De l’eau dans le gaz chez les Verts allemands

Allemagne – Face aux soupçons voire aux accusations de népotisme dont il a été victime, le ministre de l’Economie allemand, Robert Habeck, n’a eu d’autre choix que de se séparer de son secrétaire d’Etat en charge de la transition écologique, Patrick Graichen (Cf. notre article en date du 3 mai dernier).

Graichen est devenu un boulet pour les écolos allemands.

Ce dernier souhaitait en effet que l’Etat subventionne les projets coordonnés par le Fédération allemande pour l’environnement et la protection de nature (BUND), ce qui aurait pu être à priori normal si la propre sœur de Graichen n’appartenait pas au conseil d’administration de cet organisme. Parmi les plus récentes ébauches de projets, il s’en trouve une concernant l’antenne régionale et berlinoise de la BUND dont la sœur de Patrick Graichen a été la présidente et qui a perçu en novembre dernier une aide d’une montant de 600.000 euros. Si on ajoute à cela que Patrick Graichen a usé de son influence pour installer son beau-frère à la tête de l’Agence allemande de l’Energie, il ne faut alors pas s’étonner que des suspicions de copinage apparaissent au grand jour, fassent la une des journaux et créent un climat délétère sur la scène politique. Tous les partis d’opposition, de droite comme de gauche, ont réclamé des explications et revendiqué une totale transparence dans l’attribution de ces marchés.

Jan Timke ou le nouveau visage du populisme allemand.

Une aubaine pour les populistes

Tous ces impairs cumulés ont terni l’image qu’avaient le parti des Verts jusqu’à présent, une formation qui se prétendait à l’abri des malversations et des magouilles en catimini. C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu le week-end dernier les élections dans le land de Brème, une région où les écologistes étaient parvenus en 2019 à recueillir 17,9% des voix, un score qui leur avaient permis de jouer un rôle de premier plan dans le gestion du land, ce qui ne sera désormais plus possible étant donné qu’ils ont perdu 5,5% des suffrages. En ne s’arrogeant que 11,4% des voix, les écologistes ne dépassent que de 2,5 points le parti d’extrême-droite BIW ( Bürger in Wut / Citoyens en colère) (1). Les deux prochaines élections régionales vont avoir lieu dans la Hesse et en Bavière le 8 octobre prochain, deux länder qui représentent 23% de la population nationale. Le parti des Verts n’a que quatre mois devant lui pour redorer son blason. Le scrutin est déjà très attendu en Bavière car il est, avec 38 sièges, le seconde force politique loin derrière l’Union Sociale-Chrétienne (82 sièges) mais tout aussi loin devant le Parti Social Démocrate (21 sièges) et le parti libéral FDP (12 sièges). Le ministre-président Markus Söder, très populaire, a sa propre vision de la politique énergétique et s’est distingué en s’élevant contre la fermeture des centrales nucléaires, une décision prise à la hâte par l’ex-Chancelière Angela Merkel et qu’il a toujours considérée comme une grave erreur susceptible de mettre en péril la puissance économique du pays. kb

(1) – Les membres du parti AfD n’ayant pas pu se mettre d’accord sur une liste en avait proposé deux, ce qui a été rejeté par la Commission Electorale. Une aubaine pour le groupe dissident BIW qui a profité de la situation pour présenter sa propre liste. Fondé en 2004 et présidé par Jan Timke, ce parti se déclare ouvertement anti-européen et plaide pour le retour aux traditions à l’instar du port obligatoire d’un uniforme dans les écoles. C’est dans la ville ouvrière de Bremerhaven, une des plus touchées en Allemagne par la crise économique, que le BIW a recueilli le plus grand nombre de suffrages, soit 22,7 %, ce qui lui a permis à l’échelle du land de talonner le parti écologiste. (Nombre de mots : 605)

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