La Grèce toujours isolée face à la crise migratoire

Grèce/Allemagne/UE – La crise migratoire et l’afflux de réfugiés originaires d’Afrique et du Moyen-Orient commencent à s’inscrire dans l’actualité courante et la disparition de centaines de personnes dans les flots de la Méditerranée tend à devenir un fait divers comme les autres. Les images retransmises par les télévisions émeuvent un court instant mais sont immédiatement occultées par des événements en réalité sans grand importance par rapport au drame que vivent des personnes qui ne demandaient qu’une chose qui ne devrait rien coûter mais qu’elles payent de leur vie, en l’occurrence la paix.
Si deux cents ou trois cents Africains ou Syriens, avaient eu la mauvaise idée de tenter leur chance le jour où Johnny Hallyday est décédé, ils auraient risqué leur vie pour rien et quand bien même plusieurs dizaines d’entre eux eurent péri, leur disparition eût été aussitôt oubliée. Le crise migratoire est davantage depuis quelques mois un sujet  politique qu’humanitaire. On ne la commente plus pour en analyser objectivement les causes mais pour régler des comptes au sein du monde politique. Par facilité, on cloue au piloris tous ceux qui réclament l’encadrement rationnel d’une population dont chacun sait qu’elle va connaître une croissance exponentielle. Il est plus facile d’assimiler Salvini et Orban à des fachos que de regarder la réalité en face. Et ce ne sont pas les Grecs qui nous contrediront car ils sont toujours confrontés à l’arrivée massive de migrants qui échappent aux accords signés avec la Turquie. Cette coopération avec Ankara, voulue et organisée par l’Allemagne, alors dépassée par les événements, a déjà atteint ses limites et ce n’est plus seulement Lesbos avec ses 12.248 réfugiés qui est concernée mais huit autres îles dont aucune n’a été préparée pour faire face à la situation. Sur Evros et Samos ce sont plus de 8.500 et 5.100 exilés qui vivent dans l’angoisse d’un possible retour à la case départ. Ils se comptent aussi par milliers à Chios (3.200), Kos (3.660), Leros (2.100) et Symi (1.098). Au cours des huit derniers mois, la Grèce a accueilli autant de réfugiés que sur l’année 2017, ce qui incite tous les observateurs à s’interroger sur la pérennité des accords signés avec la Turquie ; laquelle est sur ses frontières sud embourbée dans la conflit syrien. La Grèce, destination prisée des tours opérateurs et des organisateurs de croisières, est confrontée non pas à un tourisme social mais à un tourisme inédit de la persécution face auquel elle est naturellement démunie. Gerald Knaus (notre photo), spécialiste des migrations et président de l’European Stability Initiative, a profité de sa présence sur le plateau de la deuxième chaîne publique allemande ZDF pour lancer avant-hier un appel d’urgence aux gouvernements européens et aux institutions bruxelloises afin que tout soit rapidement mis en œuvre pour soulager la République Hellénique. Cette intervention est intervenue peu après qu’Ursula von der Leyen eut constitué son équipe de commissaires en respectant la parité hommes-femmes. On peut naturellement s’interroger à savoir si la présence de douze femmes au sein de la commission suffira à instaurer un nouveau dialogue. Le doute est de mise, car la nouvelle présidente a innové en créant huit postes de vice-présidents mais aucun d’entre eux n’est voué, spécifiquement, à la crise migratoire. vjp

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