Covid 19 : peut-être le premier épisode d’une longue série

Roumanie/France/Europe Centrale/Monde – L’hebdomadaire Allgemeine Deutsche Zeitung (ADZ), partenaire historique de notre site, a publié ce week-end une analyse exposant  un certain nombre d’arguments, prouvés scientifiquement, qui laissent subodorer que la pandémie vécue actuellement risque de n’être que le premier épisode d’une longue série d’autres maladies aussi difficiles à éradiquer que ne l’est actuellement le coronavirus. C’est dans l’ADZ qu’on peut lire les articles les plus pertinents sur le Covid 19 car il est édité dans un pays qui s’inscrit parmi les plus fragiles sur le plan sanitaire.

Après la chauve-souris, les singes et le pangolin, les marmottes, parfois mangées crues, pourraient elles aussi devenir le vecteur d’une pandémie

Le nouvelle peste des braconniers

Il est avéré que la République des Carpates est plus fréquemment face à des problèmes de santé que ne le sont d’autres pays européens. Au cours des deux dernières années, elle a été la première confrontée à une résurgence de la rougeole mais aussi de la peste noire frappant les porcs. Le monde est à ce jour paralysé face au coronavirus parce qu’il serait inédit mais ce n’est pas parce qu’il est nouveau et original qu’il sera unique. De partout, sur la planète, on investit massivement dans la recherche d’un vaccin mais chacun sait déjà que ce vaccin, même s’il est efficace, ne résoudra pas tous les  problèmes. Ce qui inquiète certains scientifiques est la réapparition, en Mongolie  de la peste bubonique contractée par des braconniers ayant été en contact avec des marmottes dont la viande, dans ce pays, se mange crue. Les virus, microbes et bactéries sont maîtrisables lorsqu’ils se transmettent d’animal à animal mais ne le sont plus lorsqu’ils passent de l’animal à l’homme. Dans le premier cas, l’homme a le pouvoir, de plus en plus contesté et contestable, de procéder à une éradication radicale, en l’occurrence l’abattage de tout un troupeau. Dans le second, il doit recourir à son savoir et à son intelligence et commencer par comprendre pourquoi, comment et dans quelles conditions le pont séparant le monde animal de la planète humaine s’est édifié.

S’habituer aux pandémies

Au printemps dernier, quelques semaines avant que soit constaté l’épisode mongol, le magazine scientifique « Science » avait révélé un phénomène extrêmement inquiétant, passé inaperçu à cause du coronavirus, en l’occurrence les premières transmissions de l’animal à l’homme du virus de la grippe porcine G4. « Il ne reste plus qu’un pas à franchir pour provoquer une nouvelle zoonose » écrit Nina Mair, devenue Madame Corona au sein de la rédaction de l’ADZ qui cite par ailleurs le docteur Robert Webster, chercheur en infectiologie à l’hôpital Saint-Jude de Memphis, lequel n’hésitant pas à lancer : « Nous allons devoir nous habituer aux pandémies ». Faisant bon usage de cette prémonition Nina Mair nous propose un petit voyage en virologie en écrivant : « Le magazine  Science a rapporté que le virus de la grippe porcine G4 avait acquis le potentiel d’infecter les humains. Jusqu’à présent, il n’a été transmis que de porc à porc, et non d’homme à homme. Ce n’est que lorsque ce sera le cas qu’il y aura un réel danger de nouvelle pandémie. L’avant-dernière étape avant cela, la transmission du porc à l’homme, a été observée récemment, et deux cas ont été signalés jusqu’à présent. Le temps qu’il faut maintenant pour que le virus acquière la capacité de se propager d’une personne à l’autre est une question de chance. Tout ce que l’on sait, c’est que plus vite il s’adapte à un contact intensif avec des porcs infectés, plus vite il se généralise. Une étude chinoise a examiné 230 personnes pour détecter la présence d’anticorps comme signe qu’elles ont déjà été confrontées au virus. 4,4 % des personnes testées avaient des anticorps, pour les employés des exploitations porcines, le pourcentage était deux fois plus élevé. » La question qui se pose  est de savoir comment les virus acquièrent de nouvelles capacités ? Les chercheurs ont eu la réponse en constatant « qu’un virus est un porteur sans vie de son propre modèle, étroitement encapsulé jusqu’à ce qu’il s’amarre accidentellement à une cellule, y pénètre et le force à produire des copies de virus au lieu de son propre « programme ». Mais si différents virus infectent le même animal, un virus peut aussi incorporer « accidentellement » un morceau de l’autre. Ainsi, l’échange génétique entre les virus a toujours lieu dans un hôte animal. Si l’un des virus est capable d’infecter l’homme ou de se propager par l’homme, il peut accidentellement transférer exactement cette propriété à l’autre. Il en résulte un nouveau virus auquel l’homme n’a jamais été confronté auparavant et que son système immunitaire ne reconnaît pas encore. »

