Allemagne/Russie/UE/Monde – A l’occasion du 30ième anniversaire de la Chute de Berlin, dont les commémorations ont débuté hier, l’ancien président russe Mickael Gorbatchev qui, pour des raisons de santé ne participera qu’à distance aux nombreuses manifestations, a accordé une interview à la BBC. Ce n’est pas de manière anodine qu’il a choisi cette chaîne qui, dans un monde dominé par les fake-news, demeure la seule en Europe à avoir pu demeurer objective. Le moins qu’on puisse dire, est que cet homme sans lequel le monde n’aurait pu se transformer aussi vite, ne pêche pas par excès d’optimisme. Du haut de ses 88 ans, l’initiateur de la Perestroïka et de la Glasnot, en dresse un portrait et un bilan alarmants, allant même jusqu’à synthétiser sa pensée par une formule aussi réaliste que lapidaire. Lorsqu’il parle d’un « danger colossal », il évoque cette dangereuse tendance à vouloir construire des murs pour garantir une paix qui n’est qu’apparente. Lui, qui a contribué à détruire celui de la « honte » ne parle plus de « guerre froide » mais de froideur dans un climat de guerre. car « dans de nombreux endroits de la planète, on assiste à des carnages et des batailles, on voit des navires couler et des avions se scratcher et ce n’est pas la situation que nous voulons » . Il s’est aussi brièvement exprimé sur le Brexit et, pour respecter la nationalité de ses interviewers, s’est contenté de déclarer : « Vous allez résoudre le problème seuls car les Britanniques sont intelligents. » Mickael Gorbatchev a le don des formules qui marquent l’Histoire. Lorsqu’il fut informé que les Hongrois avaient ouvert leur frontière pour laisser entrer les Allemands ayant fui la RDA, plutôt que de réitérer le Printemps de Prague, il s’était exclamé : « Ces Hongrois, ils sont courageux ! ». Depuis son retrait de la politique et le décès de son épouse Raissa, en 1999, l’homme qui, avec Jean-Paul II, a le plus marqué la fin du 20ième siècle partage son temps entre sa fille qui vit près de Moscou et de fréquents séjours en Allemagne où il entretient des relations étroites mais toujours très discrètes avec les plus hautes autorités de l’Etat. vjp
