vite abscons lorsque s’impose en période de crise le « chacun pour soi  et Dieu pour tous ! »,  règle d’or de tout épargnant qui préfère se constituer son propre matelas plutôt que d’injecter ses deniers dans l’économie. La pandémie change totalement la donne car en faisant perdre aux épargnants tous leurs repères, elle les incite à se replier vers la valeur refuge qu’est l’or fin, dont l’once (31,1 grammes) a battu avant-hier un nouveau record en atteignant les 1.958 US$, soit plus de 1.660 euros.  Tous ceux qui s’ébahissent devant le « deal » européen en le qualifiant d’historique se garde bien de rappeler que les 750 milliards collectés sont finalement ridicules par rapport à l’épargne cumulée par les couches les plus aisées de la population européenne. En 2018, pour la seule Allemagne, elle était évaluée à 6.200 milliards d’euros, soit huit fois plus que l’enveloppe débloquée en urgence par l’Union Européenne et un an plus tard, de l’autre côté du Rhin, la Banque de France estimait l’épargne des Français à 5.367 milliards. De Lisbonne à Tallinn, les Européens ont une chose en commun, ils ont appris à épargner et plus ils épargnent moins ils investissent dans l’économie. Tous ceux qui, dans les années de croissance, ont misé sur des valeurs sûres et des groupes généralement cotés en bourse,  dont ils croyaient qu’ils étaient à l’abri de tous les tourments, se rendent compte aujourd’hui qu’ils sont aussi fragiles que n’importe quelle entreprise. Les dirigeants en s’orientant vers des investissements « verts » , espèrent remobiliser les épargnants mais il n’est pas certain que ces derniers retombent dans un piège qui leur a trop souvent été tendu. Ce n’est pas tant d’une crise économique dont nous souffrons et d’argent dont nous manquons mais d’un manque de confiance à l’égard de ceux qui nous dirigent. vjp

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