Crainte d’une récession en Allemagne

Allemagne/Autriche – De tous les pays de la zone euro, l’Allemagne est celui qui a connu le plus faible taux de croissance au cours du premier semestre de l’année en cours. Particulièrement inquiétants ont été les mois de d’avril à juin, période durant laquelle la RFA a vu son PIB chuter de 0,1% alors que tous les autre membres de la zone monétaire enregistrait une hausse, certes légère, mais significative. Même l’Italie, pourtant confrontée à un crise politique, a fait mieux que l’Allemagne.

Alors que la France a vu son PIB sur la période analysée par l’office allemand des statistiques croître de 0,2%, l’Espagne s’impose avec plus 0,5% comme le meilleur élève. Que la RFA qui se veut le moteur de la zone euro ne soit plus en mesure de donner exemple, a de quoi inquiéter les économistes qui n’hésitent plus à parler d’un début de récession. Naturellement, ils imputent ces mauvais résultats à la politique Donald Trump, laquelle aurait déjà des conséquences dramatiques sur certains marchés et plus particulièrement sur l’industrie automobile. Sur le seul mois de juin, le volume à l’exportation a chuté de 8% . Connue mondialement pour sa puissance à l’export, sur laquelle repose tout son système économique et social, la santé financière de la RFA ne peut se mesurer qu’au regard des ressources générées en dehors de ses frontières. Ce qui fait sa force peut, par conséquent, très vite devenir un handicap lorsque des turbulences géopolitiques viennent s’immiscer dans le contexte économique. Le tensions américano-chinoises mais aussi le Brexit sont déjà perceptibles en Allemagne et risquent à court terme de frapper tous les autres membres de la zone, ce qui signifie que la croissance significative constatée actuellement chez certains d’être eux risque de n’être qu’éphémère. Les investisseurs semblent en être conscients et les deux index ZEW et Ifo qui mesurent le moral des troupes, en l’occurrence celui des chefs d’entreprise, dénotent un pessimisme égal à celui constaté lors de la crise financière de 2008.

L’Autriche épargnée

Toutefois, si l’Allemagne se trouve aujourd’hui « sur la corde raide », selon l’expression de Sebastian Dullien, directeur de l’institut IMK, spécialisé dans les analyses macroéconomiques et conjoncturelles, c’est probablement aussi parce qu’elle se trouve, elle aussi, dans une période d’instabilité politique dont on parle moins mais qui est réelle. Le ministre allemand du travail, Hubertus Heil, membre du parti social-démocrate (SPD) s’est déjà attelé à un programme d’urgence pour protéger l’emploi dans le cas où la récession deviendrait effective. Mais que pèsent les propositions d’un ministre qui représente une formation politique désormais reniée par plus de 80% de la population et dont les jours au sein de la grande coalition sont déjà comptés ? A y regarder de plus près, on constate très vite que l’Allemagne en voulant s’imposer comme puissance mondiale et s’implanter sur tous les grands marchés, chinois et américain notamment, paie le prix de ses ambitions. L’Autriche qui, du fait de sa situation géographique et de sa dépendance à l’égard de son voisin devrait être touchée de plein fouet , n’est pourtant pas concernée par ces perspectives de récession. Elle a privilégié les marchés de proximité, massivement exporté en direction de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque et, de fait, vu son PIB grimper de 0,3% au cours du second trimestre. vjp & kb

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