Incidents du Jour de l’An: des politiciens impuissants

Allemagne – Parmi les 145 personnes qui ont été arrêtées lors des violences perpétrées à Berlin pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, cent étaient  étrangères dont respectivement 27 et 21 d’origines afghane et syrienne. Cette proportion va suffire pour permettre au parti d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) pour relancer le débat récurrent sur l’immigration.

Dirk Wiese, vice-président social démocrate au Bundestag
Jens Spahn, ancien ministre de la santé et vice-président CDU au Parlement

Tache d’huile et traînée du poudre

Mais le fait que les actes de vandalisme aient eu lieu, non seulement dans la capitale mais aussi dans de nombreuses autres villes du pays, tend à prouver, comme le reconnaît lui-même Dirk Wiese, un des vice-présidents du parti social-démocrate au Parlement, « qu’ils montrent clairement que leurs causes sont bien plus profondes et qu’ils ne se limitent pas au passage à la nouvelle année. » Même si les autorités prenaient la décision d’interdire l’usage de fusées ou de pétards, selon le député  « cela ne suffirait pas » car les actes des émeutiers résultent « d’un manque de participation à la société, d’une marginalisation sociale avec des craintes pour l’avenir et des erreurs d’intégration dans certains quartiers. » Son collègue au Bundestag, Jens Spahn, membre de l’Union Démocrate Chrétienne (CDU), désormais dans l’opposition, évoque quant à lui « une migration non régulée et un manque de respect à l’égard de l’Etat. » Mise à part une poignée de villes de Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), dont Münster (360.000 hbts) et Paderborn (151.000 hbts), réputées pour leur tranquillité, pratiquement tous les autres pôles urbains ont été concernés par les incidents, ce qui a obligé le ministre CDU de l’Intérieur de ce land, de loin le plus peuplé de la République (près de 18 millions d’habitants), Herbert Reul, à s’immiscer dans le débat et apporter son point de vue. Et d’après les premières informations qu’il a obtenues de la police, les émeutiers seraient apparemment «très majoritairement des jeunes hommes en groupe, souvent issus de l’immigration

« Tolérance zéro » ou zéro politique ?

Les événements de ce Nouvel An, remet en cause toute la stratégie qu’il a élaborée au cours des cinq dernières années pour « pacifier » le territoire dont il a la charge et visant une «tolérance zéro». Les émeutes qui ont eu lieu, de manière extrêmement violente dans la plupart des villes du land, prouvent incontestablement l’échec de cette politique. Que ce soit à Hagen, Essen, Gelsenkirchen, Duisburg ou Bonn, tout s’est passé comme si ces soulèvements avaient été organisés de manière concertée. De partout, on a assisté aux mêmes scènes avec des policiers contraints de former des chaînes de sécurité pour permettre aux pompiers d’éteindre des feux de poubelles ou de voitures. A Bonn, les forces d’intervention ont été attirées dans une embuscade pour y recevoir des jets de pierres et des fusées. En NRW, ce ne sont pas 145 mais 233 personnes qui ont été placées en garde à vue et dès cette semaine on devrait en savoir davantage sur leurs origines et leurs profils. Selon des informations de source policière publiées par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (F.A.Z), un certain nombre d’entre elles seraient d’origine roumaine ou bulgare et d’autres seraient porteuses de la double nationalité germano-turque ou germano-libanaise. Plutôt que de remettre en cause sa stratégie, Herbert Reul préfère rejeter la responsabilité des violences sur la justice qui serait à ses yeux trop clémente. « Je plaide pour que tout acte de violence contre les forces d’intervention soit dénoncé » a-t-il déclaré avant de poursuivre «car ce qui compte maintenant c’est que les sanctions suivent et que ces casseurs ressentent les conséquences de leurs actes». Quelles que soient les conclusions qu’ils vont tirer de ces événements qu’ils auraient aimé de ne pas vivre et quelles que soient les décisions qu’ils seront amenés à prendre, on pourra toujours s’interroger à savoir comment les femmes et hommes politiques ont pu être aussi naïfs. Il est évident, en effet, qu’après deux années d’interdiction, c’est-à-dire de frustration, il ne fallait pas s’attendre à un Nouvel An «ordinaire ». Il n’est venu à l’idée de personne que la liesse populaire risquait de dégénérer de manière incontrôlable. Aucune loi aussi répressive soit-elle ne peut mettre un terme aux sentiments d’insatisfaction de groupes sociétaux, qu’ils soient autochtones ou étrangers. La répression dont l’objectif est de guider les rebelles sur le droit chemin, n’est pas une fin en soi. Les gouvernements qui, à l’instar de l’Allemagne, accueillent des migrants pour satisfaire leur besoin futur en main d’oeuvre, sont tenus de prendre leurs responsabilités. Plutôt que de consacrer des milliards d’euros dans des primes à l’achat de voitures électriques, ne serait-il pas préférable de les investir dans une réelle politique sociale ; laquelle consisterait à détruire tous ces ghettos , foyers de violence et d’injustices. kb & vjp

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