Covid 19 : un ponte allemand remet les pendules à l’heure

Allemagne /UE – Il s’appelle Andreas Gassen et préside la Fédération des Caisses d’Assurance Maladie Obligatoire, lesquelles concernent plus de 73 millions de personnes. Il est de fait le mieux placé pour savoir de quelles pathologies souffrent les Allemands en fonction de leur âge, de leur situation sociale et  naturellement de leurs antécédents médicaux. Face au tournant que prend la crise sanitaire, il a jugé utile de prendre la parole, de taper du poing sur la table et de  remettre les pendules à l’heure afin que cessent ces signaux d’alarme quotidiens consistant à publier des chiffres qui ne signifient plus rien car ils ne correspondent plus à la réalité.

Andreas Gassen dérange parce qu’il dit tout haut ce que de plus en plus de personnes pensent tout bas. Politiquement incorrect, les médias l’excluent des débats sur le confinement, une mesure qu’il estime excessive et surtout très mal organisée. 

« Un faux alarmisme »

Andreas Gassen ne manque pas de courage en remettant en cause des données que personne n’ose contester parce qu’elles émanent de l’Institut Robert-Koch (RKI), une institution qui s’est imposée et permet aux dirigeants de se dédouaner de toutes les erreurs qu’ils ont commises. « Nous devons cesser de fixer le nombre de nouvelles infections comme un lapin sur un serpent, ce qui provoque un faux alarmisme » a-t-il déclaré au quotidien  Neue Osnabrücker Zeitung (NOZ) avant d’ajouter « même 10.000 infections par jour ne seraient pas un drame si seulement une personne sur 1.000 tombait gravement malade comme c’est le cas à l’heure actuelle. En avril dernier, rappelle-t-il, sur 4.000 nouveaux cas on enregistrait chaque jour 150 décès par jour et désormais on n’en dénombre même pas dix.»  M.Gassen contredit ouvertement le directeur du RKI, Lothar Wieler, qui évoque une « surcharge du système de santé », une crainte injustifiée étant donné que  le nombre de personnes hospitalisées est insignifiant comparativement au nombre de personnes infectées. Le président de la Fédération exige que le seuil de cinquante nouvelles infections pour 100.000 habitants au-delà duquel les villes sont déclarées à risque soit relevé à au moins 84 voire davantage. Il déplore la « frénésie réglementaire et l’enchevêtrement  de certaines mesures incompréhensibles qui ont eu des effets contraires à ceux recherchés. ». Idem en ce qui concerne les restrictions de voyager et la fermeture des hôtels, deux décisions sans conséquence positive, étant donné que la plupart des foyers d’infections ont eu lieu dans des mariages traditionnels, des abattoirs et diverses célébrations locales non contrôlées ou mal encadrées. M.Gassen met également en doute l’efficacité des couvre-feux qui n’empêcheront pas certaines personnes de  plonger dan un coma éthylique avant l’heure fixée. « Ce n’est pas efficace, conclut-il, car ça ne change pas le comportement individuel. »

Lothar Wieler, directeur du RKI, s’est imposé comme le Monsieur Covid allemand. Il se fait un devoir de publier quotidiennement des chiffres alarmants dont ne sait pas avec précision et certitude s’ils sont liés directement ou indirectement à la pandémie.

Des chiffres alarmants de plus en plus contestables

Cette interview a été publiée , le jour même où l’office fédéral des statistiques a publié un bilan intermédiaire concernant la surmortalité ; laquelle a atteint un niveau inquiétant en août dernier avec une augmentation de 20% par rapport à la moyenne de 2018 et 2019. Certain « experts » ont imputé cette hausse au coronavirus mais ils sont vite revenus à la réalité lorsqu’ils ont appris qu’elle était due à la canicule et que seuls 135 personnes étaient effectivement décédées du Covid 19, un nombre confirmé par le RKI. Personne ne sait exactement, en Allemagne comme ailleurs, quels sont les effets réels des restrictions de contact et des mesures anticorona qui ont eu l’effet inverse de celui recherché car de nombreuses personnes atteintes de maladies graves ne sont pas allées chez le médecin ou à l’hôpital de crainte d’y être infectées. Des opérations jugées à priori inutiles ou non prioritaires ont été reportées. Mais ce que craignent au plus haut point les milieux médicaux et plus particulièrement les psychiatres, est la vague de suicides qui s’annonce à la veille et pendant les fêtes de Noël et du Jour de l’An qui sont de l’autre côté du Rhin un moment-clef de la vie en société. Une période réellement sacrée propice à des rencontres programmées de longue date avec les familles et les amis et à laquelle presque toute le monde se prépare en se rendant sur les marchés de Noël pour y acheter le petit cadeau qui fera plaisir. Le sentiment de solitude exacerbé par le confinement et la peur de contaminer risque d’avoir des conséquences dramatiques dans un pays qui n’est pas le plus suicidaire d’Europe mais se situe néanmoins au dessus de le moyenne européenne. Chaque année, avec douze décès pour 100.000 habitants  l’Allemagne déplore davantage de morts par suicide que n’en provoquent ensemble les accidents de la route, les overdoses, les assassinats et le sida. Le 10 octobre dernier, à l’occasion de la journée mondiale des maladies mentales,  le SGCS (Statista Global Consumer Survey) a publié le résultats d’une enquête qui en dit long sur les risques potentiels de suicides. 24% des personnes interrogées reconnaissaient avoir vécu une période de forte dépression, conjuguée avec des moments de profonde tristesse (23%), de léthargie (22%), de solitude (17%), de perte de confiance en soi (17%), de peur jusque là inconnue (14%) mais aussi de panique (9%) et de phobie (5%), ces deux derniers points étant déterminants pour passer à l’acte. Les dirigeants se donnent bonne conscience en prétendant vouloir protéger les personnes vulnérables mais ne se rendent pas compte  qu’on ne trouvera jamais un vaccin contre la déprime encore moins contre le suicide, une pandémie contre laquelle on ne s’immunise qu’en vivant en société. vjp

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