Deux élections régionales défavorables à Merkel

Allemagne – Les résultats des élections régionales se déroulant avant le scrutin destiné à renouveler le Bundestag sont toujours analysés à la loupe par les observateurs nationaux et étrangers. Cette année ils revêtent un caractère particulier, car jamais depuis l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel, en 2005, la Chancelière n’a été face à autant de défis. Plus que son renoncement au nucléaire et davantage que sa politique de « bienvenue » à l’égard des réfugiés, laquelle a contribué à de vives tensions entre les Europe Occidentale et Centrale, la gestion de la crise sanitaire l’a positionnée en première ligne et obligée à prendre des décisions à la limite de ce qu’autorise la Loi Fondamentale. Jamais depuis sa création,  la République Fédérale n’avait été confrontée à autant de contraintes et de privations. Alors qu’au début de la pandémie, ses concitoyens ont su faire preuve de tolérance et de discipline, au fil des mois ils ont peu à peu perdu patience et se sont mis à douter de la stratégie adoptée. La pénurie de masques, la très mauvaise organisation du traçage des personnes infectées, de la campagne de tests puis de vaccination ont contribué à une perte progressive de crédibilité. A cela est venu s’ajouter un scandale impliquant deux députés de son parti qui ont été poussés manu militari à la démission après été pris la main dans un sac contenant plusieurs de milliers d’euros, fruits de commissions douteuses. C’est dans ce contexte plutôt délétère que sont allés voter, hier, les habitants de la Rhénanie-Palatinat et du Bade-Wurtemberg. Avec leurs 4,1 et 11,1 millions, ces deux lands bien que représentant 18,2% de la population  ne sont pas représentatifs de l’électorat national dans le sens où ils sont tous deux situés à l’ouest de la République, c’est-à-dire dans des régions moins touchées par la crise sanitaire  que le sont les cinq lands de l’ex-RDA, toujours en retard sur le plan économique. Néanmoins, les résultats confirment une tendance perceptible depuis plusieurs décennies en RFA, en l’occurrence le déclin de partis historiques dans lesquels ne se retrouve plus la majorité des électeurs. La main tendue par Angela Merkel aux électeurs du centre et du centre-gauche pour pérenniser sa coalition avec le parti social-démocrate (SPD) ne paye plus et de tous les partis c’est l’Union Démocrate Chrétienne (CDU) qui a subi le plus gros revers en perdant  respectivement 2,9% et 4,1% dans le Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat. Même désaveu mais dans une moindre mesure au SPD qui recule de 1,7% et 0,5%. A l’instar des dernières élections européennes. Les deux formations au pouvoir en Berlin, semblent avoir été victimes de l’abstention qui a augmenté de 6,6 et de 6% mais aussi de la percée des écologistes, le parti Die Grünen améliorant son score de 2,3 et 4%. Les Verts sont désormais de loin avec 32,6% la première formation du troisième land le plus peuplé d’Allemagne (11,1 millions d’habitants) derrière la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (17,9 mil.) et la Bavière (13,1 mil.). kb

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