Après le Covid 19, un possible G4

Le virus G4 qui risque de se propager est dangereux car il tire son origine de la grippe aviaire contre lequel l’homme n’est pas immunisé. Il contient plusieurs gênes de mammifères et des sections du virus de la.grippe    H1NI qui a déclenché une pandémie en 2009. Selon Edward Holmes, chercheur-biologiste à l’Université de Sydney, « le G4 est par conséquent prédestiné à se propager et la situation doit être observée de près pour développer un vaccin avant même l’apparition de la pandémie. » La propagation des virus par les animaux est un phénomène acquis et reconnu. « Les ancêtres du SRAS-CoV-2  sont présents chez les chauves-souris depuis 40 à 70 ans  explique le professeur Mark Pagel de l’Université de Reading dans le « Nature Briefing » de BBC News.  C’est la durée pendant laquelle le virus a eu la capacité d’infecter les humains. Mais sans transmission interhumaine, elle n’avait pas été remarquée. Il peut donc y avoir de nombreux virus non identifiés dans d’autres hôtes qui peuvent se propager à l’homme à tout moment. Il serait important de les trouver et de suivre leur évolution ». Mais tenir responsables les animaux de tous les malheurs dont les humains sont victimes, c’est défendre l’assassin au détriment des victimes. Si les ours, les renards et les loups envahissent les zones urbaines pour se nourrir, c’est parce que les hommes ont volé leur environnement et c’est à ces derniers d’assumer leurs responsabilités. Ce n’est pas en abattant tout un élevage de poulets, de porcs, de canards ou de vaches folles qu’on éradiquera les pandémies qui nous menacent et ce n’est pas non plus en faisant porter un masque à des humains qu’on pourra garantir leur santé. « Au cours des dernières années, écrit Nina Mair en citant Matthew Baylis (notre photo), chercheur à l’Université de Liverpool, vous avons vécu cinq menaces majeures SRAS, MERS, Ebola, grippe aviaire et grippe porcine et esquivé cinq balles, la sixième  nous a frappés et ce ne sera pas la dernière pandémie à laquelle nous serons confrontés. »  M.Baylis travaille sur un système de détection précoce permettant de consulter toutes les bases de données liées aux maladies des animaux sauvages afin de les identifier et prévenir de leurs menaces potentielles. Le plus grand des mensonges qui s’est propagé lors de la pandémie a été de prétendre qu’elle était inédite ce qui est faux car en 1999, le virus Nipah s’était répandu de la même manière en Malaisie où « des chauves-souris frugivores avaient infecté les porcs d’une ferme située directement à la lisière de la forêt. Ils avaient mangé des fruits tombés de l’arbre, se sont contaminés et ont infecté 250 personnes dont cent sont décédées » . Sept ans plus tôt, en 2006, « le virus H5N1 détecté en 1997 à Hong-Kong s’est propagé dans des conditions similaires en provoquant  la mort de 50% des personnes infectées ».

89% des virus d’origine animale

Les origines animales des maladies infectieuses touchant les hommes sont une évidence pour la virologue italienne Ilaria Capua (notre photo), la première à avoir déchiffré le code génétique de ce virus. Elle décida de les publier sur Internet afin que tous les chercheurs puissent  avoir accès à ses données mais l’Organisation Mondiale de la Santé lui demanda de réserver le résultat de ses recherches aux vingt plus grands laboratoires de la planète. L’OMS est revenue sur cette restriction, ce qui explique la course au développement d’un vaccin contre le Covid 19. Dans l’histoire de l’épidémiologie, « on constate que 89% des 180 virus connus pour infecter l’homme  proviennent des animaux et les plus connus le VIH des grands singes, Ebola des chauves-souris et les grippes H5N1 et H1NI respectivement des oiseaux et des porcs ». Le fait que toutes ces espèces sont amenées à se croiser voire à cohabiter n’est pas dû à la nature mais à l’homme qui les déplace pour les exploiter à des fins mercantiles. Tous les animaux sont utiles lorsqu’ils occupent la place que leur revient dans l’environnement mais tous, y compris les plus majestueux, peuvent devenir dangereux si l’homme abuse de leurs faiblesses. « Il faut être conscient que c’est vraiment l’homme qui les maltraite et empiète brutalement sur leur habitat » rappelle Nina Mair.

La bidoche à 2 euros le kilo

Les dirigeants ne font pas preuve d’un grand courage en obligeant aujourd’hui le port du masque pour se dédouaner de toute responsabilité  tout en continuant à autoriser une exploitation insensée et irrationnelle des animaux qui leur servent d’alibis à une société prétendument juste et égalitaire. Les privations alimentaires vécues pendant les deux guerres mondiales ont fait de la consommation quotidienne de viande ou de poisson un critère de richesse et de prospérité qui a pris une ampleur considérable avec l’urbanisation ; laquelle a très vite provoqué une demande supérieure à l’offre ce qui a conduit automatiquement  à une industrialisation à grande échelle des deux secteurs agricole et agroalimentaire , dont nous récoltons aujourd’hui tous les fruits vénéneux. Au nom de l’égalité devant l’assiette, on joue avec la santé des consommateurs. Il faut se rendre dans les quartiers les plus pauvres de certaines agglomérations pour s’apercevoir  à quel point les prix de la viande sont cassés pour servir d’appât et permettre aux plus pauvres de mal manger à leur faim ? Nul besoin d’aller à Bucarest ou à Timisoara pour s’en rendre compte . Si nous avons tenu dans le cadre de cet article à publier ces deux photos sur les promotions d’une boucherie située dans l’une des rues les plus cosmopolites de la 16ième agglomération française, Saint-Etienne, c’est parce qu’elles illustrent parfaitement le contenu de l’article publié par l’ADZ. Comment peut-on parler de qualité et de traçabilité lorsqu’on vend les poulets à 3,3 euros l’unité et leurs cuisses à 2 euros le kilo ? Ce n’est pas en déshumanisant les sociétés mais en ayant le courage d’interdire les fermes industrielles, les marchés clandestins et les abattoirs concentrationnaires qu’on commence par éradiquer une pandémie.  (Source : ADZ / Version française :pg5i/vjp) –  Nombre de mots : 1.737

 

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