Dégel dans les relations germano-hongroises

Hongrie/Allemagne/UE – Les ressortissants allemands et hongrois vivant en Hongrie et en République Fédérale attendaient avec une certaine appréhension la venue d’Angela Merkel, à Sopron, dans le cadre des commémorations du 30ième anniversaire du pique-nique paneuropéen, lequel avait contribué à la Levée du Rideau de Fer plus de trois mois avant la Chute du Mur de Berlin. En effet, si Helmut Kohl et Viktor Orban ont toujours été sur la même longueur d’onde sur des sujets aussi sensibles que le sont la construction européenne et la politique migratoire, en revanche, il n’en a presque jamais été  de même depuis 2010 entre la Chancelière et le ministre-président de Hongrie.

Angela Merkel et Viktor Orban : tous deux suffisamment intelligents et habiles pour ne pas envenimer le débat

Accueillie comme une « grande dame »

Inquiètes, les minorités allemande et hongroise de chaque côté du Danube, le furent surtout lorsqu’elles apprirent que la délégation n’avait nullement l’intention de s’éterniser dans cette ville située à la frontière autrichienne où, le 19 août 1989, plus de 25.000 citoyens de l’ouest et du centre de l’Europe purent, pour la première fois depuis près d’un demi-siècle, partager le même repas. Cet événement, réellement historique car foncièrement pacifique, ne pouvait s’effacer en trois décennies et c’est sans aucun doute par respect à l’égard de ce souvenir inoubliable que les deux chefs de gouvernement ont voulu enterrer une hache de guerre qui, en réalité, n’en a jamais été vraiment une. La presse qui rêvait d’anicroches, de regards biaisés, de poignées de main furtives ou d’acides invectives, a été déçue, car c’est tout le contraire qui s’est produit. La Chancelière a été accueillie comme une « grande dame » par son homologue accompagné de ses fidèles dont l’ancien ministre des ressources humaines, Zoltan Balog, aujourd’hui président de la Foundation for a Civic Hungary, un protestant respecté qui a l’immense avantage d’exercer la même profession que le père d’Angela Merkel, en l’occurrence celle de pasteur. Dans son discours d’accueil, Viktor Orban, a vivement félicité le Chancelière pour son engagement européen auquel la Hongrie adhère pleinement en dépit de quelques désaccords qui sont inévitables dans un monde démocratique. Mais c’est naturellement les conclusions de la conférence sur la crise migratoire qui étaient les plus attendues car ce terrain demeure sensible depuis 2015, année au cours de laquelle l’Allemagne a voulu imposer des quotas de réfugiés aux Républiques d’Europe Centrale. A force de ténacité réciproque, les deux camps semblent avoir trouvé la bonne voie. Ils sont à l’unisson pour protéger les frontières mais aussi pour s’engager ensemble sur une politique concertée destinée à aider sur place les pays dont les réfugiés sont originaires. « Nos relations bilatérales sont bonnes » a déclaré Angela Merkel, remerciant ainsi son ancienne ministre la Défense, devenue présidente de la Commission Européenne grâce au parti au pouvoir en Hongrie. Il est désormais évident que les clefs d’une entente réelle au sein de l’UE sont entre les mains d’Ursula von der Leyen qui, contrairement à son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, sait faire preuve de respect à l’égard des Républiques du centre de l’Europe et plus particulièrement des membres du groupe Visegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie) devenus le moteur de l’économie européenne. Au grand désespoir de l’opposition hongroise, il n’a été fait aucune allusion aux suspicions de corruption qui pèsent sur Orban et son entourage, ni même sur la réforme de la justice qui a été mise entre parenthèses. (Source : Budapester Zeitung/ vjp)

error: Content is protected !!